I.G.E.A: 60 ans de présence dans le centre de Namur et 10 000 articles en rayons (Vidéo)
Le magasin de la rue des Croisiers aux 10 000 figurines et bibelots en tout genre fête ses 60 ans en 2023. Rencontre avec Suzy et Daniel, le couple de gérants.
Publié le 11-01-2023 à 10h34 - Mis à jour le 11-01-2023 à 16h12
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Parmi les nombreuses vitrines du centre de Namur, celle du magasin I.G.E.A peut se targuer d’être l’une des plus magnétiques. Le chaland qui arpente les trottoirs de la rue des Croisiers peut difficilement détourner le regard du n° 43. Le risque de se mettre en retard après être resté de longues minutes à s’émerveiller devant les centaines de "bibelots" qui ornent la devanture est élevé. "Mais les gens n’osent pas toujours rentrer parce qu’ils croient que c’est minuscule à l’intérieur", commente Daniel Binot, qui épaule sa femme Suzy dans la gestion de l’établissement. S’il pousse la porte, le visiteur découvrira une boutique tout en profondeur équipée d’une arrière-salle. Tout l’espace est occupé. Les rayons sont surchargés. "Il y a bien dix mille articles", dit la patronne. Sur les étals, ce sont encore les décorations de Noël qui dominent. "Je dois les enlever. Elles ont moins bien fonctionné que les autres années."
Pas d’ordinateur
Suzy Lallemand s’adonne au réassort avec rigueur et minutie. Et elle mise sur sa mémoire pour aiguiller le client qui souhaite dénicher un article précis. "Elle n’a pas d’ordinateur mais elle sait où tout se trouve. Elle a un disque dur interne", plaisante Daniel.
Parmi les objets les plus recherchés, il y a les figurines qui représentent des animaux, des dragons, des fées ou encore des petits anges. "Il y a parfois des vols ou de la casse, explique le couple. Surtout quand un client porte un sac à dos."
Au départ, I.G.E.A était axé sur la vente d’électroménagers. Les quelques pièces qui subsistent servent davantage de présentoirs aux multiples statuettes. Dans cet apparent capharnaüm, on tombe sur l’un ou l’autre objet à l’effigie d’Elvis Presley. "J’adore Elvis mais encore plus Mike Brant", confie la gérante. Dans l’arrière-boutique, une étagère propose une gamme variée de têtes de mort. "L’an dernier, on en a vendu un nombre incalculable, confie Daniel. Mais cette année, pas tellement. Le marché évolue."
Le contexte économique aussi. Aujourd’hui, les clients sont moins enclins à mettre la main au portefeuille. Un constat qui vaut autant pour les curieux qui cherchent un cadeau un peu kitsch que pour les fidèles. "On a beaucoup de collectionneurs qui viennent régulièrement. Mais un peu moins qu’avant, raconte Suzy. Un jeune homme qui venait toutes les semaines nous acheter un dragon, ne vient plus qu’une fois par mois."
Longévité et complémentarité
L’enseigne tient pourtant le coup. I.G.E.A fête en effet ses 60 ans de présence dans le centre de Namur cette année. D’abord dans la rue Cuvelier puis dans la rue des Croisiers, dès le milieu des années 80. Suzy Lallemand et Daniel Binot ont repris l’affaire il y a 43 ans. Une longévité qui force le respect et qui tient peut-être à la complémentarité du couple.
"Mon travail à moi, c’est chauffagiste, dit Monsieur. Les mois d’été, quand c’était plus calme, je donnais un coup de main." Suzy jouant les secrétaires pour son chauffagiste de mari.
Mais l’âge étant là (ils ont tous les deux 73 ans), les époux envisagent de raccrocher. "On se donne encore deux ans", glisse Suzy. Et Daniel de renchérir: "Si demain on gagne à Euromillions, on part tout de suite… en mobilhome. J’accrocherai une pancarte avec l’inscription “Merci internet” sur la porte."
Le développement du commerce en ligne, conjugué à la multiplication des enseignes hard-discount dédiées aux objets de décoration, a mis à mal l’activité d’I.G.E.A. Outre l’effet sur la clientèle, il impacte aussi les bons fournisseurs qui se font de plus en plus rares.
Un contexte qui laisse planer de sérieux doutes quant au maintien de l’enseigne dans le futur. "Je pense que le magasin est voué à disparaître, avance Daniel. P our se lancer dans le commerce et tenir sur la longueur, il faut du courage. Mais si on est motivé, il y a moyen." Et de conclure, sur le ton de la boutade: "Pour nous, en tout cas, ça ne durera plus 60 ans."