Invitation de bourgmestres au château de Laeken: « Le roi a été surpris d’apprendre qu’on nous appelle 24h/24 directement sur nos GSM »
Voilà quelques jours, les plus jeunes bourgmestres du pays ont été conviés à un souper chez le roi. Parmi eux, Hélène Lebrun (Houyet), Arnaud Allard (Vresse), Michaël Modave (Bièvre) et Martin Van Audenrode (Gesves).
Publié le 30-12-2022 à 22h25 - Mis à jour le 30-12-2022 à 22h56
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Hélène Lebrun a dû regarder l’enveloppe a deux fois lorsqu’elle a reçu l’invitation, fin novembre. La missive la conviait à un souper quelques jours plus tard chez les souverains, au château de Laeken, en compagnie d’autres jeunes bourgmestres du royaume. "C’est quand même un honneur", lâche la première dame d’Houyet. Et Arnaud Allard, mayeur de Vresse, d’ajouter: "Ce n’est pas banal, on ne va pas manger tous les jours chez le roi". Il précise que le seul critère de sélection pour ce rendez-vous royal, c’était l’âge. "Ils avaient invité tous les bourgmestres, wallons et flamands, de moins de 40 ans. Notre région était bien représentée vu qu’on était trois bourgmestres du sud". Sans oublier Martin Van Audenrode, mayeur de Gesves.
Le souper était fixé à 19 h 30. "On était tenu d’arriver entre 18 h 45 et 19 h 15, tout était chronométré", poursuit Arnaud Allard. Le dresscode était lui aussi strict: cravate noire, costume foncé. "C’était un peu stressant, confie Hélène Lebrun , d’autant que c’est une trotte pour arriver là-bas, et qu’il y avait des bouchons à l’entrée du ring. Avec Michaël Modave, avec qui j’ai covoituré, on avait peur d’être en retard".
Une fois sur place, un verre d’accueil a été proposé dans une première salle. "On a eu l’occasion d’échanger avec la reine Mathilde, raconte Arnaud Allard. Je l’ai trouvée vraiment accessible." Ensuite, place au souper dans un second espace ou un menu trois services a été servi. "On n’était pas entouré de grands chandeliers comme on pourrait l’imaginer. Il n’y avait pas de chichis. C’était très protocolaire, mais à la fois simple."
Pas le même quotidien qu’en ville
Les bourgmestres du sud se sont retrouvés ensemble pour le repas, avec la bourgmestre de Comines-Warneton et le mayeur de Marchin. Un plan de table avait précédemment été établi. "Il y avait quatre tables de 5 ou 6 personnes. On était placé en fonction des zones géographiques."
Les souverains ont fait le tour des tables. Ils ont partagé un bout de menu avec chacun des groupes de convives. "À un moment donné, je me suis retrouvée à côté du roi, c’était assez sympa", glisse Hélène Lebrun. "On a partagé le dessert et le café avec lui", précise Michaël Modave, bourgmestre faisant fonction de Bièvre.
Cette arrivée solennelle du roi Philippe à table a été l’occasion d’échanger sur la réalité des uns et des autres. "L’objectif, c’était de faire connaissance et de comprendre notre quotidien en tant que jeunes bourgmestres et nos préoccupations pour l’avenir", relate Michaël Modave. "L’ambiance était bon enfant, même si c’était très protocolaire . À table, le roi était accessible et concerné." Arnaud Allard ajoute: "En tant que jeune bourgmestre, on est amené à gérer un budget, des crises, sans pour autant être préparé. On a eu l’occasion de s’exprimer."
D’après les jeunes mayeurs, le roi a été interpellé par le quotidien des "sudistes": "On a insisté sur la réalité de nos petites communes rurales dans lesquelles on a de moins en moins de services, moins de moyens aussi par rapport à d’autres communes. Il a pu se rendre compte de nos missions et nos responsabilités", raconte Hélène Lebrun, qui dirige une commune bien connue des souverains, Ciergnon faisant partie du territoire d’Houyet. "On a un peu souri par rapport à ça", confie-t-elle.
Michaël Modave enchaîne: "C’était riche au niveau des échanges. Nous, bourgmestres ruraux, nous n’avons pas du tout le même quotidien que les bourgmestres d’autres villes. Les problématiques sont les mêmes mais on ne les vit pas de la même manière. Le roi a par exemple été surpris d’apprendre qu’on nous appelle 24 h/24 directement sur nos GSM pour tout et rien. Il n’avait pas conscience de ça."
Le roi Philippe s’est montré réceptif. "Il nous a posé des questions, indique Hélène Lebrun. Il nous a demandé s’il était nécessaire de proposer plus de formations. On lui a fait part d’une réflexion: on trouve qu’il serait intéressant d’apprendre le fonctionnement d’une commune, des institutions, dès le plus jeune âge car la plupart des citoyens ignorent comment ça fonctionne."
Bourgmestres des crises
Pour les "bourgmestres des crises", comme les a surnommés le roi, cette invitation au château était encourageante. "Ça fait plaisir car on fait souvent l’objet de critiques, se désole la bourgmestre d’Houyet. On est plus souvent traité de politicard que mis en évidence pour le travail qu’on abat au quotidien."
Michaël Modave enchaîne: "De la part des souverains, c’est valorisant. Ça fait du bien de se sentir soutenus dans notre fonction." Arnaud Allard conclut: "Tu ne rentres pas de là repu et crevé saoul (rires), mais c’était une belle expérience et une belle ouverture d’esprit de leur part. Si on m’avait dit un jour que je mangerais chez le roi et puis chez le gouverneur la semaine d’après, je ne l’aurais jamais cru !"