Namur : des ordis super puissants pour débusquer les méchants (vidéo)
Le travail de recherche numérique au sein de la police s’est considérablement accru ces dernières années. La Police judiciaire fédérale (PJF) de Namur s’est récemment dotée d’un centre à la pointe pour mieux traquer les criminels. Le ministre fédéral de la Justice Vincent Van Quickenborne l’a visité jeudi.
Publié le 04-05-2023 à 19h00 - Mis à jour le 04-05-2023 à 21h30
Dans presque toutes les enquêtes judiciaires, des saisies de matériel informatique (ordinateurs portables, smartphones, serveurs et autres supports) sont effectuées.
Chaque année, les contenus de près de 23 000 appareils (environ 15 000 smartphones et 8000 ordinateurs selon le ministre Vincent Van Quickenborne) sont ainsi passés au peigne fin par les professionnels des RCCU, soit les unités régionales de la Computer Crime Unit, luttant activement contre la criminalité informatique. À Namur, environ 300 pièces informatiques ont été saisies en 2022 (PC, clés USB, serveurs… Un chiffre qui ne comptabilise pas les smartphones). Au premier quadrimestre de 2023, elles avoisinaient déjà les 150.
Pour répondre à la hausse du volume et de la complexité des données saisies ainsi qu’au besoin d’appareils spécialisés pour les analyser, la police judiciaire fédérale (PJF) a mis en place un réseau de centres spécialisés au sein des 14 RCCU existant en Belgique: les Digital Forensic Centers.
Grâce à ces espaces dotés des dernières technologies, les enquêteurs disposent d’ordinateurs super puissants et de logiciels spécialisés pour mener leurs enquêtes. "Aujourd’hui, on peut saisir des smartphones qui font 1,5 Téra alors qu’auparavant, ils faisaient 128 Giga. Quand on les saisit, on dispose d’une très grande quantité de données, relève David Warnent, commissaire responsable du RCCU de Namur. C’était donc nécessaire d’avoir une infrastructure pour pouvoir analyser tout au même endroit et plus rapidement. On peut aussi retrouver des éléments datant d’il y a très longtemps ou ayant été effacés."
Crimes et délits divers
Alors que nous manipulons le smartphone, l’ordinateur ou la tablette au quotidien, il en va de même pour les suspects dans les affaires pénales. Les auteurs laissent souvent des traces, bien utiles, sur ces appareils numériques, ce qui peut faire avancer l’enquête ou servir de preuves. Cela concerne des affaires de meurtre, de cambriolage ou de trafic de drogue, mais également certaines formes de criminalité qui impliquent presque exclusivement l’utilisation des technologies informatiques comme le phishing, la fraude aux cryptomonnaies, le harcèlement numérique, la diffusion d’images à caractère sexuel de mineurs d’âge, etc.
Un logiciel spécifique permet l’analyse intégrée et le transfert de toutes les données provenant d’ordinateurs et d’appareils mobiles, quelle que soit la taille de l’extraction. Ces fichiers sont stockés sur le serveur "forensic" afin d’effectuer des recherches plus approfondies. "Dans un dossier de pédopornographie qui compte 7000 vidéos et un million d’images par exemple, il n’y a pas un million d’images liées à la pédopornographie. Il peut y avoir aussi des photos de familles ou d’autres choses, poursuit David Warnent. Avec les programmes utilisés ici, on peut appliquer des filtres. Ce qui permet de réduire le nombre d’images à visionner réellement en une fois. Cela permet aussi de faire le tri car il y a peut-être des images qui ne sont pas liées à la pédopornographie mais qui peuvent être intéressantes pour une enquête comme la photo de la chambre d’un suspect ou d’une victime."
Le Digital Forensic Center de Namur dispose depuis fin 2022 de cinq ordinateurs plus modernes et plus puissants. "Ça représente un budget d’environ 10 000 €", précise David Warnent. À cela s’ajoutent des experts en informatique prêts à aider les enquêteurs de la PJF à mener leurs enquêtes. La nouveauté dans le fonctionnement de ces centres, c’est que les enquêteurs de la police locale peuvent également les utiliser.
Un accompagnement
Si un enquêteur arrive pour la première fois au Digital Forensic Center, il bénéficie d’abord d’un coaching spécifique de la part d’un membre de l’unité régionale pour apprendre à travailler avec les ordinateurs et logiciels.
Cette nouvelle méthode de travail permet d’augmenter considérablement la capacité d’enquête. Grâce à l’accompagnement qui leur est dispensé, les enquêteurs peuvent également extraire et analyser eux-mêmes beaucoup plus de données. Ça signifie aussi davantage de temps pour travailler sur des affaires complexes relatives à la criminalité informatique telles que le phishing ou le piratage. Pour renforcer les RCCU, des spécialistes en informatique sont régulièrement recherchés. Les personnes intéressées peuvent postuler sur jobpol.be.