Enfant d’Esperanzah!, Arnaud est le couteau suisse du festival
Régisseur général, Arnaud de Brye est sur tous les fronts lors du festival. Tel un couteau suisse, il a une polyvalence et une adaptabilité à toute épreuve. Portrait d’un amoureux d’Esperanzah !, tombé dans la marmite à ses 15 ans.
- Publié le 27-07-2022 à 06h00
- Mis à jour le 27-07-2022 à 10h57
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On dit souvent de lui qu’il est « un enfant d’Esperanzah ! ». Arrivé en 2004, lors de la troisième édition du festival, Arnaud avait 15 ans. »J’avais un peu triché parce que normalement, on ne peut pas être bénévole avant 16 ans, se souvient-il.Je voulais trop y aller.J’étais au poste de la mobilité, au rond-point de l’entrée 2. Je filtrais les véhicules. »
De fil en aiguille, il a acquis des responsabilités."C’est devenu mon incontournable de l’été. Je suis passé par tous les statuts: stagiaire, étudiant jobiste et puis j’ai eu différents contrats jusqu’à avoir un CDI en 4/5e. De petit bénévole, je suis devenu régisseur général et coordinateur."
Ce qu’il apprécie particulièrement à Esperanzah!? Que la culture soit un vecteur de changement sociétal."Ça peut inciter les gens à modifier leurs habitudes et à voir le monde différemment.Esperanzah! est le seul festival de Wallonie reconnu en termes d’éducation permanente,indique-t-il.On a vraiment une politique apartisane. On mène des campagnes durant l’année et surtout au festival pour vulgariser des thématiques et expliquer au public ce qu’il peut faire pour faire évoluer les choses à son échelle. C’est pour tout ça que je suis ici et pas ailleurs"
«Véritable Tetris géant»
Arnaud chapeaute notamment la logistique, la sécurité, la technique, l’environnement, et fait le lien avec l’abbaye et la commune de Floreffe."J’ai des leviers d’action dans tous les domaines. Je suis une sorte de boîte à outils disponible pour les équipes afin de leur faciliter la vie, sourit-il.Je suis là pour mettre de l’huile dans les engrenages. Quand tout tourne, je peux me détendre."Le festival se prépare sur les douze mois de l’année."Il faut bien ça car il a la particularité de se dérouler dans une abbaye. C’est très complexe en termes de logistique, on ne peut pas faire ce qu’on veut. C’est un véritable Tetris géant."
Arnaud n’est pas stressé de nature mais lors de l’événement, il doit être au taquet sur plusieurs éléments."Le déplacement d’une foule dans une abbaye n’est pas une formule traditionnelle. Elle doit passer par des porches, qui sont à chaque fois des entonnoirs, et ça doit rester fluide, explique-t-il.À propos des enjeux environnementaux, on fait très attention au tri des déchets. Environ 400 bénévoles par jour travaillent au tri, au ramassage des poubelles et à la sensibilisation du public. Au niveau de la mobilité, on planche sur les parkings et des manières de faciliter les déplacements. Et puis, il y a tous les “classiques” de la sécurité."
Les pieds dans la m*** et Manu Chao à côté de lui
En 18 ans, Arnaud en a connu des aléas et est passé par toutes les émotions. Il se souvient notamment de cette rencontre inattendue avec Manu Chao en 2007."Traditionnellement, on organise une after le dimanche soir, une petite fête pour le staff, les bénévoles et les artistes s’ils ont envie, histoire de relâcher la pression. Manu Chao jouait de la guitare à droite, à gauche. Petit concert improvisé dans les toilettes, l’ambiance était géniale, se remémore-t-il.Pour moi,petit bénévole à l’époque, c’était magique. Vers 3 h du matin, je m’endors dans un canapé, crevé par l’intensité des derniers jours. En me réveillant une heure plus tard, je crois halluciner en voyant Manu Chao dormir juste à côté de moi. Seule sa guitare nous séparait. J’ai savouré cet incroyable moment."
En 2021, année encore marquée par le Covid, Esperanzah! est un des festivals à pouvoir se dérouler avec un protocole strict."On a eu le feu vert six semaines avant le festival. On était quasiment au point zéro mais on avait trop envie d’y aller! On a fait pas mal de sacrifices familiaux pour travailler d’arrache-pied. Arrive le festival. On est hyper heureux d’avoir relevé le défi d’organiser tout en un temps record. Mais dès l’instant où je peux enfin souffler, je reçois un appel sur mon talkie-walkie me disant que ça ne sent pas bon au bloc Bastin, partie interne à l’abbaye où dorment les équipes,raconte-t-il.J’y vais et je constate que la fosse septique déborde. Il y avait deux centimètres de ce que vous imaginez sur toute la longueur du bâtiment! Évidemment, un samedi à 21 h, personne ne répond. Nous devons donc résoudre le problème nous-mêmes. C’est comme ça que j’ai passé ma première soirée de festival depuis 2 ans les pieds dans le caca pendant 4 heures. Au moment où on trouve le bouchon qui fait déborder la fosse septique et où on arrive à le déboucher avec un furet, on vit ça comme si on avait gagné la Coupe du monde!"
Un souvenir qui n’a pas fait rire sur le moment mais qui reste un moment épique! On se souvient aussi de la panne de courant généralisée qui a donné des sueurs froides à toutes les équipes en 2019 ou des intempéries de 2013, lors desquelles le vent a menacé d’emporter la toile de fond située à l’arrière de la scène au concert de Woodkid. »La bonne nouvelle c’est que tout se finit toujours bien ! »conclut Arnaud.