Le combat d’une avocate dinantaise pour les victimes des attentats de Bruxelles
L’avocate Valérie Gérard, du barreau de Dinant, participe à un concours de plaidoiries. Elle profite de cette "tribune" pour défendre les droits des victimes des attentats. Un combat qui la touche profondément. Lors de ces atrocités, elle a perdu un proche.
Publié le 04-03-2023 à 18h00 - Mis à jour le 05-03-2023 à 08h16
:focal(544.5x371.5:554.5x361.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/SACISIYFL5FNHHOKZ4YKRDOLSI.jpg)
Le 22 mars 2016, Valérie Gérard a perdu sa nièce lors de l’attentat commis à la station de métro Maelbeek. Depuis lors, elle partage son temps entre le cabinet d’avocats situé à Rochefort où elle professe (chez Maître Valérie Pirson, ancienne bâtonnière du barreau de Dinant) et l’association d’aide aux victimes du terrorisme Life4Brussels. Une association créée au lendemain des attentats pour apporter aux victimes un soutien moral, une écoute, mais aussi une structure où trouver du réconfort. L’association compte aujourd’hui près de 600 membres, dont une majorité de victimes.
Au sein de l’association, Valérie Gérard s’est d’abord impliquée comme bénévole en assurant des permanences juridiques. "On s’est vite rendu compte qu’il y avait un manque cruel d’informations et de prise en charge pour les victimes qui n’avaient pas toujours conscience de leurs droits, raconte-t-elle. Au lendemain du 22 mars, il n’existait pas de statut particulier pour elles. Les gens ont dû se débrouiller. La plupart se sont retrouvés démunis. Au niveau des assurances aussi, c’était complexe. En fonction de la manière dont l’attentat s’était déroulé, les assurances intervenaient ou non."
Il a fallu attendre deux ans avant que le travail au sein de l’association soit reconnu et soutenu financièrement par la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Véritable porte-voix
Rapidement, l’avocate dinantaise sera amenée à aller plus loin, à défendre des victimes ou des proches de victimes, de plus en plus nombreux à rentrer au sein de l’ASBL, surtout à l’approche du procès. "Je suis intervenue pour une ou deux personnes. Et puis les demandes se sont enchaînées. Je me suis vite rendu compte que seule, je n’en sortirais pas." Elle imagine alors la création d’un collectif d’avocats (lire par ailleurs).
Au-delà de la défense proprement dite des victimes, elle tente en parallèle d’amender les lois. L’association Life4Brussels a plusieurs fois été auditionnée au sein du Parlement. Avec Valérie Gérard comme porte-voix. Elle s’est battue notamment pour la création d’un statut de solidarité nationale, pour l’octroi d’une pension de dédommagement, pour le remboursement des soins médicaux, pour la création d’un fonds de garantie, pour l’allongement des délais de prescription en matière d’aide et d’indemnisation pour les victimes du terrorisme mais aussi pour la mise en place d’un programme de déradicalisation dans le milieu carcéral.
Beaucoup de lacunes
Au-delà de ça, elle se démène aussi pour offrir un statut aux enfants victimes de ces actes barbares. Elle souhaite qu’ils soient reconnus "pupilles de la nation", comme en France (lire par ailleurs).
Le combat est vaste. "On parle du procès, mais il n’y a pas que ça", insiste Valérie Gérard. En sept ans, elle a constaté "quelques avancées", mais aussi beaucoup de lacunes au niveau des modifications dans la législation. "Au niveau de la mise en pratique, c’est complexe. Honnêtement, je m’arrache les cheveux."
Le dimanche 12 mars prochain, elle profitera de sa tribune à Caen en finale du concours de plaidoiries pour les droits de l’homme, pour tenter une nouvelle fois de faire bouger les lignes.