Un gardien de la prison de Namur sauvagement agressé par un détenu : le personnel en arrêt de travail
Dimanche, un gardien de la prison de Namur a été victime d’une agression rare par sa fulgurance. Choqué, le personnel exige le transfert du détenu.
- Publié le 16-04-2023 à 20h22
- Mis à jour le 16-04-2023 à 20h52
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"O n a failli avoir un mort à la prison de Namur". C’est en ces termes qu’a réagi le délégué syndical CSC Xavier Crefcœur après l’agression survenue dimanche matin, vers 7 h 30, et dont a été victime un de ses collègues. "Heureusement qu’il avait de l’expérience. Une jeune recrue aurait perdu la vie", certifie-t-il. Le détenu responsable de l’agression est interné dans l’annexe psychiatrique de la prison.
Le délégué évoque un déchaînement de violence gratuite, sans élément déclencheur. Et même une tentative de meurtre. Aucune prise de bec ni provocation n’a précédé cette avalanche de coups. Le gardien a juste invité le détenu à se rendre à la douche. Il n’a pas bronché, jusqu’à ce que le gardien reçoive pour seule réponse deux fulgurantes "pêches" au visage. Il s’ensuivit une lutte au cours de laquelle le détenu a sorti de sa poche une fourchette. "Il a voulu le planter au niveau du cou. Heureusement que le collègue a eu les bons réflexes", raconte encore Xavier Crefcoeur, sous le coup de l’émotion.
Les dents de la fourchette se sont finalement enfoncées dans l’épaule.
L’alarme déclenchée, des renforts sont venus à la rescousse du malheureux collègue. Voyant arriver cette cavalerie, l’agresseur s’est tout aussi subitement calmé qu’il était entré en furie. Il a refermé la porte de sa cellule.
Le personnel, sous le choc, a aussitôt observé un arrêt de travail, sous la forme d’un service minimum se limitant à distribuer les repas et les médicaments. Il n’y a pas eu de préau.
Le gardien de prison agressé a été transféré à l’hôpital. Il en est ressorti quelques heures plus tard. Plus de peur que de mal donc, mais l’agression a traumatisé par sa sauvagerie sans signes avant-coureurs. Il laissera des traces. "Nous avons convoqué une assemblée générale. J’ai 20 ans de métier et c’est la première fois que je vois des collègues pleurer. Il y a eu une prise de conscience: en venant travailler, on peut mourir", poursuit le délégué, qui craint des démissions. Raison pour laquelle le personnel exige le transfert du détenu interné dans une autre annexe psychiatrique. En attendant, il continuera à prester en service minimum.
La police est intervenue pour prendre la déposition de l’agent. Le dangereux détenu, lui, a été mis au cachot tandis que sa cellule a fait l’objet d’une fouille. "On y a retrouvé deux couvercles de boîte à conserve, assemblés de façon à constituer une arme artisanale, ce qui ne rassure absolument pas", complète encore Xavier Crefcœur.
Cette agression survient dans un contexte social déjà tendu. Pas plus tard que mardi, à 22h, le personnel a débrayé 24 h. Une grève éclair pour rappeler à la direction générale des prisons et au ministre de la Justice la surpopulation carcérale et l’insécurité que celle-ci génère. Heureusement, l’arrêt de travail consécutif à l’agression de dimanche a été bien compris par la direction de la prison de Namur.