Zones de secours en province de Namur: tout ça pour ça
D’année en année, la Province met de plus en plus d’argent dans les zones de secours. Pour soulager les Communes… mais comme les coûts sont exponentiels, les limites du système sont déjà atteintes.
Publié le 03-01-2023 à 10h51 - Mis à jour le 03-01-2023 à 11h30
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Dans l’une des trois zones de secours que compte le territoire provincial, Dinaphi (comme Dinant-Philippeville), c’est également le cas pour le ressort de Nage (Namur-Gembloux) et Val de Sambre, les pompiers ne vont pas coûter moins cher en 2023 aux Communes qu’en 2022. Dans la zone Nage ça sera même nettement plus cher.
C’en est déjà fini des effets du "coup de pouce" provincial. Forcé, car le gouvernement wallon a poussé les Provinces à augmenter considérablement leur quote-part dans la sécurité civile. En ce qui concerne celle de Namur, la courbe des dépenses de transfert au profit des zones de son territoire est telle, qu’il a fallu "restructurer" l’institution, se recentrer sur des missions et en abandonner d’autres. D’année en année, la contribution est revue à la hausse. Pour 2023, elle sera de 17 millions d’euros, soit 3 millions de plus qu’en 2022.
Depuis 2020, cet apport financier a considérablement soulagé les finances de pouvoirs locaux asphyxiés. Mais malgré une contribution provinciale toujours à la hausse, cette année, les Communes n’épargneront rien par rapport à 2022. Pourquoi ? Car l’indexation des salaires est passée par là, sans compter les coûts énergétiques.
En résumé, tout ça pour ça. Ce qui n’est pas gravissime à ce stade, mais une échéance s’approche: à partir de 2024, la Province de Namur arrêtera d’indexer ses dépenses de transfert. La courbe exponentielle stagnera. Le gouvernement provincial MR-Les Engagés-DéFI a fixé comme limite à la hausse le montant du fonds des Provinces (perçu de la Région), d’environ 22 millions en 2023. Pas question pour lui d’aller plus loin, en arguant de son autonomie (déjà mise à mal) et en soulignant que la décision lui imposant d’ouvrir plus large son portefeuille pour les pompiers a été prise sous forme de circulaire, pas de loi. D’autres institutions provinciales, elles, ont déjà dépassé le montant du fonds des provinces pour alimenter les zones.
Craintes pour un avenir proche
Dans les Communes du ressort de Dinaphi, on craint la perspective de 2024. L’échevin beaurinois des Finances Pierre Dury estime que si la cité mariale s’en tire sans indexation de la dotation en 2023, les perspectives s’annoncent douloureuses, quand la Province plafonnera son intervention et quand la zone du sud aura épuisé ses réserves. L’échevin Dury rappelle en outre un autre problème de fond: le fédéral ne tient pas ses promesses. Lors de la réforme des secours, il avait été prévu qu’il prenne en charge 50% des débours, il n’a jamais été plus loin que 30%. Bref, depuis le départ, c’était parti sur de mauvaises bases, les Communes au bas de l’échelle des pouvoirs se sont retrouvées sous pression, les Provinces ont été appelées à la rescousse, et voici que déjà, ce renfort montre ses limites.
Patrick Evrard, le bourgmestre d’Yvoir, fait le calcul simple, pour 2023: "L’augmentation de la dotation provinciale ne permet plus de diminuer celle des Communes". Mais, dit-il, "on est encore heureux, en comparaison avec les coûts de la zone de police, pour laquelle il n’y a pas d’intervention provinciale".
La suite ? On verra sous la prochaine législature, provinciale, régionale et fédérale. Comment on décidera (ou pas) d’enfin gérer cette problématique de manière structurelle.