Un an de d’accueil des réfugiés ukrainiens : L’asile, un nouveau métier wallon
L’asile est une compétence fédérale. Mais pour les réfugiés ukrainiens, les entités fédérées ont aussi mis la main à la pâte.
Publié le 27-02-2023 à 18h42 - Mis à jour le 27-02-2023 à 18h43
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Ce que l’Europe décide ne se discute pas, mais s’applique. C’est le sentiment perçu au sein des administrations en février 2022, au lendemain de la directive européenne d’accorder le statut de protection temporaire à tous les Ukrainiens qui fuient l’invasion russe.
En Belgique, la coordination obligée entre les niveaux de pouvoirs a accouché d’un partage de frères. Le fédéral gère l’accueil de crise via Fedasil, soit l’enregistrement et les premières nuits des Ukrainiens sous le ciel belge. Et tout le reste, grosso modo, est à charge des entités fédérées (et des communes, réalité de terrain oblige). Pour l’administration wallonne, qui n’a pas la politique de l’asile dans ses compétences, c’est un nouveau métier à apprendre. Et ce, en temps de crise.
Une cellule inédite
Le 15 mars, sur la suggestion de sa future responsable, Christine Ramelot, la cellule de coordination de l’accueil des réfugiés ukrainiens est mise en place. Il s’agit d’un ensemble d’acteurs pluridisciplinaires, issus de l’action sociale, la gestion de crise, la santé, les statistiques ou encore l’enseignement. "Il a fallu inventer un nouvel outil" raconte Christine Ramelot.
Dans un premier temps, la vague de solidarité citoyenne a offert une bouffée d’air à la cellule, avec des solutions de logement adaptées aux 1 300 réfugiés ukrainiens enregistrés chaque jour à Bordet. Les particuliers ont pallié le manque flagrant de lits pour des candidats réfugiés dans un contexte de crise structurelle de l’asile en Belgique.
Dès mai 2022, cependant, cet élan de solidarité citoyenne a pris du plomb dans l’aile. La fatigue des hôtes, le besoin d’intimité ou de vacances sont autant de raisons qui les ont poussés à se séparer de leurs colocataires ukrainiens.
Essuyer les plâtres
Les communes, surchargées, ont alors bricolé pour dénicher de nouvelles places d’accueil. En pestant sur la Région, la Fédération Wallonie-Bruxelles et le cabinet du ministre du logement Christophe Collignon, accusés d’être aux abonnés absents. "On n’a pas perçu sur le terrain la moindre aide pratique concrète de la Région" tançait Maxime Prévot, bourgmestre de Namur (Les Engagés) en décembre.
La cellule de coordination essuyait les plâtres, mais ne chômait pas. Via les gouverneurs, elle négociait des conventions avec des propriétaires d’hébergements collectifs et, surtout, rédigeait un marché public à la recherche d’un prestataire capable d’assurer l’accueil et la gestion des réfugiés dans les futurs centres. "Il y avait un engagement, que personne ne se trouve à la rue. On s’en est bien tiré pour une première" souligne aujourd’hui Christine Ramelot. Les premiers centres ont été ouverts au cœur du mois d’août. Aujourd’hui, plus de 1300 places sont disponibles en hébergements collectifs conventionnés, occupées à 80%. D’ici la fin de l’année, il y aura 3 500 lits ouverts en Wallonie. Dans des hébergements collectifs et une quarantaine de logements modulaires. "Ces logements modulaires serviront pour d’autres crises ou dans le cadre de la politique sociale du housing first, pour un public défavorisé."