Carnaval de Vierves: la mission des rimeurs, protéger les jeunes filles
Selon la tradition, en rimant les amourettes des jeunes filles, les rimeurs les détournent de la convoitise du seigneur de Vierves.
Publié le 21-02-2023 à 14h57 - Mis à jour le 21-02-2023 à 14h58
La veille du Mardi gras, à Vierves-sur-Viroin, c’est le jour des rimeurs. Cette coutume très ancienne consistant à rimer les jeunes filles du village était une façon de les protéger du seigneur de Vierves. Comme celui-ci disposait du droit de cuissage, les rimeurs jouaient un rôle protecteur pour les filles.
Pour y parvenir, une sorte de tribunal populaire était organisé par les jeunes hommes. L’unique but était de faire connaître, à tous les gens de la localité, les amours des jeunes filles, en ternissant ainsi leur réputation. De cette façon, le seigneur du village ne s’intéressait plus à elles. Il ne les regardait même plus et s’en détournait. Le carnaval de Vierves a été créé dans les années 30. À l’époque, pour le folklore, les organisateurs ont tenu à remettre au goût du jour cette pratique ancestrale.
Divulguer les amours naissants
C’est ainsi que, durant la période qui précède le Mardi gras, les garçons se renseignent sur les amours naissants des demoiselles. Lorsqu’ils ont recueilli tous ces renseignements, ils se rassemblent et composent ensemble des rimes en wallon sur ces amourettes.
Le Lundi gras, en fin d’après-midi, ils partent de la place de l’église avec leur planche en bois sur laquelle sont représentées les différentes jeunes filles sous forme de figurines. Lorsqu’ils approchent de la maison de la personne qui va être rimée, ils annoncent leur arrivée par une énorme pétarade.
Des poupées de bois
Ce lundi, c’était le cas devant l’habitation de Clarisse Dupont, la première rimée de l’année à Vierves. C’est que, en stage comme sage-femme actuellement à Namur, elle devait être sur son lieu de travail deux heures plus tard. Les rimeurs ont été accueillis par toute la famille et les amis. Une fois tout ce petit monde installé dans le logis, un des rimeurs a désigné une poupée en bois et lui a soulevé la jupe pour désigner la fille du lieu. Il a ensuite déclamé la rime sur un ton chantant.
"On vos a vèyu din les campagnes al maraude aux canadas !", lance-t-il à Clarisse. Et d’enchaîner avec d’autres "révélations" savoureuses. Privilège pour une rimée, elle peut se faire lire la rime d’une amie.
Si l’exercice peut s’avérer quelque peu gênant, être rimée est un véritable honneur aux yeux des parents et de toute la famille présente. De leur côté, les jeunes filles de Vierves ne voudraient louper cette coutume pour rien au monde.