L’enfance et la migration au cœur de l’UNamur
La faculté de droit lance la 1re édition du Fil Rouge, en référence à l’affaire Mawda, qui propose de multiples activités pédagogiques.
Publié le 19-02-2023 à 17h38 - Mis à jour le 19-02-2023 à 18h08
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L’État belge est-il responsable de la mort de Mawda, fillette migrante tuée en mai 2018, à Mons, lors d’une opération de police ? C’est à cette question que doit bientôt trancher le Tribunal de première instance de Bruxelles, près de cinq ans après les faits. Le tout en tenant compte de douze griefs, ciblés par l’association Défense des enfants International (DEI) Belgique sur base d’un dossier de 7000 pages, qui accablent directement l’État.
En référence à cette affaire judiciaire, la faculté de droit de l’UNamur vient de lancer la 1re édition du Fil Rouge à partir de la thématique Enfance et migration. Objectif: faire travailler l’ensemble des étudiants et enseignants de la Faculté, tous programmes confondus, autour d’un même sujet via de multiples activités.
À cette occasion, les étudiants étaient invités, ce 14 février, a assisté à la projection du documentaire Je n’aime plus la mer, qui dépeint la situation d’enfants réfugiés dans un centre d’accueil. Projeté dans le cadre du cours Droit de la jeunesse de Géraldine Mathieu, ce film d’Idriss Gabel a été suivi par un échange avec trois intervenantes de la Croix-Rouge et d’un mineur étranger non accompagné (MENA) âgé de 17 ans, qui a accepté de participer à cette rencontre. «Je voulais partager mon expérience avec les élèves pour qu’ils puissent se rendre compte de la réalité de mon parcours», raconte le réfugié d’origine africaine, arrivé depuis un an en Belgique. Durant l’animation, chaque étudiant a pu ainsi se forger une idée davantage objective du quotidien des migrants, De quoi permettre également aux enseignants d’illustrer leurs matières avec les exemples abordés lors du programme.
Activités multiples
Outre cet événement, les étudiants ont déjà pu profiter, au premier quadrimestre, de multiples activités liées au Fil Rouge. À l’image de tandems avec un Mena ou encore la projection du film Tori et Lokita, suivie d’une discussion avec un psychiatre et d’une coordinatrice de la Croix-Rouge. Sans oublier un procès simulé durant lequel les élèves pouvaient se glisser dans la peau de faux avocats et substituts du procureur pour débattre sur un dossier d’accueil de migrants. Une approche pédagogique qui a été enrichie par un feed-back d’Alexis Deswaef, avocat spécialisé dans la défense des droits humains. "Ce procès simulé permet aux étudiants de vivre des éléments concrets en tant qu’acteur, tout en abordant des matières telles que la procédure pénale ou encore la désobéissance civile", souligne Marie-Amélie Delvaux, professeure de droit judiciaire, à l’initiative du projet.
"S'impliquer davantage dans les activités de l'université"
Présent lors de cette expérience immersive avec quinze autres camarades, Amani n’est pas resté indifférent à cette approche pédagogique. "Elle nous donne un aspect pratique du droit pour être un vecteur de changement dans la société, estime cet étudiant en Bac 3. Le temps d’un procès simulé, nous voyons aussi, grosso modo, pas moins de cinq chapitres vus durant nos cours et nous pouvons ainsi faire des liens entre eux."
Le procès a également permis aux étudiants différenciés de tisser des liens avec les autres élèves en cours du jour. "Ce concept nous permet d’être impliqué davantage dans les activités de l’université, auprès d’étudiants que l’on ne croise pas en temps normal", estime Adèle, étudiante de droit à horaire décalé.
Dans les prochaines semaines, ces interactions académiques se poursuivront également avec un concours photo sur le thème Sommes-nous tous des migrants ?.
Et en apothéose, un match d’impro viendra clôturer, le 19 avril, cette première édition du Fil Rouge qui ne devrait pas être la dernière. ""Pour l’année prochaine, nous réfléchissons déjà à évoquer des thématiques que le harcèlement, l’environnement ou encore la question du genre. Mais notre choix n’est pas encore fixé", précise la coordinatrice pédagogique Élise Defreyne, autre tête pensante du projet. Encore un peu de patience donc pour connaître la suite de cette aventure fédératrice.