Concours de chiens de berger à Floreffe : les brebis n’avaient qu’à bien se tenir (vidéo)
Ce week-end, les borders collies étaient de sortie sur les hauteurs floreffoises pour un concours de chiens de berger.
Publié le 12-06-2022 à 16h58 - Mis à jour le 12-06-2022 à 17h00
L’endroit est bucolique et la météo se prête parfaitement à ce concours peu commun qui se joue dans les prairies de Marc Remy, éleveur de 350 brebis et organisateur de l’événement. Durant tout le week-end, environ 80 chiens, de la race border collie, étaient en compétition pour se faire remarquer en tant que meilleur chien de berger.
Si le célèbre film "Babe" raconte l’histoire d’un cochon devenu berger, n’est pas chien de berger qui veut. "En tant que berger, je me sers d’un chien pour travailler tous les jours. Ils ont des qualités comme la recherche à distance, la rapidité, l’agilité, etc. Il n’existe pas 36 solutions pour manipuler des moutons et le chien de berger fait un job exceptionnel, estime Marc Remy. Évidemment, il doit être bien éduqué pour ne pas mordre ou blesser les animaux.Un bon chien de berger remplace deux ou trois hommes quand il faut rentrer un grand troupeau. C’est donc indispensable!"

Pas des chiens de canapé

Nathalie de Spa, présidente de la Federatie schapendrijven België (la FSB, qui réunit les éleveurs ovins de Belgique), partenaire de l’événement, explique aux novices les particularités de cette race: "Il y a le border collie travail et le border collie beauté. Ce dernier est très large, plus carré et plus lourd alors que le premier est autant destiné à travailler avec les éleveurs qu’à faire des concours, précise-t-elle. Il a besoin de travailler pour utiliser son cerveau parce que sinon, il peut courir sans s’arrêter. Il n’a pas de limite. S’il ne fait pas le chien de troupeau, il peut faire plein d’autres choses: l’agility, le canicross, le treibball, etc."
Le concours rassemblait des "conducteurs" de chiens, entendez par là des bergers, du nord comme du sud du pays.Pourtant, on a aussi entendu parler anglais. "Il y a beaucoup de chiens à qui l’on donne les ordres en anglais, révèle Marc Remy. Entre Flamands et Wallons, ils se parlent anglais et il y a notamment une compétitrice de Finlande.Et puis le border collie est d’origine anglo-saxonne."
Il s’agissait ce week-end du premier concours qualificatif pour la Coupe du monde 2023. Les compétiteurs étaient d’un niveau confirmé. "Huit concours ont lieu en tout et dans ceux-ci, les meilleurs résultats de chaque joueur seront choisis pour constituer une équipe qui se rendra à la Coupe du monde de conduite de chiens de troupeau en Irlande qui a lieu tous les trois ans, précise Nathalie de Spa. En parallèle, on fait aussi une préqualification pour la Coupe d’Europe, organisée chaque année dans un pays différent. Cette fois, c’est en France." Un conducteur doit être rigoureux, rester concentré et constant du début à la fin, avoir un sang-froid à toute épreuve, et savoir siffler fort pour faire obéir son chien! Éliane Verboven, de Oudsbergen (Limbourg), était une des candidates à se lancer avec son chien baptisé Puck.
15minutes pour briller
Le juge du concours, Jean-Rémi Lesurques, éleveur dans la Drôme (sud-est de la France) et champion français incontesté des concours de chien de troupeau, a l’œil on ne peut plus affûté pour coter Puck qui file à toute allure en direction du troupeau de cinq brebis. Il évalue divers "ateliers" pour un maximum de 110points. Sur sa liste, on retrouve des critères techniques comme le "outrun", "le lift", le "fetch", "le drive" ou encore "le shedding"...

"Le outrun, c’est la recherche. Il faut que le chien arrive derrière les animaux correctement et dans le respect de ceux-ci. Ce chien-ci y arrive mais un peu fort, donc je lui enlève deux points, détaille le juge derrière ses lunettes fumées. Le lift est la prise de possession.Il faut que le chien ait un impact de respect pour que la mise en mouvement se fasse “proprement”. Il arrive derrière les moutons et les invite à la suivre dans l’une ou l’autre direction. Le fetch est l’amenée en français: il faut que les moutons soient conduits dans le couloir adéquat et qu’ils y restent, sans qu’il y ait de changement de direction ou d’arrêt. Ça exige une fluidité de travail."
Il nous apprendra également que le "singel" est le fait de faire sortir du troupeau une brebis préalablement marquée et que le "pen" est la capacité du chien à regrouper les animaux dans un enclos, sous les ordres de son berger.
Éliane Verboven est ressortie déçue de sa prestation. "C’est le concours le plus difficile que j’ai eu depuis des années, confie-t-elle. Les brebis sont tellement lourdes qu’elles n’ont pas de respect pour le chien. Elles ne veulent pas être dirigées.Moi, j’ai des brebis plus légères, plus rapides et dociles." Le candidat avant elle avait tout bonnement été éliminé. "J’ai constaté que le chien n’était plus en capacité de tenir l’ensemble du lot. Il n’était plus à l’écoute ni au contrôle des animaux, explique Rémi Lesurques. Ici, le chien n’était plus apte à concourir dans le respect des animaux et du concours alors que c’est un critère important."

Le concours s’est terminé dimanche avec l’annonce des meilleurs chiens de berger qui sont à découvrir sur le site de la FSB, www.schapendrijven.be . L’organisateur était satisfait d’avoir fait découvrir cet univers canin à un public curieux. Son concours a demandé beaucoup de préparation mais il sait qu’il le réitérera, peut-être avec un concours de tonte de moutons en plus. Il ignore toutefois si ce sera l’année prochaine ou en 2024. Le temps pour lui de compter les moutons et de revenir en forme!