Namur : les petits Wartetis baignent dans le wallon et donnent rendez-vous au challenge L’Hoir, samedi (Vidéo)
Dans le village de Wartet, les enfants parlent tous le wallon. C’est en tout cas ce qu’ils veulent démontrer, samedi, au challenge L’Hoir.
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/2V7FHYPSVVDL7KIQADSJEQLLG4.jpg)
- Publié le 26-03-2023 à 20h22
- Mis à jour le 30-03-2023 à 16h28
Un journaliste pinçant un peu son français vient d’effectuer une étonnante découverte. "Nous sommes ici à Wartet, village où tous les enfants parlent le wallon", témoigne-t-il, face à une caméra imaginaire. Face à lui, un petit écolier du village au savoureux accent du bon terroir namurois. La scène est amusante et devrait faire mouche samedi prochain, pour le challenge Daniel L’Hoir, organisé par les Molons, à la Nef, au cœur de Namur. Les écoliers de 3e et 4e années de l’école communale préparent leur saynète… depuis des mois.
"Ce projet d’initiation à la langue wallonne est vraiment motivant", s’enthousiasme Marie-Aurore Macaux, la directrice de cette école communale qui parle "one miète", le wallon. "Avec Nicolas (Plomteux) , on s’est dit que cela pourrait être une très belle réalisation pour notre fête d’école, le 20 mai. Et comme lui, il n’aime pas danser pour la fancy-fair…" Ça rigole en pleine répétition, l’ambiance est détendue.
"Le wallon, je l’ai dans l’oreille grâce à ma grand-mère", poursuit Nicolas Plomteux, l’instituteur qui porte le projet. "Quand on dit les choses en wallon, cela prend une autre tonalité, plus bienveillante."
Pour faire "spiter" le projet, Christine Decock assure l’apprentissage et l’animation en classe depuis novembre dernier. "Ma méthode, c’est de les plonger directement dans un bain de wallon", sourit cette membre des "Relîs namurwès", les académiciens du wallon. "Je parle énormément avec eux. Au début, cela suscite un petit sourire. Pour beaucoup, c’est quasiment une langue étrangère. Mais il y a toujours un mot pour se raccrocher, un son, une phrase." Et le wallon chante dans les tympans, avec des résultats aussi rapides qu’étonnants dans la maîtrise du "vî langadje".
"Pour entrer dans la langue, les spots et les ratournures (proverbes et expressions) sont un excellent moyen", continue Christine Decock. "Quand on dit I ploût do bûre èt do fromadje (il pleut du beurre et du fromage) . En peu de mot, on évoque cette pluie qui tombe au bon moment pour faire de la bonne herbe dont va se régaler la vache qui produira un bon lait avec lequel on fera un excellent fromage. Cela permet aussi d’expliquer aux écoliers d’où vient le lait, comment on fait le fromage…"
Nicolas Plomteux voit aussi dans cette aventure un intérêt qui n’est pas exclusivement centré sur les matières à apprendre ou la pédagogie. "On s’inscrit aussi dans un programme de prévention et de lutte contre le harcèlement", détaille l’enseignant. "Et ce projet a beaucoup appris aux enfants. Quand on se lance et qu’on parle en wallon pour la première fois, il faut oser. On demande aux autres de ne pas se moquer. Chacun prend sa part, joue sa petite scène. Et tout cela forme un spectacle qui nous permettra de nous retrouver sur la grande scène samedi prochain. Pour la classe, ça amène une incroyable cohésion." Encore une vertu de notre belle langue wallonne.