Yvoir : Joseph est payé pour partir quatre mois faire le tour du monde en bateau
Originaire de Mont-Godinne (Yvoir), Joseph Defresne travaille pour la compagnie MSC Cruises depuis trois ans. Début janvier, il est parti pour un tour du monde de quatre mois en mer. Une expérience de vie pour le jeune " hôte international " de 28 ans qui entend bien prendre du galon dans la société.
Publié le 31-01-2023 à 06h28 - Mis à jour le 31-01-2023 à 08h28
Les croisières, il est tombé dedans quand il était petit. Avec ses parents, Joseph Defresne a souvent voyagé par ce biais. Il y a pris goût, au point d’en faire son métier. Après des études de tourisme à l’Isalt (Bruxelles), il signe en 2019 un premier contrat avec MSC. "Je voulais vivre cette expérience-là et voir si ça me plaisait ou non car ce n’est pas une vie évidente." Il a mordu à l’hameçon. "Je suis tombé dedans et j’y reste. J’aimerais grandir dans la compagnie, devenir directeur de croisière, gérer tout ce qui est divertissement à bord. Mais on n’y est pas encore (rires). "
117 jours, 53 escales
Le 5 janvier dernier, il est monté à bord du Magnifica, pour quatre mois de tour du monde au départ de Gênes (Italie). Après Gibraltar, le périple traverse l’Atlantique, longe le Brésil pour rejoindre Ushuaia (Argentine), puis traverse le Pacifique en direction de l’Océanie, en passant par la Polynésie. S’en suivent des arrêts en Inde, au Sri Lanka puis retour à la Méditerranée par le canal de Suez.
"Je n’y croyais pas lorsqu’on me l’a annoncé en juillet dernier, souffle Joseph, en train de siroter une noix de coco dans la vieille ville de Salvador de Bahia (Brésil), là où le bateau fait escale lorsque nous l’avons au bout du fil et qu’il profite d’une pause. J’ai vraiment réalisé l’expérience folle que j’allais vivre lorsque j’ai traduit le discours du commandant." Car son rôle à bord, en tant qu’hôte international en poste au cœur de l’hôtel flottant, c’est d’être le référent au niveau de la langue de Voltaire. "Je suis la voix française du navire. Je fais les annonces, je traduis le programme des activités, j’accueille les passagers aux événements organisés, je pars traduire lors des excursions si le guide ne parle pas français, etc." En tout 53 escales sont prévues. "On reste deux jours dans neuf ports, sinon, c’est toujours une journée." À cela, il faut ajouter les jours et les nuits d’affilée en mer (maximum 5) sans escale.
2 000 passagers (dont 750 francophones) ont embarqué à Gênes. Des retraités surtout, mais aussi quelques jeunes couples. On compte également 32 enfants. Ils sont encadrés par 900 membres d’équipage. La plupart des passagers sont partis pour un tour du monde complet de 117 jours. Seuls 10% d’entre eux font un segment du périple qui peut être divisé en trois: Gênes-Valparaíso (Chili), Valparaíso-Sydney (Australie) et Sydney-Gênes.
Jusqu’à 40 000 €
Sur le paquebot, le personnel se doit d’être toujours de bonne humeur, serviable, souriant. "O n est là pour donner du bonheur aux gens, un peu comme les personnes qui travaillent à Disney. Les croisières, ça reste un mythe. Beaucoup de gens rêvent d’en faire une dans leur vie ." Une posture de gentil organisateur parfois compliquée ? "Comme j’aime mon boulot, ce n’est pas un problème. Je suis payé pour faire le tour du monde… alors que les passagers ont déboursé 20 000 € par personne, voire 30 000 ou 40 000 € selon les suites, les excursions , les à- côtés. Je ne vais pas me plaindre !" Le job n’est pourtant pas simple. La cadence est soutenue. "C’est une vie indescriptible, c’est du 10 à 12 heures par jour, 7 jours sur 7, en étant jamais vraiment tranquille. Il faut le vouloir. Avec les collègues, on est H24 ensemble, il n’y a pas d’échappatoire. Je suis facile à vivre, un peu caméléon. Mais c e n’est pas toujours un monde de bisounours."
Son truc, lorsqu’il a un coup de mou: appeler sa famille, s’isoler dans sa cabine, regarder un film. Joseph est conscient qu’un tel rythme est difficilement conciliable avec une vie de famille. "À un moment donné, il faudra faire des choix. Pour l’instant, je préfère mettre ma carrière en premier, évoluer et grandir. Je verrai où l’océan me mène."