Anhée et Yvoir: 320 maisons neuves sur quelques kilomètres carrés
L’enquête publique sur un projet de lotissement à Anhée (59 parcelles) commence cette semaine. De l’autre côté de la Meuse, à Yvoir, deux autres projets visent la construction de 260 ou 280 logements.
Publié le 15-01-2023 à 15h29 - Mis à jour le 15-01-2023 à 15h30
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"On ne peut pas l’interdire". Dixit le bourgmestre d’Anhée Luc Piette, à propos du projet de lotissement d’un vaste terrain, proche du hall omnisports. Il se situe entre la rue du Petit-Bois (qui mène à l’école du même nom et aux infrastructures sportives) et la rue Xavier Bauchau, où il n’existe pour l’instant des bâtiments que d’un côté. De l’autre, sur 59 lots, se profile la construction de maisons de 2, 3 et 4 façades. On peut d’autant moins l’empêcher que le promoteur avait précédemment obtenu le permis. Il a temporisé au point que ce dernier est périmé, il faut recommencer toute la procédure administrative. C’est en cours, L’enquête publique commence ce mardi, elle durera un mois. Une réunion d’information a déjà eu lieu. Comment s’est-elle déroulée ? Le mayeur anhétois relate qu’il n’y a pas eu de levée de boucliers. Il nous parle de remarques assez habituelles, certains ayant insisté sur une particularité des lieux: il y coule un "ribot" qui descend du plateau boisé de Senenne, il y a des risques de coups d’eau. Luc Piette signale aussi l’interpellation d’un habitant de la rue Bauchau: "L’ancien bourgmestre avait promis qu’il n’y aurait jamais de maisons en face". Quel bourgmestre ? Peu importe, selon l’actuel. Il répète que la zone est constructible et deviendra forcément un nouveau quartier, ce que les édiles locaux voient par ailleurs d’un bon œil: il y a une demande de terrains à bâtir, venant de jeunes ménages. En outre, le lieu est particulièrement bien situé: à quelques pas du centre d’Anhée, par le RAVeL Molignée ; juste à côté d’une école (communale), avec en prime une vue lointaine mais agréable sur les rochers de Champalle et les ruines du château de Poilvache. Ça devrait se vendre (les lots, car le propriétaire, Matexi, se contentera de commercialiser le foncier, non sans avoir aménagé les lieux, notamment en voirie et égouttage). Le bourgmestre Piette estime toutefois qu’il faudra du temps avant que les 59 parcelles trouvent acquéreur: "Si ça tombe, dans 20 ans, il y aura encore des lots à vendre. Des terrains du genre, ça se vend à 60 euros le mètre carré au minimum". Tandis que les coûts de construction ont flambé. Vingt ans ? Luc Piette exagère peut-être un brin. Mais cela se remplira au fur et à mesure. Sachant que la procédure administrative est seulement en cours, sur le principe d’urbanisation de la zone et que pour les prescriptions précises de cette urbanisation, cela repassera in fine au conseil communal. En outre, chaque bâtisseur privé devra rentrer son permis de bâtir.
La procédure est réengagée, et on parle de la seule zone de cette envergure sans doute bientôt à lotir, pour l’entité d’Anhée.
Dans la côte d’Evrehailles et à Mont
Il manque de l’offre foncière dans le coin ? Sans doute, mais plus pour longtemps, si deux autres projets dans la commune voisine d’Yvoir aboutissent. Au total, en ajoutant celui d’Anhée, sur quelques kilomètres carrés, la nature pourrait à relativement court terme être amputée au profit d’environ 320 habitations neuves.
Sur une parcelle de 10 hectares proche de la côte d’Evrehailles, rappelle le bourgmestre Patrick Evrard, une société va introduire un permis de bâtir entre 160 et 180 maisons. Ici, on parle de promotion immobilière, souligne le mayeur: "Il s’agit de construire et de vendre, essentiellement des maisons individuelles, mais aussi quelques blocs de 4 ou 5 appartements au maximum".
C’est énorme. D’autant que dans la même entité d’Yvoir, à Mont-Godinne, dixit le même bourgmestre Evrard, "on a un autre projet, d’une centaine de maisons, la société qui va introduire le projet va aussi construire et vendre". On a beau être dans la verte campagne en direction de Maillen, on est en zone d’habitat.
De moins en moins bétonner, selon les intentions politiques affichées par la Région wallonne, ce n’est visiblement pas pour tout de suite. Pendant ce temps, à Anhée et Yvoir également, du bâti ancien mériterait restauration, voire démolition avant reconstruction. Cela épargnerait de l’espace. Mais rien (ou bien trop peu) n’est organisé dans ce sens. Il est bien plus simple de partir de feuilles blanches et de terrains vierges, quand ils se trouvent dans les bonnes couleurs au plan de secteur. Comme le dit le bourgmestre d’Anhée, Luc Piette, "on ne peut pas l’interdire". Et puis, dans les communes, l’installation de (beaucoup de) jeunes ménages, on aime bien. Surtout ceux qui ont les moyens de financer une maison neuve.