La fraise de Wépion: une histoire pleine de goût
On croque depuis quelques jours les premières fraises de Wépion de l’année. Et au musée, on déguste de savoureuses histoires et de croustillantes anecdotes, avec la petite reine des fruits mosans comme fil… rouge.
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Publié le 07-05-2023 à 19h55 - Mis à jour le 07-05-2023 à 21h57
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Si sa fragrance ensorceleuse vous happe, il n’y a aucun moyen de vous échapper. Sur les étals des petits chalets de bord de Meuse, la fraise de Wépion a repris place sur son trône depuis quelques jours. Mais la dégustation peut aussi donner l’envie d’en savoir un peu plus sur ce fruit qui fait la renommée de Wépion depuis plus d’un siècle. Quelques centaines de mètres en amont, on pousse la porte du musée consacrée à la petite reine rouge des coteaux mosans. Rapidement, on y croise les silhouettes de Jacques Cartier, le célèbre explorateur qui, en 1534, a découvert au Canada une nouvelle espèce de fraisiers à gros fruits. On fait aussi la connaissance de Frezier, capitaine au nom prédestiné qui ramena des plants de fraises blanches du Chili en 1714. C’est le véritable point de départ de la fraise telle qu’on la connaît aujourd’hui dans nos contrées.
"Mais pour Wépion, le personnage historique, c’est Marie Wérotte", souligne Marie-Dominique Houart, administratrice du musée de la fraise. "Cette dame cultivait la fraise au milieu de ses houblons. Et elle ne voulait pas payer la dîme, la taxe imposée pour cette culture. Elle a donc eu des ennuis avec la justice. C’est la première trace écrite de la culture de la fraise à Wépion."
Au fil des infos plaisamment mises en scène via les panneaux didactiques, les bornes interactives mais aussi les vivantes illustrations dessinées par Claude Laverdure, on en apprend des tonnes sur la "fragola" de Wépion.
"Son essor est lié à l’arrivée des bourgeois et industriels venus de Bruxelles ou de Charleroi, ceux qui bâtiront les magnifiques villas mosanes", développe Eva De Grave, la responsable de l’accueil et de l’animation. "Ce sont eux qui vont faire connaître toutes les qualités de ce fruit d’exception produit sur les coteaux mosans." C’est la Belle Epoque. Et pour la fraise de Wépion, ça ne fait que commencer.
"Le facteur, le cheminot et même le garde champêtre: tout le monde finit par cultiver des fraises sur son petit lopin de terre", rappelle Bernard Van Coppenolle. "C’est une activité rentable, un bon complément de salaire." Lancé en 1933, le marché de fraises sur la place du Vierly connaît un succès incroyable. On y vend de 60 à 70 tonnes… par jour. "On estime que la culture de la fraise à Wépion s’étendait sur 500 hectares. Aujourd’hui, il doit en rester une vingtaine", détaille ce fraisiculteur de la première heure. Mais la Wépion garde son rang. Et un combat important est mené pour obtenir une IGP: une indication géographique protégée. "On produit aussi de bonnes fraises ailleurs en Wallonie, c’est incontestable. Mais ici, à Wépion, il y a ce terroir spécifique mais aussi un réel savoir-faire qui s’est transmis sur plusieurs générations", estime Bernard Van Coppenolle. Pousser la porte de ce musée, c’est aussi goûter à tous ces enjeux.
Le musée de la Fraise de Wépion, chaussée de Dinant, 1037: Réservation: 081 462 007 ou sur museedelafraise.com