Des mannequins qui saignent, suent et parlent au CHU de Mont-Godinne
À l’ombre de l’hôpital de Mont-Godinne se trouve un nouveau " centre de simulation " destiné à tous les métiers de la santé. Où s’exerceront notamment les élèves de trois écoles provinciales, une convention en ce sens a été signée lundi.
Publié le 30-01-2023 à 17h09 - Mis à jour le 30-01-2023 à 17h45
Le principe d’une collaboration avec le centre de simulation du site Mont-Godinnois du CHU UCL a été voté vendredi passé en réunion du conseil provincial. À l’unanimité moins une abstention. Il n’a pas fallu attendre longtemps pour que le protocole d’accord soit signé. C’est chose faite depuis ce lundi matin.
Trois écoles provinciales qui forment à divers métiers de la santé pourront envoyer des élèves dans ce centre, selon des modalités concrètes à encore préciser. L’encre des paraphes est à peine sèche. Il s’agit de la Haute École de la Province de Namur, de l’école provinciale secondaire en soins infirmiers et de l’institut provincial de formation sociale. Les "stagiaires" pourront profiter de ce nouveau centre de simulation, opérationnel depuis quelques semaines. Il en existait auparavant une version plus modeste. Les technologies évoluent continuellement, les métiers du médical et du paramédical aussi, on mise sur les méthodes d’apprentissage innovantes dans ce genre de structure, comme il en existe dans divers hôpitaux ou universités. Ils servent tant à de l’écolage qu’à des formations continues.
Un scénario, son application, un débriefing
On parle de quoi, exactement ? Tout est dans le nom: simulation. De situations les plus proches possibles de la réalité, mais sans mettre en danger de vrais patients… et sans stresser les étudiants, qui doivent prendre de l’assurance. Les "clients" de ce centre désormais "au top" seront donc notamment issus d’écoles provinciales.
Les représentants de la Province, une fois le partenariat signé, puisque ça s’est fait sur place, ont eu un aperçu des infrastructures et des méthodes utilisées. Le matériel sert à jouer des scénarios. En matière de santé, ils sont quasiment infinis. Le but: réagir adéquatement, le débriefing étant tout aussi important.
Visite guidée avec la Professeure Laurie Putz, anesthésiste et coordinatrice du centre de simulation. Dans l’une des salles, du matériel somme toute assez simple. Apparemment en tout cas. Par exemple, un bras artificiel pour s’exercer à poser des perfusions. On peut modifier la difficulté, en modifiant le réseau veineux, du très facile avec des veines très visibles, au plus compliqué, avec celles difficiles à trouver. Dans cette salle, on passe du torse pour s’exercer à la réanimation cardio-pulmonaire au travail sur les escarres.
L’autre salle d’application de l’art de soigner est nettement plus high-tech. Là, se trouve un mannequin surnommé "Monsieur Martin" qui peut suer, cligner des yeux, saigner (il est rempli de liquide), avoir le cœur qui s’emballe, subir une crise d’épilepsie etc. De plus, ce malade répond aux interpellations des soignants. Tout est dirigé depuis une cabine, derrière une vitre sans tain. Aux commandes ; un "technicien en simulation".
Dix-sept formateurs
L’intérêt de cette forme d’apprentissage est également de faire se croiser sur place plusieurs disciplines, de les faire interagir. Beaucoup d’erreurs médicales sont dues à un déficit de communication. L’enjeu est important, explique la Professeure Putz: les erreurs médicales, c’est la troisième cause de décès. Elle en est convaincue, l’enseignement par simulation est et sera de plus en plus indispensable. Et d’annoncer des développements révolutionnaires avec la réalité virtuelle: on met un casque, on est plongé au cœur de n’importe quelle situation, dans un incroyable réalisme.
L’équipe de formation est composée de 17 collaborateurs du CHU UCL Namur, issus des trois sites hospitaliers que sont Dinant, Mont-Godinne et Sainte-Élisabeth. Ils ont été certifiés dans la pratique de la simulation en suivant un cursus donné par trois experts de Genève.
Le but, répétons-le, est d’apprendre, en amont et tout au long d’une carrière, y compris par le biais de jeux de rôles et de toutes les nouvelles méthodes qui seront créées au fil des expériences. Cela s’appelle de la recherche.




