Bièvre : s’entraîner, progresser grâce à un coach… virtuel
Originaire du village de Gros-Fays, Laurent Baijot a lancé une application de coaching virtuel en course à pied, selon un programme sur mesure. " Formyfit " s’adresse à tous, mais surtout aux écoles, pour lutter contre la sédentarité des jeunes.
Publié le 19-01-2023 à 21h12 - Mis à jour le 19-01-2023 à 21h35
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Céline s’est fixé un objectif: courir le marathon de Paris le 2 avril prochain. Pour se préparer, elle peut compter sur… son coach virtuel. Connectée à son smartphone via une oreillette, elle s’entraîne du côté de Lavaux-Sainte-Anne, sans devoir faire appel à un coach physiquement présent. Son programme est calculé sur base d’un "audit" de son niveau de forme. Grâce à des algorithmes, à l’intelligence artificielle, à la géolocalisation, l’application lui propose un plan sur mesure qui lui permet d’atteindre ses objectifs en rythmant intelligemment ses efforts. Cette toute la plus-value de l’outil.
Derrière l’application Formyfit se cache Laurent Baijot, un entrepreneur originaire de Gros-Fays (Bièvre) qui réside dans le Tournaisis. L’objectif du programme, qu’il a co-imaginé, c’est de soutenir les sportifs confirmés, mais surtout de redonner goût à la course à pied, à la pratique du sport, aux adolescents devenus trop sédentaires depuis les années 2000 et l’arrivée du smartphone. "La condition physique des jeunes a baissé de 30%. Cela va avoir un impact sociétal catastrophique. Cela augmente les risques de diabète, d’obésité, d’hypertension. Actuellement, on compte 700 000 diabétiques en Belgique. En 2023, on va dépasser le million . L’application a un objectif de prévention." D’après lui, les deux sessions de 50 minutes de sport à l’école par semaine sont insuffisantes, d’autant que l’OMS recommande une heure de sport intensif rigoureux par jour aux moins de 18 ans.
Des devoirs, même pour le cours de gym
Formyfit a fini par couler de source. L’application s’adresse principalement aux élèves et à leurs professeurs d’éducation physique. "Dans toutes les écoles, en début d’année, on fait de l’endurance. Les jeunes en difficulté, même s’ils donnent tout, souffrent. On finit par les dégoûter de la course à pied. L’idée, c’est de reprendre du plaisir avec le sport, de ne plus se faire mal. De remotiver les plus faibles, sans qu’ils soient stigmatisés."
Laurent Baijot souhaite redonner un rôle central aux profs de gym qui, grâce à l’application, peuvent proposer, c’est une première, des "devoirs" en éducation physique. "Le coach virtuel va autoguider le jeune. Le professeur, derrière, grâce au fait que l’application est connectée à un programme sur son ordinateur, est un appui. Il peut suivre et soutenir l’élève dans ses efforts." Car l’application est conçue pour permettre à chacun, en fonction de son niveau, d’avoir dans les écouteurs le coach idéal, où et quand il veut.
Laurent Baijot n’oublie pas d’où il vient. "Trouver un coach, avoir accès à un club de sport, dans un petit village reculé d’Ardennes, c’est compliqué. Lorsque je suis rentré au collège à Carlsbourg, j’ai gagné des cross. À 14 ans, j’ai commencé à bien m’entraîner, mais je ne suis jamais tombé sur le bon entraîneur. J’ai dû attendre mes 35 ans, pour trouver un bon coach", confie l’ancien triathlète de haut niveau qui a couru trois fois au Mémorial Van Damme (800 et 1500 mètres) et pris part à six Ironmen. "Il n’y a pas un coach qui arrive à proposer un truc aussi précis que cet outil", souffle-t-il. Pour parvenir à cette "formule idéale", il s’est adjoint les services d’un coach, d’un cardiologue, d’un médecin du sport, etc. "L’idée, c’était de rassembler des experts scientifiques et de terrain et de mixer le savoir-faire de chacun dans une application."
Pas prophète en son pays
Actuellement, une vingtaine d’écoles ont "acheté" le programme en Belgique. Si ça prend bien dans le Hainaut et en province de Liège, c’est plus compliqué en provinces de Namur et de Luxembourg. "Nul n’est prophète en son pays", concède-t-il.
Dans les écoles, son concept n’a pas de concurrent, sinon celui des professeurs qui ont parfois du mal à modifier leurs habitudes. À l’étranger, par contre, le succès s’étend. Objectif pour 2030 : "conquérir" 10 000 écoles.
Aujourd’hui, Formyfit, c’est un job à plein-temps pour Laurent Baijot. "Ça me passionne ", confie-t-il. Actuellement, cinq développeurs travaillent sur l’outil sans cesse en évolution. Plusieurs études sont en cours, notamment avec un professeur de psychologie de l’UC Louvain (Damien Brevers, qui a travaillé avec les frères Borlée). Une recherche est aussi menée avec l’Université de Sherbrooke (Canada). "De Bièvre on va loin...", termine-t-il.