Pierre Aucaigne: «Rochefort, ça ne s’explique pas, ça se vit… et ça se déguste»
Pierre Aucaigne montera sur scène au festival du rire de Rochefort ce mercredi soir. Avec un « coming out » déjanté. Rencontre avec un véritable ami du festival.
Publié le 17-05-2022 à 18h46 - Mis à jour le 17-05-2022 à 21h17
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Il est arrivé mardi à Rochefort, où il passe toute la semaine. Pierre Aucaigne est au festival du rire comme chez lui. Il y fait chaque année sa "cure" comme il dit. Le Français (et non le Belge comme beaucoup le pensent) est un grand habitué des lieux où il aime joindre "l’humour à l’agréable". Il y présentera ce mercredi soir son dernier spectacle en duo, après une longue traversée du désert.
Pierre Aucaigne, à quoi doit-on s’attendre ce soiravec votre «Coming out»?
On est en route depuis la mi-septembre avec ce spectacle qu’on a créé pendant le confinement avec Vincent Kohler (son partenaire sur scène) et avec lequel on a tourné essentiellement en Suisse (où il réside depuis 11 ans). C’est une première mondiale de le jouer en dehors des territoires helvétiques. Le spectacle rassemble deux copains unis pour faire de l’humour. Il se compose d’un enchaînement de saynètes avec un fil rouge: "on est mieux seul à deux que seul sans l’autre." On raconte pourquoi on se retrouve là ensemble.
C’est un peu tordu, non?
C’est un peu tordu oui, mais c’est à l’image du spectacle qui parle de la situation qu’on a connue à travers le confinement, mais de façon détournée. Les sketchs reviennent sur notre vie de comédien. On y retrouve des personnages qui viennent raconter leur histoire. On prend part notamment à une discussion entre deux personnes âgées qui ont des pertes de mémoire. Leur discours sur la maladie, le confinement, la peur du virus au fur et à mesure devient complètement absurde. D’autres personnages burlesques sont aussi présentés. Il y a des numéros plutôt clownesques, des passages très visuels. Notamment un numéro sur de la danse contemporaine...
Vous allez donc danser?
Je n’en dis pas davantage (rires). C’est un peu la surprise de la soirée. C’est parti d’une histoire qu’on a vécue. Un jour, on est allés voir un spectacle de danse moderne… et on n’a rien compris (rires). On s’est dit: il faut qu’on raconte ce qu’on a vu. Les gens bougeaient sur scène, faisaient des gestes mais on ne comprenait pas pourquoi ils bougeaient de cette façon. On a traduit ça à notre manière, en rendant un petit hommage en passant à Michel Audiard.
Tout est vrai dans le spectacle?
Non, tout n’est pas véridique (rires). On évoque des thèmes qu’on avait envie d’aborder. Il n’y a pas spécialement de message à faire passer non plus. C’est juste un moment de détente, après deux ans d’arrêt. On prend le contre-pied d’une série de choses qui se sont passées pendant le confinement… même si, sur le moment, on n’en a pas rigolé. Heureusement, à force, on arrive à en rire.
Justement, comment avez-vous vécu cette crise?
Ça a été une longue traversée du désert, sans bateau et sans rame. On a tous été marqués par les fermetures. Ça a été un arrêt brusque alors qu’on était en pleine tournée avec la pièce Oscar de ma compagnie de théâtre. On va repartir en tournée en France en fin d’année...
Pas simple de redémarrer après tant de temps…
Ce n’est pas évident. Il faut remettre les calendriers à jour, remotiver les comédiens, retrouver le rythme du jeu. Et surtout, il faut remotiver le public à sortir.
Cela peut sembler étonnant, vu les mouvements de soutien à la culture pendant le Covid…
Tout ça a un côté volatil et éphémère. Ce sont des choix qui se font. Et vu les conditions économiques… Malheureusement, il n’y a pas de recette miracle. Il faut donner envie aux gens de retourner s’asseoir dans un fauteuil de théâtre. Ce qui n’est pas simple après avoir été enfermés derrière des écrans d’ordis, des téléphones. Il faut recommencer à vivre. S’il n’y a pas de public, il n’y a plus rien qui existe. On y fait d’ailleurs allusion indirectement dans le spectacle. On dit qu’il faut du chauffage dans les salles, mais qu’il faut d’abord qu’on chauffe les gens.
Votre personnage de Momo ne montera pas sur scène cette année à Rochefort?
Pas cette fois, mais je reviendrai avec Momo. Je sais que la Belgique reste accrochée à ce personnage. On me demande d’ailleurs régulièrement de rejouer le sketch de la centrale nucléaire.
Vous ne vous lassez pas de le jouer?
Pas du tout. Les gens m’abordent très souvent par rapport à ce personnage-là, mais cela ne me dérange pas.
Quels sont vos projets pour la suite?
J’ai un projet de nouveau spectacle en solo et on repart donc en tournée avec Oscar en fin d’année, avec Virginie Lemoine. Par le passé, j’ai écrit le scénario de 7 albums de Cubitus. J’ai d’autres projets de BD en cours. Notamment un petit fascicule avec les pensées philosophiques de Momo. C’est déjà pas mal avancé. Il sera finalisé en fin d’année. Ce sera l’occasion de se revoir à Rochefort.
Vous êtes plein d’imagination…
Il faut. Il y a toujours plein de choses en création. Dans notre métier, on est "contraints" de réfléchir tout le temps.
Le festival, c’est un moment important dans l’année?
Je ne calcule plus les années. Ça fait très longtemps que je viens faire ma cure à Rochefort. Toute l’équipe est formidable. C’est merveilleux de voir tous ces bénévoles qui sont là depuis des années. C’est toute une logistique qui se met en route et qui est énorme. Cette semaine, je vais aussi faire un peu de présentation de soirées. En fait, j’ai occupé un peu tous les postes au festival… sauf le bar. Mais tout est possible ici. Rochefort, ça ne s’explique pas, ça se vit et ça se déguste.
Info et réservation: http://www.festival-du-rire.be/