La Halle al’Chair restaurée est le morceau de choix du patrimoine namurois (vidéo)
Après deux ans, le chantier de restauration de la Halle al’Chair touche a sa fin, à Namur. Au printemps 2023, elle accueillera, entre autres, l’office du tourisme. Visite d’un bâtiment exceptionnel.
- Publié le 14-12-2022 à 11h55
- Mis à jour le 14-12-2022 à 22h39
En bord de Sambre, la vision d’un bâtiment sombre et défraîchi qui aurait pu servir de cadre à un épisode de Scooby-Doo appartient définitivement au passé. Avec la rénovation de la Halle al’Chair, c’est pourtant les temps anciens qui ont été remis en lumière de manière magistrale.
Les Namurois avaient déjà écarquillé les yeux lorsque la belle avait été déshabillée de ses échafaudages, dévoilant ainsi son enveloppe rouge vif qui rappelle l’activité historique du bâtiment. Bientôt, l’ex-plaque tournante du commerce de la viande sera à découvrir de l’intérieur. Un morceau de choix qui se savoure avec les yeux.
Le visiteur qui poussera la massive porte de bois de la rue du Pont pénétrera désormais dans un sas vitré. De quoi apprécier à sa juste valeur la pièce maîtresse du lieu: un hall de 220 m2 qui accueillera dès le printemps prochain l’office du tourisme de Namur. En tout, ce sont 900 m2 répartis sur quatre niveaux qui ont été réhabilités.
Tourisme, cérémonies et réunions
Les boiseries qui conféraient tout son charme à la Halle al’Chair ont été traitées. "Une spécificité réside dans le fait que le bois qui compose ses murs, ses poutres, ses arches est le même que celui utilisé pour construire les bateaux, à l’époque. Très résistant à l’humidité, il rendait les lieux parfaitement adaptés pour la conservation d’œuvre", explique l’échevin Tanguy Auspert. Un hasard qui a bien fait les choses puisque la Halle al’Chair a servi d’écrin aux collections du musée archéologique dès 1806.
Dans l’endroit restauré, les vestiges sont forcément moins nombreux mais ceux qui subsistent sont subtilement mis en évidence. Durant les travaux, un fragment d’un ancien rempart de Namur a été mis au jour. Celui-ci a été conservé et pourra être admiré par les groupes de touristes qui patienteront avant le début de leur visite guidée. "On a même une kitchenette et de quoi leur servir le café", embraye Anne Barzin (MR), échevine du Tourisme qui, dans le dossier, s’est concentrée sur l’affectation des lieux. Et c’est au sous-sol qu’a été créée cette salle d’attente de luxe. Un espace qui tranche avec le décor d’avant travaux. Soit il y a un peu plus de deux ans. À l’époque, un couloir voûté permettait aux piétons de rejoindre les quais de la Sambre. Un endroit discret qui s’était malheureusement mué en urinoir public. Aujourd’hui, l’accès a été condamné grâce à des vitres qui offrent une apaisante vue sur la rivière.
Elle se contemple également en prenant de la hauteur. Les étages auront aussi une fonction communautaire. La Ville entend utiliser l’imposante pièce du premier pour y organiser des cérémonies et des réceptions. "Et sans doute des événements culturels ponctuels", ajoute Anne Barzin. Quant aux combles, elles constitueront une salle de réunion de choix pour les élus et leurs services. Elles sont aussi amenées à devenir le centre névralgique de la communication communale. L’idée d’y installer une maison de la presse a un temps grenouillé avant d’être abandonnée. "Mais on pourrait organiser nos conférences de presse ici", complète l’échevine.
Pour son collègue Tanguy Auspert, le plafond est également source d’inspiration. "On peut imaginer accueillir des étudiants en architecture pour qu’ils observent la charpente. Il est rare d’en avoir une aussi visible, fonctionnelle et reconstituée", dit-il.
3,4 millions€
La Halle al’Chair rénovée n’est pas qu’un joyau du passé. Elle intègre aussi des éléments modernes rendant le bâtiment fonctionnel: châssis, éclairage LED, chauffage double flux et aménagements pour personnes à mobilité réduites. Autant d’attributs qui ont nécessité le concours de l’Agence Wallonne du Patrimoine, en raison du caractère classé du bâtiment construit en 1588. La collaboration avec les services de la Ville et l’entreprise Bajart, maîtresse d’ouvrage, a été optimale.
Au total, la rénovation a coûté 3,4 millions€, subsidiés aux deux tiers par la Région. Une somme raisonnable en comparaison à d’autres montants publics dégagés pour mener des chantiers dans le quartier. La facture du Delta avoisinait les 25 millions€. Celle du Parlement wallon monte à 46, selon les dernières estimations.
Raisonnable aussi au vu du résultat: la Halle al’Chair est peut-être aujourd’hui le plus bel édifice du patrimoine namurois.