Florence, la môme du piétonnier, restera dans la mémoire des Namurois
Sous une pluie battante, une soixantaine de personnes ont rendu hommage, en chanson, à Florence, l’artiste de rue décédée récemment.
Publié le 08-03-2023 à 18h43 - Mis à jour le 08-03-2023 à 18h55
"L es rues pavées ont perdu leur diva, les pigeons ont perdu leur daronne." Tels sont les mots de Ludwig Simon, l’organisateur de cet hommage à Florence Prignon organisé ce mercredi à Namur. Figure emblématique du piétonnier, réputée pour son franc-parler, elle est décédée le 5 février dernier. Près d’un mois plus tard, plus de soixante personnes se sont réunies sur la place du Québec, pour elle.

Un habitué du centre-ville âgé de 81 ans a interprété Hymne à l’amour, d’Edith Piaf, en son honneur. "On la croisait souvent, mon épouse l’aimait bien. Elle représentait un certain courage selon moi. Mendier, c’est humiliant, mais quand on apporte quelque chose d’artistique, c’est courageux." L’homme explique qu’ils avaient tissé des liens de sympathie avec Florence, au fil du temps. " Je ne passais jamais sans lui donner une pièce,continue son épouse, elle me disait tout le temps que j’étais une gentille et brave dame. C’est sûr qu’elle va manquer au piétonnier, elle était iconique et très connue. "Au-delà de ses airs de chanson, Florence laissera un autre souvenir pour ce couple namurois :" Elle avait toujours un grand tablier l’été, comme nos grands-mères, avec une grande croix par-dessus, elle était typique"
Comme une habitude
"Une dame typique", c’est un peu le maître mot pour la petite assemblée qui s’est formée sur la place du Québec. Les participants ont partagé leurs souvenirs avec la "môme" du piétonnier. " On était toujours habitué de la voir sur cette place. Elle chantait, elle faisait la causette. Quand elle n’était pas là, on se demandait où elle était", s’exprimait une Namuroise.
La dame aux pigeons
Après quelques morceaux de Piaf, c’est une chanson originale, La Dame aux Pigeons, écrite par Cœur de Cactus, qui a résonné dans le quartier de l’église Saint Loup. "Cette dame donnait une vraie âme à Namur. Je ne connaissais pas son nom mais je la voyais passer, interpeller les gens, elle était colorée, très inspirante ", explique Catherine, la chanteuse du groupe. C’est donc tout naturellement qu’elle a voulu écrire une chanson sur elle. "Quand on voit quelqu’un qui reste dans la rue, on a tendance à juger, à fuir, à regarder ailleurs. Je voulais donc l’humaniser pour rappeler que c’est une personne qui boit, qui mange, qui a des rêves, qui a une histoire. Raconter qu’elle est comme nous au final. "
L’hommage s’est conclu par une interprétation collective de La Vie en rose.
"Il valait mieux la laisser chanter"
Les deux seules sœurs encore en vie de Florence Prignon, Andrée et Marie, étaient très émues de voir que leur sœur comptait dans le cœur des gens. "Je ne sais pas si c’est à nous qu’elle va manquer le plus, ou aux Namurois. Voir autant de monde prendre le temps de venir chanter, sous la pluie, des morceaux d’Édith Piaf, c’est très touchant."
Andrée reconnaît toutefois que sa sœur avait fort caractère. "On ne se voyait pas plus que ça. Quand ça arrivait, on se disputait plus qu’autre chose. Il valait mieux la laisser chanter. C’est quelque chose qu’elle faisait avec le cœur, simplement parce qu’elle aimait ça. " Accompagnées des nièces de Florence, les deux sœurs ont rendu un dernier hommage à celle qu’on surnommait "la môme du piétonnier".