Légufrulabélophilie, la collection qui ne prend pas le melon
Xavier Heyte (Bouge) est légufrulabélophile. Il collectionne les étiquettes de fruits et de légumes depuis plus de trente ans. Portrait.
- Publié le 05-04-2023 à 18h12
- Mis à jour le 05-04-2023 à 18h16
"Des amis me comparent à Jacques Villeret dans le film ‘Le dîner de cons’. Mais cela ne les empêche pas de me rapporter des étiquettes quand ils reviennent de vacances à l’étranger" sourit Xavier Heyte, fier détenteur de 72 000 étiquettes différentes de fruits et légumes. Rien que ça.
Une passion qui a commencé par un coup de foudre pour une minuscule étiquette d’un kiwi en provenance de Nouvelle-Zélande. C’était il y a trente ans et le commerce international était loin d’être aussi dominant qu’aujourd’hui. "Je trouvais cela fabuleux qu’un kiwi soit arrivé du bout du monde. Et comme ma maman avec les timbres, je suis atteint de collectionnite aiguë. J’ai donc démarré une collection d’étiquettes de fruits et légumes. Je pensais alors être le seul au monde." Au fil de trois décennies de recherches et d’accumulation, Xavier Heyte ne cessera de comparer les étiquettes de pommes et de poires. Et de rencontrer d’autres affamés d’étiquettes au fil de ses récoltes, d’Europe et d’ailleurs. "Certains ne collectionnent que les étiquettes de bananes. C’est le fruit qui offre le plus de diversités." Chiquita, par exemple, ne cesse de sucrer les collectionneurs avec des versions sans cesse renouvelées de ses étiquettes. Pour la promotion d’un film, avec les lettres de l’alphabet, créées par des designers célèbres, illustrées avec des exercices de sports, etc.
Les étiquettes, pas les fruits
La légufrulabélophilie, comme manger cinq fruits et légumes, c’est un devoir quotidien. La récolte des étiquettes se fait au marché de Namur, dans les grandes enseignes et les épiceries. Xavier Heyte commence ses courses par le rayon frais afin de dénicher quelques nouveautés. Si une marque célèbre a légèrement modifié l’infographie ou qu’une nouvelle fait son entrée sur les étals. "Je ne descends au marché que pour les étiquettes, pas pour faire mes courses." Le collectionneur a même des accords avec des épiceries pour ne prendre que les autocollants. En vacances, à l’étranger, la recherche d’étiquettes fait aussi partie du voyage.
Une passion saisonnière
Après la chasse, il y a le classement. Chaque Légufrulabélophilie a ses marottes. Xavier Heyte classe les étiquettes selon le fruit ou le légume. D’autres font par couleur, par marque, par forme. Comme les fruits, la passion est saisonnière. "En général, on classe les collections durant l’hiver. Tandis que l’été, je m’adonne à une autre passion, la montgolfière."
Xavier Heyte est un collectionneur averti, contaminé dès sa tendre enfance par sa maman. Et il porte une affection particulière pour tous ses congénères, aussi loufoques peuvent sembler leurs passions. "Une fois, un collègue m’avait dit que je devais être malheureux en tant que collectionneur d’une collection qui n’aura jamais de fin. C’est plutôt l’inverse. Chaque fois que je trouve une nouvelle étiquette ou quelque chose qui va faire plaisir à un copain collectionneur, cela me rend heureux." Insolite, certes, mais passionné.


