Comme une lassitude fermière…
On les emmerde à chaque investissement. Le message de fermiers de Dréhance, qui ont un nouveau projet à Falmagne, contre lequel il y a un recours. Chez Piret, on oscille entre fatigue et colère.
Publié le 14-06-2022 à 14h43 - Mis à jour le 14-06-2022 à 14h44
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/L4IKOYA7FFCZVOT6SNWDZAGJYY.jpg)
Rue du Tige, à Dréhance. Ysaline Piret est la petite dernière d’une famille de fermiers.A 21 ans, elle travaille avec son père Claude et sa mère Françoise. Les trois ont un projet; émigrer à Falmagne, où ils disposent de 80 hectares de terres familiales, aux confins de Mesnil Saint-Blaise. L’idée, expliquée par Claude, 56 ans: construire là-bas une habitation, une étable à bovins (viandeux) tandis qu’Ysaline se lancera dans l’élevage bio de 12000 poules. Avant qu’un jour, la jeune femme reprenne le tout à Falmagne.
Ysaline a un diplôme en automation-régulation, elle a ensuite suivi des cours à Saint-Quentin pour avoir l’accès à la profession de fermière.Elle imagine déjà qu’à Falmagne, elle installera un distributeur d’œufs bios, et peut-être aussi de légumes. Ainsi que de fruits: là où déambuleront les poules en extérieur, il y aura des arbres comme l’impose le permis. Et donc, ce seront des fruitiers.
La ferme de Dréhance, après ce déménagement, sera gérée par une autre fille et le mari de cette dernière. Ludivine, sur Dréhance, pense à un magasin à la ferme et pourquoi pas à la fabrication de crèmes glacées avec le lait produit sur place.
«À Purnode, c’est mon frère qu’on emmerde»
Les plans familiaux sont lancés, non sans un recours contre le permis accordé pour Falmagne, soupirent Claude et sa fille Ysaline. Ils attendent des nouvelles d’ici le 30 juillet, toujours avec l’espoir de commencer les travaux au printemps de l’année prochaine, pour s’installer à Falmagne à la fin de 2023. Le recours au gouvernement wallon, nous l’avons précédemment évoqué dans ces colonnes, a été déposé par Dominique Bernier, un habitant de Dréhance.Ce dernier argue notamment que chez Piret, on a obtenu un permis à Falmagne alors qu’à Dréhance, celui pour une étable n’a pas été respecté, à proximité d’un bâtiment classé. Colère de Claude Piret à l’encontre de son détracteur, sur le thème d’ "encore lui" : "Le bâtiment n’est pas classé, et les panneaux en silex que la Ville nous a demandé de poser sur le hangar pour ce que l’on voit depuis la route, ils sont là" . Sauf peut-être sur quelques mètres, derrière une haie.
Plus globalement, c’est l’accueil réservé aux projets du monde fermier en général qui reste en travers de la gorge de la famille Piret. Dixit Claude, du côté de Purnode (Yvoir), c’est son frère que l’on emmerde. Ici, à Dréhance, il rappelle les aléas de la construction de la fameuse étable: "Une pétition avait tourné, on ne veut plus de ferme dans le cœur d’un village.Quand j’ai commencé, il y en avait cinq àDréhance. Il ne reste que nous. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes ménages venant de la ville se sont installés, on est proche des grands axes, de la route Charlemagne" .
Claude et Ysaline ont bon espoir sur l’issue du recours déposé pour leur projet de Falmagne. Cela se trouve un peu au milieu de nulle part, souligne Ysaline. Entre la route régionale Dinant-Beauraing et les frontières de Mesnil Saint-Blaise (Houyet). Dixit la jeune femme, " les plus proches maisons se trouvent à 500 mètres, et c’est chez mes cousins" .
Claude parle quant à lui d’une pétition qui avait germé àFalmagne: "Des camarades m’avaient sonné pour m’avertir qu’elle tournait, mais elle n’a jamais été déposée" .
Tout cela fait aussi partie de l’ambiance des campagnes, chaque "clan" y allant de ses arguments.