Extension des zonings en province de Namur: ça finira par caler
Les parcs d’activité économique en province de Namur continuent de se développer. Problème ; on mord sur des terres que la Région wallonne veut de moins en moins "artificialiser". Or, chez nous, les friches à réhabiliter, ça n’existe que peu, ou pas.
Publié le 28-02-2023 à 06h00
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La branche "Expansion" du BEP (Bureau Économique de la Province de Namur) gère les parcs d’activité sur un immense ressort: 38 communes de trois arrondissements: Namur, Dinant et Philippeville. On parle de 36 zonings, où sont installées 1541 entreprises, cela représente 18291 emplois. D’où l’importance de prendre le pouls de ce vivier chaque année. Exercice récurrent, auquel s’est appliqué ce lundi le président de BEP Expansion, le Cinacien Jean-Marie Cheffert (MR), aux côtés du directeur général du BEP, Renaud Degueldre.
Une conférence de presse pour annoncer de bonnes nouvelles. Il s’agissait de commenter les résultats de l’année écoulée, 2022. Ils sont bons, malgré les aléas qui se sont succédé: Covid puis guerre en Ukraine. Et maintenant, la hausse des taux d’intérêt, paramètre de première importance pour des investisseurs, qui continuent malgré tout à investir.
De très gros investissements
Par rapport à 2021, tout va (encore) mieux en 2022. Davantage de ventes de terrains (39 contre 34), davantage de créations d’emplois (411 contre 390) et surtout beaucoup, beaucoup plus de sommes investies: on passe de 59 millions d’euros en 2021 à 126 millions l’année passée. Une hausse exponentielle due à de très gros dossiers. En premier lieu, celui de la création d’un centre logistique de l’entreprise pharmaceutique GSK sur le zoning de Créalys (Gembloux), par l’intermédiaire de Yusen Logitics Benelux. Coût: 75 millions d’euros. Important investissement également à Écolys (Suarlée), où la Sowaer va installer une tour de contrôle "virtuelle" pour les aéroports de Liège et de Charleroi: 8 millions d’euros. Sans oublier Diabeticom/Nutradia (production de snacks diététiques) qui sort 18 millions d’euros en quittant le zoning de Seilles pour Mécalys (Andenne).
Pour toutes ces activités, il faut de la place. Environ 20 hectares de superficie ont été vendus, l’an passé. D’ici la fin de 2025, on pourra ajouter 90 hectares mis à disposition des entrepreneurs désireux de s’installer dans nos parcs d’activité économique. Il faut voir de plus en plus grand: le taux d’occupation global des zonings en province de Namur est de 92,6%.
0,6% du territoire
Ça marche, ça progresse d’année en année, on s’en réjouit tous les ans, dixit le président de BEP Expansion, Jean-Marie Cheffert. Mais ce dernier tempère son enthousiasme par un bémol sur les réalités futures. Il le rappelle, le gouvernement wallon a décrété que l’"artificialisation" des sols devra être nulle à l’horizon 2050. Remarque: "Si on veut avoir une économie performante et un taux d’emploi de 80%, il faut quand même que des entreprises puissent se développer. Avec des parcs d’activité à saturation, on fait quoi ?" Jean-Marie Cheffert rappelle qu’en province de Namur, les parcs d activité ont avalé 0,6% du territoire, pas plus. En Wallonie, la moyenne tourne autour des 1%
Chez nous, pas de friches à réhabiliter
On sent qu’à un moment, ça risque de caler. Le directeur général du BEP, Renaud Degueldre, révèle qu’à chaque procédure de permis, désormais, l’Urbanisme demande s’il n’y a pas d’alternatives, susceptibles d’épargner du territoire. Pour répondre de manière motivée, ajoute M. Degueldre, au sein du BEP, une étude a comptabilisé les éventuelles zones à réhabiliter, sur tout le territoire provincial. En gros, il n’y en a pas. Pas de grandes friches industrielles, contrairement par exemple aux réalités hennuyères ou liégeoises. Renaud Degueldre le signale, sur Namur capitale et environs, "dans trois ans, on aura du mal à accueillir de nouveaux investisseurs". Les très hypothétiques sites à réhabiliter, sur une compilation de 500 ou 600 possibilités, souvent petits et mal foutus, "ne seront pas une solution pour le Namurois", prévient Renaud Degueldre.
Le président de BEP Expansion, Jean-Marie Cheffert, commente en substance qu’au niveau économique, à un moment, il faut savoir ce que l’on veut. Selon lui, le gouvernement wallon (sa formation, le MR, en fait partie, et non la moindre des parties) a peut-être serré la vis un peu fort. Mais ce qui est vrai aujourd’hui, en politique, ne le sera peut-être plus demain ou après-demain.
En attendant, les parcs d’activité économique en province de Namur continuent à faire le plein et à grandir, d’année en année.