Un cocon pour jeunes autistes à Porcheresse
Créé grâce à des subsides de l’Aviq et de Cap48, le service résidentiel pour jeunes autistes de Porcheresse, ouvert en 2020, accueille à présent 12 jeunes.
Publié le 12-03-2023 à 21h00
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Dans le courant de l’année 2020, le Foyer pour Jeunes et Adultes de Schaltin ouvrait pour la première fois un service résidentiel dédié aux jeunes atteints du Trouble du spectre de l’autisme (TSA). Ce service, "Plein Champs", est installé à Porcheresse. L’inauguration du bâtiment rénové s’est faite ce vendredi soir, en présence des parents.
Arrivés progressivement, pour ne pas être brusqués, les jeunes résidents âgés entre 6 et 18 ans sont aujourd’hui une douzaine à avoir investis les lieux. Sur place, ils sont répartis en deux ailes de six personnes: les trèfles et les lotus. Les plus autonomes d’un côté, les plus dépendants de l’autre. Précédemment, l’espace accueillait vingt jeunes gens présentant des troubles du comportement. "Ceux-ci ont été ramenés à Schaltin pour laisser la place à ceux atteints d’autisme", explique Lætitia Carlier, directrice des deux départements Jeunes au Foyer schaltinois. Les espaces dédiés au TSA manquent cruellement en Wallonie. Le service reçoit d’ailleurs régulièrement des demandes de résidence.
Des espaces hyper adaptés
La rénovation du bâtiment a été possible grâce à des subsides de l’AviQ (804 000€) dans le cadre du Plan Transversal Autisme et de Cap48 (50 000€). "Nous avons aussi reçu des dons privés pour l’aménagement des locaux, notamment pour créer un 'snoezelen'. C’est un lieu sensoriel dans lequel ils vont aller pour solliciter leurs sens autrement que par la parole", poursuit la directrice. Dans ces pièces, on retrouve par exemple des lampes à lave, des couvertures lestées, des jeux de lumière, de la musique, un lit d’eau, des balles à picots… Si une crise survient, le résident, accompagné, va pouvoir revenir au calme dans ce lieu.
Le service résidentiel coexiste avec un centre scolaire pour les apprentissages de type enseignement spécialisé (ce qui n’inclut pas les patients Asperger). Cela représente trois classes de cours en collaboration avec l’École professionnelle du secondaire inférieur spécialisée (EPSIS) de Schaltin. La majorité des résidents étant des adolescents.
La première rentrée scolaire s’est faite en septembre 2021. "Les moments assis derrière un bureau sont minimes. La majorité du temps ça passe par des ateliers, où ils doivent bouger", explique Lætitia Carlier.
On craint ce qu’on ne connaît pas
"Le regard des autres est très difficile pour les jeunes autistes, souvent violents, partage la directrice. Ils sont différents et ça se voit très fort. Ils peuvent être bruyants. Ça a tendance à effrayer les gens. Pour les jeunes qui s’en rendent compte, c’est encore plus difficile", reconnaît Lætitia Carlier.
Les activités adaptées sont peu nombreuses. Un excès de bruit, une quantité de monde trop importante, peut vite tourner à l’angoisse. "C’est un monde très particulier. Les parents doivent se battre au quotidien. Ce sont des enfants qui demandent beaucoup de présence, beaucoup de suivi. Force est de constater qu’il existe peu de chose pour eux en dehors des associations de parents."
Si les jeunes ont tant à apprendre de nos comportements sociaux, il en va de même pour nous. Le film Hors Normes réalisé par Éric Toledano explore à la perfection le fossé qui éloigne ces jeunes du reste du monde. Dans ce film basé sur une histoire vraie, Vincent Cassel interprète un éducateur qui tente de réconcilier la société avec ces personnalités uniques au monde.