L'année 2022 vue par les photographes de presse namurois
2022, plombée, libérée du Covid et défunte. Neuf photographes nous y renvoient de leurs regards, tantôt bruts tantôt tendres.
Publié le 20-01-2023 à 22h13 - Mis à jour le 20-01-2023 à 22h21
:focal(545x398:555x388)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/ZIT52BEDZZAXVGYU2CILCLXR4E.jpg)
Janvier rime depuis toujours avec les rétrospectives. Alors, demi-tour toute dans 2022, dans ses souvenirs et dans ses archives encore fumantes de ce qu’elle a drainé d’actualité chaude et charrié d’images chocs, tour à tour dramatiques et joyeuses. Tantôt décalées et intimistes, tantôt tendres et insolites. À chacun son trip.

Parmi ces rétros qui ont déferlé, il en est une, strictement photographique, singulière en ce qu’elle joue dans la cour de l’entre-soi namurois.
Vous souhaitez faire un tour sur le carrousel aux images de 2022, qui s’est donc arrêté de tourner le 31 décembre à minuit ? La Ville de Namur vous invite à la galerie du Beffroi, et à vous défouler les pupilles à votre guise dans les atmosphères de 72 arrêts sur images. Depuis 30 ans en effet, les chasseurs d’image locaux y livrent leurs photos coups de cœur. Huit, pas plus, extraites du magma des événements qu’ils ont couvert et souvent mitraillé en première ligne, avec leurs tripes de photographe de presse.
Une photo, une histoire
"Traditionnellement, et parce qu’elle se perpétue depuis trois décennies, c’est l’expo phare de l’année", souligne Valérie Sacchi, la chargée de communication du Service de la Culture de la Ville de Namur.
Lors de la première édition, en 1998, les clichés déployés dans le hall d’accueil de l’hôtel de ville ne remontaient que dans le temps de l’actu namuroise, bien moins sombre qu’ailleurs. Depuis 2015, la rétro arpente l’univers. Elle brosse un panorama du monde. L’an 2022 retiendra deux événements majeurs: le déclenchement de la guerre en Ukraine et la mort, à 94 ans, de l’inoxydable Reine Elizabeth d’Angleterre et, dans une moindre mesure, la Coupe du Monde de foot au Qatar. Dans ces registres internationaux, John Thys (des agences Belga et France Presse) a saisi les larmes d’une manifestante devant le Parlement européen après l’invasion de l’Ukraine. Tandis que Jean-Christophe Guillaume (La Libre Belgique/La DH Les Sports) a capturé l’émotion d’une dame déposant une bougie devant les grilles de l’ambassade d’Ukraine.
Outre-Manche, Olivier Hoslet (Epa Images) a passé onze jours à Londres pour couvrir les funérailles de la Reine Elizabeth II. D’entres tous ces moments suspendus, arrêt sur l’image insolite du corbillard ramenant la dépouille de la souveraine au Château de Buckingham,
Bruno Fahy (Agence Belga), photographe des Diables rouges, signe une image forte intitulée Le temps des adieux, avec Roberto Martinez enlaçant un Jan Vertongen effondré après le match nul contre la Croatie.
"Cependant, la grande majorité des photos ont été prises à Namur et en Belgique, dont une série touche à la culture et au folklore", poursuit la chargée de communication, qui relève une grande variété de sujets abordés, certains jubilatoires, et de portraits de personnalités diverses où les visages, libérés du masque, se réenivrent de l’air du temps. Dont celui, signé Jacques Duchateau (L’Avenir), doyen de la rétrospective, de Christine Mahy, porte-drapeau de la lutte contre la pauvreté. Au rayon des portraits, Vincent Lorent (Free Lance/L’Avenir), sur la route du Tour de France, à Cul-des-Sarts, a rencontré une redoutable concurrente : une dame armée d’un Kodach jetable pour attraper le coup de pédale d’un champion de la route.
Pour Florent Marot (L’Avenir), une bonne photo de presse raconte toujours une histoire. Une seule fraction de seconde, arrachée au bon moment, plante un décor, campe un personnage, éveille une émotion. Florent raconte Alexandre le Molon, Manon la combattante sur échasses, Katia à la rue, Asaf posant entre ses deux chiens en coulisses, Monika et son fils dans un magasin de farces et attrapes.
Toujours près de chez nous, à Dinant, Jean-Pol Sedran a encadré dans ses pixels les Joutes nautiques de La Plante et la Régate des baignoires de Dinant. Il a aussi portraitisé Hugues Aufray en noir et blanc, au centre culturel de Dinant. Un petit nouveau a débarqué dans la galerie: Mathieu Golinvaux (L’Avenir). Avec des photos faisant le grand écart. Du marché de Karatu, en Tanzanie, où il a accompagné l’ONG Îles de Paix, au mariage glamour de la fille de la princesse Astrid, Maria-Laura.
Quel que soit le millésime, la rétro des photographes Namurois fixe des combats, retient des chagrins, alterne le beau et le moche. Même tristes, les images témoignent de cette fureur de vivre chevillée à la société humaine. Mais celle-ci, en prenant un ample recul, n’empêche pas de voir ses désespérants abîmes.
Jusqu’au 12 février Les photographes namurois sont Jacques Duchateau, Bruno Fahy, Jean-Christophe Guillaume, Olivier Hoslet, Vincent Lorent, Florent Marot, Jean-Pol Sedran, John Thys et, nouveau venu, Mathieu Golinvaux.
À découvrir à la Galerie du Beffroi jusqu’au 12 février. 081 / 22 84 76. Du mardi au samedi de 11h à 18h et le dimanche de 12h à 18h. Entrée gratuite www.namur.be/galeriedubeffroi
Musique à tous les étages
Parallèlement, 5 photographes, Namurois eux aussi, Albert Blond, Olivier Cellière, Pierre Decœur, Thierry Dupièreux, et Martin Leboutte exposent, en cette année de résurrection de la culture, des photos de bonheur musical à l’occasion des 10 ans de "Musiques à tous les étages".