Restes humains découverts près de Dinant: et si c'était un corps oublié par les Allemands en 1914?
Des restes humains ont été découverts dans le bois du Plantis, à Sorinnes, où des fouilles ont été entreprises. Les suppositions quant à leur origine vont bon train. Un anthropologue va être désigné.
Publié le 29-12-2022 à 18h54 - Mis à jour le 29-12-2022 à 21h01
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Nous l’évoquions récemment dans nos colonnes: un crâne et des ossements humains ont été trouvés dans le bois du Plantis, derrière le château de Sorinnes. D’après le parquet de Namur, le crâne aurait été découvert le 18 décembre. Il aurait été déposé, emballé dans un sac, au commissariat de police de Dinant une dizaine de jours plus tard (le 27 décembre). Des fouilles ont alors été entreprises dans le périmètre, avec l’appui de la protection civile. Elles ont permis de déterrer d’autres restes humains.
D’après le parquet de Namur, les ossements seraient "très anciens". Un médecin légiste a été désigné et un anthropologue va l’être également. "A priori, ce dossier perd son intérêt judiciaire", confie Audrey Séminara, du parquet de Namur.
En attendant les résultats des analyses, des suppositions quant à l’origine des restes mystérieux sortent de terre.
Jeudi, nous avancions que le bois du Plantis, propriété de la famille De Villenfagne, se trouvait dans une zone où se sont déroulés de violents combats au moment de l’Offensive von Rundstedt, fin 1944. Nous supposions que le crâne et les ossements étaient peut-être des restes de combattants de l’époque.
Jacques Leclere, un habitant de Sorinnes passionné par le patrimoine et l’histoire de la région, avance une autre hypothèse. Pour lui, il serait plus probable que les ossements datent de la première guerre mondiale. "En août 1914, quantité de soldats allemands tués devant Dinant ont été inhumés dans ces bois, à l’arrière du château. Il se pourrait qu’en relevant les corps pour les rapatrier vers l’Allemagne, certains aient été oubliés ? C’est une supposition, il faut voir dans quel état est le crâne et où exactement il a été trouvé."
D’après lui, par contre, il est peu probable que ce corps date de l’Offensive des Ardennes. "Il n’y a pas eu de bagarre, même pas un coup de fusil à Sorinnes, à l’exception des exactions commises envers David Delrée et deux moines capucins dont les corps auraient été brûlés dans les champs avoisinant le bois du Plantis".
Ce qui est certain, selon Jacques Leclere, c’est qu’en période de guerre, des cadavres ont transité par le bois. "À moins que ces ossements ne soient liés à tout à fait autre chose ? Mais je ne me souviens pas qu’il y ait eu de disparition inquiétante par la suite à Sorinnes", souffle-t-il.
« Sorinnes, un nœud durant les deux guerres »
Michel Coleau, historien dinantais, ne balaye pas la possibilité que le corps puisse dater de fin 1944. "Je serais plus prudent. Il y a eu des combats entre Foy-Notre-Dame et Sorinnes à cette époque. Les Américains étaient présents avec les Anglais dans les environs. C’était une zone assez sensible." Il raconte: "Les Allemands qui étaient positionnés à Sorinnes avaient ordonné une rafle. Ils étaient nerveux, sur le qui-vive. Ils ont commis des crimes de guerre avant l’arrivée des Américains et les combats à Foy-Notre-Dame."
Quant à l’hypothèse du cimetière derrière le château en 1914, pour lui, c’est plausible. "Les Allemands étaient positionnés à Dinant le 23 août 1914. Avant cela, le 15 août, ils avaient perdu pas mal d’hommes. Le combat avait d’abord tourné à leur désavantage. Entre le 15 et le 23 août, ils sont restés en position d’attente, sur la rive gauche, en attendant du renfort. Ils ont ramassé les cadavres et ont réquisitionné des voituriers . Les ont-ils enterrés derrière le château ? Car, effectivement, il y a bien eu un cimetière à cet endroit."
Il rappelle que Sorinnes a été l’une des voies de la déportation des Dinantais après le 23 août 1914, jour du massacre de 674 civils et de la destruction de la ville. "On sait qu’il y a eu des exactions contre les otages." Et d’ajouter: "Une chose est sûre, Sorinnes a connu des périodes troubles et a été un nœud lors les deux guerres. Les deux options restent ouverte s. Ou alors, on est complètement sur une fausse piste…"