Loyers (Namur) : quinze puits pour assainir la décharge de Limoy
Les travaux de réhabilitation de l’ancienne décharge de Limoy, à Loyers, ont démarré. Des puits sont creusés dans le sol jusqu’à 30m de profondeur, pour récupérer le biogaz et les eaux d’infiltration polluées.
- Publié le 19-04-2023 à 17h35
- Mis à jour le 19-04-2023 à 17h36
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Environ 124 piscines olympiques, soit 310.000 m3: c’est le volume estimé de déchets enterrés dans l’ancienne sablière de Limoy, à Loyers. Après qu’elle a servi à fournir du sable notamment pour le chantier de l’E411 dans les années 60-70, on y a déversé durant les années 80 les ordures ménagères de la Ville de Namur.
Plus de 30 ans plus tard, les travaux de réhabilitation du site sont (enfin) en cours.
La Région wallonne a en effet dégagé un budget de 16 millions€ et défini 7 décharges prioritaires à traiter sur son territoire. Dont Limoy. La ministre de l’environnement, Céline Tellier, était en visite ce mercredi sur site où le chantier, le premier des sept wallons, vient de démarrer. Il y en a pour 120 jours ouvrables et, selon les prévisions budgétaires, 1,7 million (TVAC).
Récupérer le biogaz et les lixiviats
En quoi consiste cette "réhabilitation" ? Son enjeu est double. Il concerne d’une part le biogaz, du méthane, qui est produit par la décomposition progressive des déchets dans le sol. Il est potentiellement explosif et donc dangereux. En 2005 déjà, ce danger pour les riverains des habitations proches avait justifié la pose en "urgence" d’un système d’extraction provisoire du biogaz.
L’autre souci de préoccupation de cette réhabilitation, ce sont les lixiviats, c’est-à-dire les eaux d’infiltration polluées par leur contact avec les déchets. Le but est de les récupérer et de les traiter. "On creuse pour ce faire un réseau de puits dans le sol à différents endroits de la décharge. Puits qui sont raccordés à un collecteur pour récupérer le biogaz et équipés d’un système de pompe pour extraire les lixiviats", expliquent sur place les responsables du chantier.
Il est géré par la SPAQuE et exécuté par la société gantoise Aclagro, qui a remporté le marché public.
Les puits sont forés par la société naninnoise Sana, dont c’est la spécialité: "On va en forer quinze, d’une profondeur de 10 à 30 m selon les endroits, détaille le patron, Philippe Sana. Suivant les conditions climatiques, le forage peut prendre un à deux jours par puits."
Une fois le réseau creusé, Aclagro va poser le système de canalisations et les installations électriques permettant de diriger lixiviats et biogaz vers un hangar en contrebas de la décharge. Ils y sont passés dans un lit de charbon actif, ce dernier ayant pour propriété de les assainir.
Préalablement à ces 15 puits, une vingtaine d’autres ont aussi été creusés entre le périmètre de la décharge et les maisons voisines. Le rôle de ceux-là étant de récupérer et de dévier le méthane, qui pourrait se diriger vers les habitations.
Aclagro va ensuite reprofiler le site et puis… le temps fera son œuvre. À mesure de la décomposition naturelle des déchets, le biogaz généré sera de moins en moins présent et les eaux d’infiltration moins polluées.
Le dispositif restera en place jusqu’à ce que les analyses qui sont réalisées montrent des taux de dépollution suffisants. Ce qui peut prendre une vingtaine d’années.
Et plus tard ? Etant donné la nature particulière des sols, les possibilités de réaffectation du site sont limitées. Il pourrait, peut-être, accueillir des panneaux photovoltaïques. Mais on n’en est pas encore là…