Vente de VOO: Andenne déclare la guerre à Enodia
La vente de l’opérateur VOO par Enodia ne fait pas que des heureux. Comme à Andenne, commune actionnaire d’Enodia (maison-mère de Nethys), qui se sent lésée. Le bourgmestre ne décolère pas.
- Publié le 25-04-2023 à 16h39
- Mis à jour le 25-04-2023 à 17h00
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Comme nous l’indiquions dans L’Avenir de ce samedi 22 avril, la vente de l’opérateur Brutélé conjointe à celle de VOO à Orange va rapporter en juin entre un et 67 millions€ à 30 communes wallonnes et bruxelloises. Parmi celles-ci, trois de la Province de Namur: Sambreville (8,3 millions€), Gembloux (6,1 millions€) et Rochefort (2,4 millions€). Un fameux pactole alors qu’Andenne, elle, ne touchera que des miettes.
Les foudres du bourgmestre Claude Eerdekens (PSD@) n’ont pas tardé à éclater lundi soir, lors du conseil communal.
Lors d’une assemblée générale extraordinaire d’Enodia ce 28 avril, il compte bien se faire entendre pour dire tout le mal qu’il pense de cette opération. "On doit dire non dans toutes les langues à ce qui est proposé, a-t-il lancé face aux autres élus. Par la suite, nous irons au combat judiciaire."
Claude Eerdekens n’a pas attendu l’AG pour exprimer sa colère. Il a d’ores et déjà envoyé un courriel à la directrice générale d’Enodia. "On va faire part en urgence à toutes les communes associées et à la Province de Liège de notre opposition radicale et entamer une campagne de presse, a-t-il annoncé. Andenne déclare la guerre à l’opération. Nous allons utiliser tous les moyens de droit dont on dispose et alerter chacune des communes liégeoises face à la situation dont elles sont victimes."
"Cocues sur toute la ligne"
Andenne est actionnaire (minoritaire) de l’intercommunale Enodia (ex-Publifin et maison-mère de Nethys) aux côtés de la Province de Liège et de communes liégeoises.
Pour lui, ces dernières ont effectué un très mauvais calcul. "Ce n’est pas la même chose pour les communes liées à Enodia et à Brutélé. Brutélé a vendu toutes ses parts à Orange. Mais (et c’est ce qui fait la différence !) Enodia a voulu conserver 26% des parts d’Orange, expose Claude Eerdekens. Ils ont donc eu un mauvais prix ! Pire, les idiots, ils ont repris le personnel statutaire de Brutélé. Ce qui va peser lourdement sur les finances d’Enodia."
Le mayeur s’interroge: "Pour quelles raisons l’hypothèse de la vente de tous les actifs n’a-t-elle pas été envisagée nous concernant ? Et pourquoi reprenons-nous le personnel statutaire de Brutélé au point de mettre en péril Enodia ? Bref, les communes liégeoises, la Province de Liège et Andenne, qui fait partie du pot liégeois, sont cocues sur toute la ligne !", estime-t-il.
"Une bande d’incapables"
Claude Eerdekens veut expliquer à toutes les communes liégeoises, sans exception, à quel point elles ont été roulées dans la farine en acceptant n’importe quoi au nom d’une fidélité à leur parti politique: "C’est un accord qui rassemble à Liège le MR, le PS, Les Engagés et Écolo. Dans le même temps, les Bruxellois de Brutélé, les communes du Hainaut et de Brutélé en province de Namur ont, eux, bien négocié."
Et de citer l’exemple de Charleroi, la commune qui touchera le plus de cette opération: 67 millions€. Il encense même son homologue carolo, Paul Magnette (PS), le qualifiant de "génie", face à un Willy Demeyer (PS), bourgmestre de Liège, qui "n’a rien compris et prend les pâquerettes".
Les dirigeants de l’intercommunale en ont pris aussi pour leur grade. "Ce ne sont plus les mêmes escrocs de (Stéphane) Moreau, de (Bénédicte) Bayer et de (Pol) Heyse (anciens dirigeants de Nethys, NDLR). C’est une nouvelle bande d’incapables qui est à la tête de la structure. Maintenant, ils ne piquent plus dans la caisse mais ce sont des idiots pour gérer les affaires. Nous devons leur déclarer la guerre. C’est un scandale !", a-t-il martelé, répétant la possibilité d’une plainte auprès d’un juge d’instruction.
Considérant que sa ville est totalement lésée et "perd un fric incroyable", il assure que l’offensive est lancée et qu’il ira jusqu’au bout. "Je n’ai plus confiance. On ne peut pas continuer avec ces gens-là. On doit leur dire bye bye !"
Le poète reste (en partie) persona non grata, question de neutralité
Comme lors du conseil communal du 27 mars dernier, la conseillère Florence Halleux a réinterpellé lundi soir l’échevin de la Culture suite aux propos de la ministre Linard sur l’exposition censurée.
Après le choix du Collège communal de ne pas afficher certains textes du poète Timotéo Sergoï dans l’espace public, la minorité avait dénoncé une censure. Le 11 avril, le député Benoît Dispa a interrogé à ce sujet la ministre de la Culture, Bénédicte Linard, en commission de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Pour elle, la Ville avait outrepassé ses prérogatives et le Centre culturel (qui avait invité Timotéo Sergoï) devait être libre dans sa programmation.
Toujours inquiète quant aux valeurs démocratiques et à la liberté d’expression à Andenne, Florence Halleux (AD&N) a demandé au Collège s’il comptait du coup changer sa position pour permettre l’exposition dans son intégralité. C'est toujours non.

«La position du Centre culturel, comme celle de la Ville, est de considérer que l’espace public doit rester neutre, a répondu l’échevin de la Culture Benjamin Costantini (PSD@). En vertu de ce principe constitutionnel, le Collège n’a pas souhaité autoriser la démarche de M. Sergoï, en tout cas dans sa totalité.»
Il souligne que l’espace public ne peut pas être «confisqué» pour y diffuser des idées politiques, religieuses, etc, ou servir de propagande. «Par ailleurs, dans les espaces privés, l’expression est libre sous réserve des droits et de la liberté d’autrui», dit-il. Il ajoute que l’exposition existe bel et bien au Centre culturel mais aussi à travers la participation de personnes privées ayant collaboré au projet.
«Vous n’aviez pas à sélectionner et à relire les textes. La censure est confirmée par la ministre, a rétorqué Florence Halleux. Vous aviez donné votre approbation pour l’exposition. Il ne s’agit pas d’une confiscation de l’espace public.» Elle estime que les explications de l’échevin sont à côté de la plaque et se dit insatisfaite des réponses.