Jeux mondiaux : «Oui, la pétanque peut aussi être un vrai sport»
En lice ce mercredi aux Jeux mondiaux qui se déroulent actuellement aux USA,
- Publié le 12-07-2022 à 18h00
- Mis à jour le 12-07-2022 à 18h44
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C’est l’été, le soleil brille, les oiseaux chantent et avec ou sans le bruit des cigales selon que l’on soit plutôt au sud ou au nord, le sport emblématique de la saison, c’est bien la pétanque. Enfin, quand on dit sport, cela en fait sourire certains, qui y voient plutôt un loisir, souvent associé au pastis et/ou à un bon petit rosé bien frais. Si certains s’amusent de cette image d’Épinal, la joueuse namuroise Nancy Barzin trouve ce cliché très réducteur…
"Bien sûr que la pétanque est aussi un jeu, un passe-temps, un loisir pour certains, mais moi, je pratique un sport, relève cette ancienne championne du monde (2000) entre autres titres et médailles nationaux et internationaux, qui entre en lice ce mercredi aux Jeux mondiaux qui se tiennent actuellement aux USA (Birmingham en Alabama). C’est un sport de précision, donc de concentration et/ou force mentale; d’endurance aussi car une compétition peut durer des heures et des heures. Et si l’effort n’est pas intense, c’est également un sport physique quoi qu’on en pense car on est toujours debout, statique. Sur des grandes compétitions durant plusieurs jours on en voit d’ailleurs les effets: un jour n’est pas l’autre. Donc oui, à un certain niveau de pratique, c’est vraiment du sport".
Une (dernière) médaille, son rêve américain
Engagée pour la 3e fois aux Jeux Mondiaux où elle a décroché l’or en 2001 et l’argent en 2017, cette mère de famille… quinquagénaire (elle a eu 51 ans ce lundi) espère encore ramener "une petite médaille" des USA où elle fera équipe avec la Néerlandophone Jessica Meskens (Merchtem), "un bon espoir belge" , estime la Namuroise.
"Ce serait génial car je pense qu’il s’agit de ma dernière compétition internationale. On dit souvent en riant qu’on peut jouer à la pétanque jusque 77 ans, mais en version sportive, à un certain moment, il faut laisser la place (aux jeunes). Je continuerai à jouer en club (à St-Servais), mais sans doute plus à l’étranger sauf invitations, car à mon âge il y a évidemment d’autres priorités dans la vie que de s’entraîner. C’est d’ailleurs en partie pourquoi c’est Jessica, qui a pile la moitié de mon âge, qui a été choisie pour représenter le Team Belgium aux tirs de précision (compétition qui débutait ce mardi) avant notre entrée en lice en doublette (pétanque classique) ce mercredi. C’est vrai que je peux compter sur mon expérience mais elle ne fait pas tout. À propos d’âge, je m’amuse un peu du nombre d’années de différence avec la plupart des autres sportifs du Team Belgium. Beaucoup doivent me prendre pour une coach! (rires)… Ce qui ne me dérange pas du tout, du reste. Au contraire, être parmi les jeunes m’empêche de vieillir trop vite".
Avant de titiller le cochonnet un peu partout dans le monde depuis ses débuts, Nancy Barzin, par ailleurs institutrice primaire en enseignement spécialisé, a commencé à pratiquer la pétanque loisir, enfant, en accompagnant son papa, pratiquant à St-Servais. Et assez vite, elle en est venue à la version sportive dès ses 14 ans.
"Au début, j’avoue que j’étais mal à l’aise: ça me plaisait, mais j’avais l’impression qu’on allait se moquer de moi quand je devais répondre quel sport je pratiquais. J’avais du mal à assumer. Avec le temps et les résultats, tout est devenu plus facile. Je suis devenue plus crédible, même ce sport n’a pas la reconnaissance qu’il mérite et même si je n’ai jamais eu le statut de sportive de haut niveau (malgré la reconnaissance du sport par l’Adeps, malgré mes demandes), ce qui m’aurait aidé pour obtenir des congés afin de participer aux Mondiaux etc. Sinon, de 18 à 25 ans, en dehors de l’école, ma vie a tourné autour de la pétanque: je m’entraînais tous les jours et je jouais en compétition les week-ends (interclubs, concours,…)".
Nancy Barzin rêve-t-elle de voir son sport préféré devenir, un jour, sport olympique?
« Ce serait top, mais on en est loin… Il faudrait vraiment se professionnaliser à tous les niveaux pour se distinguer encore plus de la pétanque loisir. Que ce soir un sport populaire, accessible à tous, convivial, c’est évidemment positif, mais il faut responsabiliser les joueurs. Garder l’aspect festif (boissons,…) pour la pétanque loisir et mieux contrôler la version sportive. Les buvettes sont-elles tout le temps nécessaires? Il y a des revers à la médaille car les journées peuvent être longues et vu le manque de contrôles sur les joueurs, il y a parfois des dérives. C’est dommage. Mais cela ne doit pas altérer le côté passionnant de ce sport à 70% masculin (il y a des catégories 100% messieurs, 100% dames, mixtes et/ou libres selon les compétitions) qui conserve quelques mystères, même pour moi après autant d’années: pourquoi un homme est-il en général meilleur qu’une femme de même niveau en duel alors qu’il n’y est pas vraiment question de muscles, mais plutôt de précision? ».