Festival du rire de Rochefort: "Nous sommes fiers de proposer des artistes révélés par le festival"
Le 42e Festival du rire de Rochefort démarre mercredi prochain, pour trois semaines (du 3 au 20 mai). Les soirées se remplissent bien. Le FIRR ne ressent pas la "concurrence" des festivals voisins. Au contraire, c’est une émulation, dixit le président.
Publié le 28-04-2023 à 17h41 - Mis à jour le 28-04-2023 à 17h42
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Après Namur is a Joke et Profond’ément drôle (Profondeville), qui se déroulait le week-end dernier, le plus ancien des festivals dédicacés au rire en francophonie (le FIRR a été fondé en 1981) va s’ouvrir d’ici quelques jours. Les événements se succèdent. Mais se desservent-ils l’un, l’autre vu leur proximité ? Élément de réponse avec le président rochefortois.
Jean-Marc Mahin, les festivals d’humour ont la cote. C’est une concurrence pour vous ?
Ce n’est pas vraiment un souci. On ne vit pas ça comme une concurrence, mais plutôt comme une émulation. Bastogne, Profondeville et Namur, ce ne sont pas vraiment nos bassins. On a notre histoire. Et les tourneurs respectent l’historique qu’ils ont avec les festivals. On n’a d’ailleurs pas d’opposition à ce qu’un artiste soit programmé à Rochefort et à Namur la même année.
Ces festivals ne vous font donc pas d’ombre ?
On ne le ressent pas comme ça. C’est d’ailleurs rare de croiser des Rochefortois à Bastogne ou à Namur. Namur is a joke se déroule en même temps que le festival de Bastogne. Nous étions invités et représentés de part et d’autre. De notre côté, on invite tous les festivals belges lors d’une soirée à Rochefort.
Entre festivals, on échange sur les pratiques ?
Les festivals, et pas uniquement ceux qui se déroulent en Belgique, servent bien sûr à découvrir des spectacles. Mais ce qui est autour peut aussi inspirer, même si les festivals sont de nature différente. Namur et Liège (Voo Rire), par rapport à Bastogne et Rochefort, sont des festivals de ville. Ils proposent un grand nombre de spectacles dans différentes salles sur un nombre limité de jours. De notre côté, on tient plutôt sur la durée, dans un seul lieu. L’inconvénient, c’est cette durée. Mais l’avantage, c’est que nous avons un centre névralgique une fois les spectacles terminés, un cœur de festival. À Liège ou Namur, il n’y a pas vraiment un endroit où tout le monde peut se retrouver.
Au niveau de la programmation, quels sont vos coups de cœur ?
C’est une fierté pour nous d’accueillir Laura Laune, une découverte de Rochefort. Cela s’était d’ailleurs déroulé dans des circonstances bizarres. Elle était venue à la semaine de l’humour, pour un remplacement au pied levé. Par la suite, elle a passé le concours du Tremplin, qu’elle a remporté en 2014. Fait rare, elle va remplir deux dates cette année chez nous (NDLR: soit 1000 spectateurs !). Lorsque nous avons mis en vente les places, ça a cartonné tout de suite. On a décidé de proposer une seconde date.
D’autres temps forts ?
On aime mettre en avant des découvertes. Marc Tournebœuf est moins connu chez nous. Pourtant, il a été désigné meilleur espoir seul-en-scène au Festival d’Avignon l’an passé. Ce n’est pas rien. Les New Lyrique Boys Band ont aussi été repérés là-bas. Dans un autre genre, on est fiers de programmer Gus l’illusionniste. On est aussi heureux de recevoir pour la troisième fois François-Xavier Demaison. Sans oublier la soirée spéciale Raymond Devos, montée pour le festival. C’est une cocréation du FIRR avec Bruno Coppens. Le spectacle pourrait être rejoué par la suite ailleurs.
Des artistes "locaux" monteront aussi sur scène ?
Dans ce spectacle, justement, on retrouve la pianiste Lætitia Colinet. Elle est professeure de musique à l’institut Jean XXIII à Jemelle. Elle s’est mise à fond dans le projet. Elle stresse un peu (rire). Dans les pièces de Raymond Devos, le piano est très présent. On retrouve aussi dans le spectacle le Rochefortois Joseph Collard, des Founambules.
Le festival peut toujours compter sur ses bénévoles ?
Oui, même si, forcément, après autant d’années, on a des bénévoles qui vieillissent. Mais on a un petit sursaut de renouvellement. On n’a pas d’inquiétude par rapport à ça. En tout, environ 200 personnes tournent durant les trois semaines. Chacun assume, en fonction de ses disponibilités, entre 3 et 8 soirs.
Quel est votre sentiment général à l’approche du festival ?
On a un sentiment positif en termes de remplissage. Il reste quelques places pour certaines soirées, mais on vend bien. Alors que les échos que j’ai de certains centres culturels ne vont pas en ce sens. La difficulté, je pense, c’est que l’offre est plus grande, vu qu’il n’y a plus rien eu durant un moment. Les lieux se multiplient et sont donc plus difficiles à remplir. Heureusement, on n’est pas concernés. On est contents tant au niveau des ventes auprès des sociétés partenaires (soirées VIP), qu’au niveau des ventes auprès du grand public.
Heureusement que certaines sociétés sont là pour remplir ?
On ne veut pas que la salle soit en majeure partie remplie avec des partenaires. Ça représente moins de 40% lors de chaque spectacle. Évidemment, ça reste important car ce sont des sociétés qui s’associent au festival, qui sont fidèles depuis des années. C’est aussi grâce à elles qu’on élargit notre public naturel. La plupart des soirées VIP sont le plus souvent proposées dans les secteurs du foot et de la musique. Ce qui peut provoquer une certaine lassitude. Ici, on remarque qu’on nous demande régulièrement d’ajouter des places car la demande est forte. L’humour c’est consensuel, ça plaît à tout le monde.
Financièrement, le festival tient le cap ?
Ça reste un défi. D’autant que si les coûts augmentent pour tout le monde, ça augmente aussi pour le festival. Les frais annexes grimpent (hôtels, restaurants, etc.) On est obligé de nous adapter aussi. Même si on a choisi de ne pas trop augmenter le prix des spectacles. Le budget global avoisine les 700 000 €. Nous sommes une ASBL en équilibre depuis 10 ans, mais c’est un équilibre qui reste fragile.