Namur en mai, c’est parti... (vidéo)
Le Festival des Arts Forains « Namur en mai » commence ce jeudi. Mises en bouche avec la marionnette P’tit Louis et Anatole, réparateur de cœurs.
Publié le 25-05-2022 à 19h57 - Mis à jour le 27-05-2022 à 11h30
Namur en mai, ce jeudi, larguera les amarres de son grand rêve urbain. Fidèle à son ADN, le grand festival des arts forains namurois, enfin libéré de la crise sanitaire, va aller chercher le public là où il se promène et fait ses courses, au cœur de ville, à même les rues, dans des entre-sorts et sous des chapiteaux.
L’édition 2022 sera géante avec une sélection d’une 60e de spectacles et un total de 400 représentations éclatées en des lieux emblématiques parmi lesquels de nouveaux écrins contemporains, tels que l’emblématique Confluence et la terrasse haut-perchée du Delta.
Mercredi matin, cette édition de retrouvailles avec la vie d’avant le Covid a offert quelques pépites magiques dans la cour des Bateliers.
Nous avons retenu la première création militante, "Viens, on se tire" , de la nouvelle compagnie bruxelloise La Corneille Bleue . C’est l’histoire d’un étrange petit bonhomme, prénommé le P’tit Louis, dont deux jeunes comédiennes de 25 ans, Céline Dumont et Pauline Serneels, tirent les ficelles de la marionnette. La scène est minuscule: un vélo tricycle porteur bricolé où le P’tit Louis, enfermé dans une caisse froide et métallique, incarne un travailleur apposant à longueur de journée des cachets sur des liasses de documents.
Anatole, le réparateur de cœurs
Cette première création mettant en scène une marionnette est militante en ce qu’elle dénonce la vie absurde de travailleurs dont l’existence est étriquée et rythmée par le travail, qui n’ont guère plus d’échappatoire que la télévision. "On a vu nos parents rentrer épuisés du boulot, disent-elles, puis se reposer au salon devant la téloche et négliger l’essentiel.On les a vus mettre leurs rêves de côté pour gagner leur vie." La mère de l’une d’elles, écologiste, qui rêve de s’adonner à la permaculture, bosse dans une grosse boîte, et dans le..nucléaire.
Les deux vingtenaires sorties du conservatoire en ont fait également l’expérience: "Des institutions ont essayé de nous enfermer dans des jobs n’ayant rien à voir avec ce pour quoi nous avons étudié. Comédienne, dans leur tête, ça ne peut pas être un vrai mé tier" , ajoutent-elles.
Céline et Pauline, à travers leur unique marionnette, sont donc deux résistantes qui n’ont pas renoncé à leurs rêves, dont celui de planter des graines de fleurs sauvages entre les fissures du bitume. À leurs yeux, le travailest à réinventer.
Le ventre du véloporteur lessive violemment le pauvre P’tit Louis quand elle ne l’écrase pas du gros doigt grondeur et intrusif d’un patron big brother réclamant davantage de dévouement et d’abnégation au travail.
Ce spectacle muet, tous publics à partir de 8 ans, dure 35 minutes. Progressivement, les deux comédiennes apprennent à leur petit bonhomme à se tirer de cet univers absurde, générateur de stress et de burn-out.
Autre bouffée foraine avec un personnage déroutant, grand et voûté, traînant dans les rues son bleu de travail et une drôle de boîte à outils. Anatole est un réparateur de cœurs, cœurs saignés par deux ans de crise sanitaire, ou vidés par une passion amoureuse ou un amour impossible.
Anatole choisit au hasard son patient. Mercredi matin, il a réparé le cœur de Lucie. Une opération au grand air qui nécessite l’usage d’outils très coupants. On le voit extraire quelques douleurs silencieuses, puis panser la zone. Le passage d’une plume sur le visage finit cette délicate intervention de près de 5 minutes. "Ça va beaucoup mieux maintenant" , s’exclame Lucie.
«Viens, on se tire!», de la compagnie La Corneille Bleue, sera joué trois fois par jour, jeudi, vendredi et samedi, à 14h30, 16h30 et 19h30.
Anatole, c’est place d’Armes et c’est gratuit. Vendredi et samedi à 15h, 17h15 et 19h15.