Distrait, il avait causé un grave accident à Hemptinne : un papa était mort, 3 enfants avaient été blessés
Un trentenaire a comparu mercredi au tribunal de police de Namur pour avoir provoqué un accident à Hemptinne dans lequel un père est mort et trois enfants ont été blessés.
Publié le 25-01-2023 à 17h52 - Mis à jour le 25-01-2023 à 18h16
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Un accident qui pourrait arriver à Monsieur tout-le-monde: ce 1er septembre 2020, la journée s’achève sous les derniers rayons du soleil lorsqu’un jeune homme en provenance de Forville se dirige vers Orp-Jauche, dans le Brabant wallon, à bord de sa Kia.
Sur le coup de 19h15, à hauteur du carrefour formé par la rue de la Soile (N984) et le chemin de Namur (N924) à Hemptinne (Fernelmont), il coupe la route à une Alfa Roméo conduite par Jean-Michel, qui circulait avec trois enfants d’une dizaine d’années à bord, soit ses deux fils et un ami de ces derniers.
Le choc ne laissera aucune chance au père de famille qui meurt sur le coup. Deux enfants sont grièvement blessés et le troisième est plus légèrement blessé mais fortement choqué. Le conducteur de la Kia est aussi grièvement touché.
« Fatalité non coupable »
Mercredi, il s’est expliqué au tribunal de police sur ce dramatique fait divers qu’un expert automobile a attribué à une "défaillance humaine".
"Il n’est pas question d’alcoolémie, de drogue au volant ou d’une vitesse excessive comme c’est souvent le cas dans les accidents mortels, relève le substitut du procureur du Roi, Serge Mottiaux. Il ne s’agit pas non plus d’un multirécidiviste. Je dirais que c’est une fatalité non coupable dans le sens où la faute en soi n’est pas grave mais les conséquences sont énormes."
Le jeune homme est en effet pétri de remords et ne s’en remet pas. "Il faisait magnifique ce jour-là. C’était une période ou j’étais en blocus mais j’étais serein et je ne roulais pas vite. J’avais plein d’idées en tête. J’étais content de faire enfin une pause après avoir passé deux semaines dans mes livres, se souvient-il. Et puis, il y a eu l’accident, je ne m’attendais pas à ça." Ses souvenirs sont flous. Selon son avocat, Me Hermand, il ne connaissait pas les lieux et ne s’est pas rendu compte qu’il abordait un carrefour. D’après lui, la signalisation était insuffisante. "Il s’agissait d’un signal B1, qui correspond à un panneau pour céder le passage. C’est devenu un “Stop” suite à l’accident, explique-t-il. La Région wallonne a considéré que ce carrefour était très accidentogène et qu’il n’était pas assez sécurisé."
Une amende et 3 mois de déchéance requis
Alors que dans beaucoup d’affaires, les coupables fuient leurs responsabilités et le regard des familles de la partie adverse, ne se remettent pas en question voire ne s’excusent pas, le prévenu s’est excusé, les yeux dans les yeux, auprès de la maman d’un des garçons blessés. Son fils, Florian, était un ami proche des deux autres enfants. "Il y a plein de choses qu’il ne peut plus faire, comme le foot. Il refuse d’aller en voyage scolaire car il a des cicatrices à la jambe. Il souffre du regard des autres, a-t-elle relaté à l’audience. Ce n’est plus le même petit garçon qu’avant. Il a une rage en lui." L’enfant a subi une trentaine d’opérations depuis l’accident pour tenter de retrouver la mobilité de sa main droite. "Il court les hôpitaux de façon hebdomadaire. Les greffes ne tiennent pas, indique Me de Borman. Madame assume seule car le papa se réfugie derrière une forme de déni. Je dis cela sans jugement. Toujours est-il qu’elle est à bout et en incapacité prolongée. Le but n’est pas de sortir les violons mais de refléter une réalité." Une expertise est en cours pour déterminer et chiffrer le dommage.
Le père de Jean-Michel s’est aussi constitué partie civile. Lui qui vivait avec son fils et ses deux petits-fils, dont Jean-Michel avait la garde exclusive, s’est retrouvé dans une profonde solitude psychologique. La mère a repris la garde des deux enfants mais, au tribunal, ils n’étaient ni présents ni représentés par un conseil. "Une maman qui se désintéresse des intérêts civils de ses enfants, c’est malheureux", a commenté le substitut. Ce dernier requiert une amende de 400 €, trois mois de déchéance du permis de conduire et l’obligation de repasser les quatre examens pour le récupérer. Il ne s’oppose pas à une mesure de faveur. Pour lui, c’est un coup du sort qui pourrait arriver à n’importe qui. Il retient entre autres la remise en question du prévenu et son sentiment de culpabilité qu’il qualifie de "réels et sincères" et son absence d’antécédent judiciaire. L’automobiliste connaîtra son jugement dans un mois.