Le revival des petites salles de cinéma à Namur, Tamines, Couvin et Gedinne
Des tickets très peu chers en période de crise énergétique, une programmation culturellement riche: les petites salles de cinéma ont su rebondir.
Publié le 01-03-2023 à 07h05 - Mis à jour le 01-03-2023 à 09h34
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Les salles obscures ont repris une vie normale, après les épisodes de crises successives (Covid, crise énergétique) qui leur ont causé pas mal de tort. Mais quand même, si l’on rembobine le film, c’est sans égal avec l’année 2019.
Chez les Grignoux, qui gèrent notamment le Caméo de Namur, le sentiment global est que "2022 n’est pas une trop mauvaise année comparée à 2019, la dernière année complète. Pour Liège et Namur, il y a une chute de fréquentation de 25%. Si on ne prend que le Caméo à Namur, la baisse est de 11% seulement", partage Laurence Hottart, coordinatrice du Caméo.
En d’autres chiffres, 2019 c’était 162 000 tickets vendus contre 137 000 en 2022.
Très légère augmentation du ticket
Partout, les tenanciers de cinéma se battent pour maintenir des prix démocratiques. Il y va de la fidélité du public pour cette activité de loisir. "Notre ticket de cinéma est à 6 € et on ne souhaite pas l’augmenter. Le but n’est pas de s’enrichir mais de faire tourner l’outil et donner accès au cinéma", cadre Anne-Sophie Vandevoorde, du Ciné Gedinne. "J’aime rappeler qu’on est tous bénévoles, que c’est comme ça qu’on tient. On n’a que deux quart-temps, on ne peut engager plus. Mais ici on bénéficie d’une chouette aura car les gens de la commune étaient nombreux à avoir investi en 2018 pour la réouverture du cinéma", expose-t-elle.
Pour rentrer dans leurs frais, d’autres salles ont tout de même fait le choix d’augmenter légèrement le prix de leurs tickets. Le Caméo de Namur est passé de 6 à 7 €. Les Caméo de Tamines et Couvin ont fait de même. Cela reste peu élevé par rapport aux prix des grands complexes qui ont l’atout de proposer de multiples séances à des créneaux horaires variés. Dans un cinéma "Pathé", il faut compter 10,5 € le ticket adulte, 8,5 € le ticket étudiant et 8 € le ticket enfant. "Comment vous faites quand vous avez quatre gosses et que vous allez au Pathé ? Je me frotte les mains quand ils augmentent leur prix", commente Vivian Audag, gérant de Tamines et Couvin. "On travaille avec du pop-corn artisanal, chips et compagnie. Le tarif est plus élevé qu’en magasin mais ça reste de bonnes choses", poursuit-il.
Pour rendre les prix toujours plus attractifs et pour rentabiliser les projections en journée, le Caméo namurois se targue d’une politique originale: plus le client vient tôt dans la journée, moins il paie cher. En semaine, avant 16 h 30, la place est à 5 € seulement. Comment rivaliser ?
Une programmation profitable
Selon Laurence Hottart, au niveau de la programmation, la période post-Covid a été bien plus profitable aux petits cinémas qu’aux grands multiplex car il y a eu peu de grosses sorties. "Beaucoup de films sont sortis sur plateformes. Il y a en ce moment une démarche des studios de passer par le streaming." Or le public des cinémas indépendants ou associatifs comme les Grignoux est plutôt adepte de cinéma d’auteur, en version originale sous-titrée. Chez eux, Close de Lukas Dhont est le film qui a le mieux marché en 2022. Sans compter Réparer les vivants avec Bouli Lanners, sacré lors de la cérémonie des César vendredi dernier. D’autres très bons films sont actuellement à l’affiche: The Fabelmans de Steven Spielberg ou encore Aftersun de Charlotte Wells. Les vacances ne sont pas encore finies…
Besoin des films du box-office
Vivian Audag, du Caméo de Tamines et Couvin, insiste sur la nécessité de proposer des films valorisés au box-office pour contrebalancer avec des films d’auteur.
«Cette année, on a Avatar et Astérix et Obélix. Bien qu’on ait crié au navet, pas mal de gens sont venus le voir. Alibi.com arrive derrière.», examine-t-il. Pour ce qui concerne les films en 3D, le gérant refuse de s’y soumettre : «Ça reste très mauvais pour les yeux des enfants et personne n’en parle. J’ai plein de clients qui s’excusaient d’être allés le voir en 3D. Ceux qui n’aimaient pas sont venus le voir chez nous, ça a permis de faire un beau mois de janvier», témoigne-t-il. C.C.