Fête du travail: à Namur, le PTB fait ses comptes
"Tax the rich": le slogan porté par le PTB fait mouche à quelques encablures d’une institution dont le train de vie a de quoi interpeller.
Publié le 01-05-2023 à 20h35 - Mis à jour le 01-05-2023 à 20h37
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À chacun sa place. Anneessens pour Bruxelles ; Saint-Paul pour Liège et La Digue à Charleroi. Du côté de Namur, c’est sur la place d’Armes, devant la très symbolique Bourse du commerce, que les sympathisants du PTB se sont donné rendez-vous avant de rejoindre la Maison Genot pour un 1er Mai particulièrement combatif. Dans les slogans, sur les pin’s et les t-shirts: "tax the rich". En ligne de mire: la réalité de terrain vécue par de plus en plus de Belges face à une partie de la population relativement épargnée.
Afin de mieux faire passer le message, le PTB Namur a décidé de faire le point sur le contenu des caddies: version milliardaire ou travailleur avec comparatif pour 2022 et 2023. À vue d’œil, le sentiment de satiété ne risque pas d’être le même. "Alors que le gouvernement vient d’augmenter les accises, que la crise énergétique a coûté des centaines d’euros aux familles et que l’ensemble des prix des caddies a augmenté en moyenne de 10%, il ne semble pas que ce soit la crise pour tout le monde."
Comme le souligne le parti, "il y a des multinationales comme Engie qui empilent les surprofits, explique-t-on. Le BEL 20, soit le top des grandes entreprises belges, a versé 8 milliards de dividendes à leurs actionnaires cette année."
Autre chiffre qui interpelle, le nombre de milliardaires en Belgique qui serait de 37, soit 27% de plus qu’en 2020. "C’est chez eux qu’on doit aller chercher l’argent et non en coupant nos pensions et en bloquant nos salaires."
La crise palpable
Pour Robin Bruyère, militant et conseiller, les personnes comprennent de moins en moins cette situation. "J’étais au marché d’Éghezée et une dame m’a confié qu’elle n’imaginait pas qu’elle laisserait ses enfants dans une situation plus difficile qu’elle-même a vécue." Les crises (tant énergétique qu’économique) sur fond de conflits armés ne sont pas là pour rassurer les gens quant à leur avenir. Il y a deux façons de réagir face à cela selon le militant. "Soit on canalise vers le bas, et on fait comme l’extrême droite en mettant (notamment) tout sur le dos de l’immigration. Soit, on part de cette colère, en créant quelque chose de positif."
Dans le cadre du PTB, ceci ne signifie pas pour autant se cantonner à sortir des slogans. Le politique se doit de montrer l’exemple. "En peu de temps, on a connu plusieurs scandales: le greffier du Parlement, le Qatarqate, les sièges de la Maison des Parlementaires à 3 000 € l’unité, les surpensions de la Chambre, etc ." Au PTB, on rappelle qu’on serait pour la division du salaire des politiques par deux. À commencer par chez soi. "Je verrais mal Raoul (Hedebouw) accepter un salaire de 10 000 € par mois", confie un sympathisant. En attendant, à Namur, on espère que cette action "caddies", la première depuis celle organisée en période Covid, puisse se pérenniser place d’Armes et gagner en visibilité, à l’image des rendez-vous de Bruxelles, de Charleroi ou de Liège.
Dans le combat avec les "Delhaiziens"
Le mouvement social en cours chez Delhaize ne pouvait être passé sous silence. «Alors que durant la période du Covid, le personnel est venu travailler, permettant à la boîte de faire des bénéfices plantureux, ici, on souhaite franchiser. C’est un manque de respect pour le travailleur», a-t-on souligné lors des prises de parole.
Huit semaines de grèves avec toutes les craintes et les angoisses que cette situation peut engendrer, cela représente un signe fort, de l’avis des militants. Le PTB évoque par ailleurs des mobilisations semblables dans d’autres secteurs, comme les soins de santé. Il y a une importante prise de conscience collective, selon le parti marxiste.
Et ce n’est pas le seul signe encourageant. L’organisation d’une manifestation en front commun syndical, tous secteurs confondus, pour combattre «les attaques portées au droit de grève telles que vécues par Delhaize», constituera une première mobilisation aussi conséquente pour un cas particulier. La manif en question se tiendra le 22 mai, à Bruxelles. C.DET.