Pas de prohibition d’alcool pour les scouts en Ardenne namuroise
Coup de sonde dans la Famenne et l’Ardenne namuroise après l’annonce de cinq communes wallonnes d’interdire l’alcool dans les camps scouts.
Publié le 27-06-2022 à 17h36 - Mis à jour le 28-06-2022 à 11h05
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/E6WWM2VDIVF5BIK2ZZ2XUAOWKQ.jpg)
Dans la commune de Bièvre, la population a déjà triplé durant les mois d’été. Ce pic démographique est dû à l’arrivée massive de scouts venus des quatre coins du royaume pour goûter aux espaces qu’offre le sud de la province de Namur. Graide, en particulier, est un village entouré de centaines, voire milliers de scouts entre le 1er juillet et le 15 août. Suite aux nuisances d’une minorité de ces joyeux campeurs, les habitants ont exprimé leur ras-le-bol en 2019. Et la commune a pris des mesures pour réguler la population d’enfoulardés.
De là à interdire l’alcool, comme à Chiny, Florenville, Libramont, Viroinval ou Andenne? Non. Et ce, par souci d’efficacité. "Nous avons rédigé un règlement il y a deux ans qui s’adresse tant aux scouts qu’aux propriétaires des endroits de camp, détaille Michael Modave, bourgmestre biévrois, il y a un passage sur l’alcool, mais pas une interdiction formelle. Nous préférons le dialogue et la responsabilisation. Interdire l’alcool dans les camps va créer d’autres problèmes ailleurs avec une consommation hors des camps."
Le règlement biévrois a l’originalité de placer les propriétaires à l’amende en cas de débordements. Voire, par un système d’agrégation, les interdire de louer leurs pâtures les étés suivants. "Nous limitons les locations à cinquante scouts par hectare pour ne plus avoir de trop gros camps et les répartir dans les douze villages de Bièvre. Certains camps ont été refusés ces dernières années car ils sont quatre scouts de trop, par exemple." D’avis de bourgmestre, ce règlement a porté ses fruits ces deux dernières années. "Des communes nous contactent pour le reproduire, souligne Michael Modave, nous fichons aussi les unités qui posent problème pour faire remonter l’information aux communes voisines."
Une mesure pour plaire?
À Gedinne, Vincent Massinon ne voit pas comment interdire l’alcool. Et perçoit derrière cette annonce une mesure de séduction pour la population locale, sans promesse d’efficacité. "C’est le retour de la prohibition , ironise le bourgmestre, comment mettre cela en place au niveau pratique? La police va fouiller les camps, soulever des tentesà la recherche de bouteilles?"
D’autant plus que les motifs des quelques interventions dans un camp, le tapage nocturne ou le vol d’un panneau de signalisation, possèdent déjà une base légale dans les règlements de police. À Gedinne, comme dans la presque totalité des communes sondées, il n’y a jamais eu de soucis sérieux avec des scouts. "En ce qui concerne l’alcool, nous avons plus de difficultés à gérer des étudiants venus pour un week-end de bleusailles . Les scouts ont l’obligation d’être responsables car ils gèrent des enfants. Par contre, quand nous recevons des étudiants, ce sont des orgies avec des conséquences parfois dramatiques." En novembre 2021, un étudiant est décédé lors d’un week-end de bleusailles à Gedinne, probablement suite à une consommation trop importante d’alcool.
Du côté Beaurinois, Marc Lejeune insiste, « j’aime bien les scouts, nous n’avons jamais eu de problèmes avec eux. » À Beauraing, on compte surtout sur Monsieur ou Madame Camp. Il s’agit d’un agent temporaire de la commune chargé de garder le contact avec les mouvements de jeunesse qui ont posé sardines et toiles dans la région. « Nous rencontrons tous les camps, c’est le contact qui permet d’éviter les débordements, pas l’interdiction » conclut le bourgmestre.