Namur : les femmes au cœur d’une balade à travers la ville pour changer de regard
Ce dimanche 8 janvier, une visite féministe de Namur est organisée à Namur. L’histoire de la capitale wallonne est remplie de femmes dont les destins atypiques méritent le détour.
Publié le 03-01-2023 à 15h48 - Mis à jour le 03-01-2023 à 15h49
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"Seulement 1,5% des espaces publics portaient des noms de femmes en 2017 pour 2,2% en 2022, indique Thomas Chouters, animateur au Centre d’action laïque (CAL) de Namur qui organise l’événement. Ça représente une faible proportion alors que 22% des espaces publics portent des noms d’hommes (déjà en 2017 et encore actuellement)." En d’autres termes, 27 voiries portaient un nom féminin en 2017 pour 37 aujourd’hui. On peut donc noter une petite amélioration en cinq ans.
En décembre 2016, sous l’impulsion de l’ancien échevin écologiste Arnaud Gavroy, la Ville de Namur avait entrepris d’inverser la vapeur en validant quinze noms de femmes ayant marqué l’histoire dans différents domaines lors du conseil communal. C’est ainsi qu’on a vu apparaître la rue Julie Dessy à Jambes, en 2017. Ont notamment suivi les rues Marie Curie à Rhisnes, Simone Veil à Erpent ou Yvonne Perin à Jambes. En 2020, les rues Hannah Arendt à Jambes, Tine Briac et Dieudonnée Morel, toutes deux à Belgrade, ont été approuvées tandis qu’en 2021, c’était la venelle Geneviève Guillaume à Saint-Servais.
Le clos Vicomtesse de Baré à Suarlée et la venelle Evelyne Axell ont été approuvés fin 2022. Cette dernière fera la jonction entre les rues des Carmes et Godefroid quand le projet immobilier à l’ancienne banque Fortis verra le jour. Ces nouvelles dénominations prennent du temps puisqu’elles requièrent l’approbation du collège puis du conseil communal avant d’être officiellement intégrées au registre national.
Bourgeoises et non racisées
Depuis le 8 mars 2022 (le 8 mars étant la journée internationale dédiée aux droits des femmes), le CAL organise des événements et des moments réflexifs tous les 8 de chaque mois. Baptisés Place des femmes, ils mettent l’accent sur la représentation féminine dans différents secteurs ou lieux. "L’espace public n’est bien souvent pas dégenré. Les représentations masculines sont prédominantes", constate Thomas Chouters.
L’objectif de cette promenade d’environ 6 km est donc de mettre en évidence les femmes ayant marqué l’histoire à l’échelle locale ou de façon plus large, de dénoncer le déséquilibre qui existe encore entre les sexes et de questionner la société. "Non seulement les femmes sont sous-représentées mais quand on utilise leur nom, on remarque souvent qu’elles sont issues d’une certaine bourgeoisie et non racisées", relève Thomas Chouters, faisant entre autres référence au parc Louise-Marie, à l’avenue Reine Astrid, l’avenue Blanche de Namur ou encore à la rue Catherine de Savoie.
Notre interlocuteur met en exergue l’invisibilisation dont les femmes ont pâti à travers les siècles. "D’abord parce que les hommes occupaient généralement une série de postes qui n’étaient réservés qu’à eux: chefs d’État, hommes politiques, artistes ou écrivains… alors que les femmes étaient davantage cantonnées à la sphère privée et aux tâches ménagères", souligne-t-il. Notons par exemple que la première femme Première ministre en Belgique était Sophie Wilmès en 2019, ce qui est extrêmement récent. "Les historiens étaient majoritairement masculins jusqu’à la moitié du XXe siècle, À présent, on parle de l’histoire autrement, on a découvert qu’il y avait des femmes qui ont eu un impact important dans l’histoire et on s’est mis à en parler plus" ajoute-t-il.
Pas un combat mais un équilibre
La visite, gratuite, vise donc à observer Namur sous un autre angle en passant par des rues et des places parfois plus discrètes voire insoupçonnées. Elle s’arrêtera notamment devant la statue d’Isabelle Brunell (qui a aussi un boulevard à son nom) dans le jardin de la Maison d’Harscamp. Jusqu’à présent, une vingtaine de participant(e)s sont inscrit(e)s dont une majorité de femmes. Les hommes sont évidemment plus que bienvenus. "Le féminisme, ce n’est pas une histoire de femmes contre les hommes mais bien d’égalité, rappelle Thomas Chouters. On doit continuer dans ce mouvement, non pas pour censurer des noms d’hommes mais juste avoir un équilibre."
Visite gratuite de 13h30 à 16h. Départ et arrivée à la Maison de la laïcité, rue Lelièvre 5, à Namur. Inscriptions: contact@laicite.com ou 081 73 01 31.