Namur: il y a 50 ans disparaissait Renée Prinz
Décédée en 1973, l’artiste peintre Renée Prinz a dédié ses œuvres aux paysages mosans, si emblématiques du Namurois.
Publié le 28-04-2023 à 16h16 - Mis à jour le 28-04-2023 à 22h49
À Jambes, localité où elle vécut les dernières années de sa vie, une rue porte son nom et fait écho à son importance locale. Disparue il y a cinquante ans, l’artiste peintre Renée Prinz avait exposé ses aquarelles aux tons chauds dans toutes les galeries d’art du pays. Son thème de prédilection: les sites pittoresques des vallées de la Meuse et de la Sambre.
Du pont de Jambes aux rochers de Freÿr, Renée a immortalisé de son pinceau une multitude de paysages ou instants de la vie des Namurois. Des œuvres qui furent acquises, de son vivant, par la Reine Élisabeth de Belgique, l’État belge ou encore le gouvernement provincial de Namur. Preuve de la reconnaissance attribuée au talent pictural qui caractérisa sa longue carrière dédiée à la peinture.
Genèse d’une passion
Renée Pauline Joséphine Prinz est née le 11 juillet 1883, à Anvers, de parents liégeois. Dès l’enfance, elle manifeste déjà un goût prononcé pour le dessin et la peinture, notamment lorsqu’il s’agit de tirer le portrait d’un modèle. Et pour inculquer un reflet d’âme au visage humain, tous les moyens sont bons: fusain, huile, aquarelle, monotype (NDLR: procédé d’impression à l’huile sur papier par estampage)… Cette passion dévorante l’amènera, entre autres, à perfectionner ses techniques dans sa ville natale, au sein d’une école artistique jadis fréquentée par le peintre flamand Édouard Tyck.
Le père de Renée étant officier du Génie, la famille Prinz vivra successivement à Flémalle Haute, Mons puis à Namur, dès 1905, où elle poursuit sa formation à l’Académie des Beaux-Arts. C’est dans cet établissement qu’elle découvre les cours dispensés par Nicolas van den Eeden et surtout Désiré Merny, peintre qui l’initie aux mystères du beau paysage.
Une carrière couronnée d'expositions
À l’aube des années 20, Renée Prinz affiche ses toiles et ses aquarelles dans divers lieux d’exposition en Wallonie. À la vue de ses œuvres qui reconstituent les bords mosans, les avis s’avèrent plutôt élogieux et soulignent la maîtrise de son art. "Le dessin est sûr et le coloris parfois osé, mais toujours harmonieux", note un critique carolo, en 1923. "Parmi toutes les femmes qui peignent, Mlle Renée Prinz est l’une des plus assidues au travail et, même ; parmi toutes les professionnelles de France, de Navarre et de Belgique, elle est l’une des plus sérieuses, des plus talentueuses", estime Jules Tellier, journaliste à Vers L’Avenir.
Mais à l’instar du peintre Albert Dandoy, son cadet de vingt mois, Renée reste fidèle aux muses de son terroir. Par conséquent, son répertoire passe encore inaperçu hors des frontières wallonnes, où elle ne s’aventure que rarement. Qu’à cela ne tienne, Renée est déjà assez accaparée par les galeries d’art de sa région qui accueillent régulièrement ses tableaux lors d’exposition individuelle ou collective.

En novembre 1937, dix ans après sa dernière exposition complète au Salon Stella, rue de Bruxelles, une importante rétrospective, à la Bourse de Commerce, met en lumière le répertoire de l’artiste. Outre les paysages qui traduisent l’atmosphère et la lumière du Namurois, les deux salles de visite hébergent également ses études de fleurs, réalisées à l’huile ou en monotype. Présenté comme le "great event" de la saison, l’exposition est inaugurée en présence de notables personnalités namuroises telles que François Bovesse, gouverneur de la Province, et le bourgmestre Louis Huart. L’événement connaîtra un succès de visites ininterrompues.
En mai 1940, Renée Prinz entame un exode qui l’amène sur les routes de France, où elle s’installe en Haute Garonne. De quoi compléter sa collection de peintures paysagères, déjà bien fournie par ses escapades dans les vallées de l’Ourthe et de la Semois. Durant cette décennie, elle s’essaie également aux portraits d’enfants à l’aquarelle qu’elle parvient à maîtriser malgré la difficulté de cette technique. Si elle continue à s’épanouir avec ses pinceaux et sa palette, la native d’Anvers finira, en revanche, par abandonner la sculpture sans espoir de retour.
Après la guerre, Renée intègre l’Atelier des Artistes Mosans, où elle fréquente Yvonne Gérard, Yvonne Perin, Albert Dandoy, Albert Houart ainsi que Louise-Marie Londot. Par la suite, d’autres peintres et dessinateurs intégreront ce collectif qui disposait d’un local-atelier, à la Bourse de Commerce, et d’un subside annuel de fonctionnement remis par les autorités. En 1969, les dirigeants de la Maison de la Culture lui consacrent une nouvelle rétrospective pour célébrer ses soixante-cinq ans de peinture. En résulte une nouvelle hymne à la terre wallonne, dont elle a réussi à retranscrire l’atmosphère brumeuse à travers ses toiles et aquarelles. Deux ans plus tard, cet album d’images vigoureuses sera même relayé à l’Hôtel de Ville de Marcinelle.
Renée Prinz s’éteint, à Jambes, le 28 mars 1973 à quelques mois de son nonantième anniversaire. Pour perpétuer sa mémoire, la Ville de Namur lui dédiera une rue, six ans après sa disparition, à quelques mètres de sa dernière résidence. Une vingtaine de ses œuvres ont également intégré les collections de la commune, gérées par le Pôle muséal des Bateliers, et seront valorisées lors de prochaines expositions temporaires.
