Namur: pour ses 80ans, l’IATA invite 80 anciens étudiants devenus créateurs à exposer (vidéo)
Depuis 80 ans, l’IATA forme de nombreux élèves. Parmi eux, 80 anciens, devenus artistes professionnels, exposent leur travail aux anciens Abattoirs de Bomel (Centre culturel de Namur). Un échantillon de la vitalité artistique de l’école namuroise.
Publié le 13-04-2022 à 16h16 - Mis à jour le 14-04-2022 à 22h00
Le plus ancien élève à exposer s’appelle Bernard François. Il est aujourd’hui septuagénaire et a été formé à Maredsous puis à l’IATA avant de poursuivre ses études à Bruxelles. "En 1941, au début de la guerre, le chanoine Philippot a l’idée de créer une école professionnelle, future IATA. Il y avait deux options: cordonnerie et tailleur, qui n’existent plus. Dans les années 60, elle a fusionné avec l’école artisanale de Mardesous où il y avait l’orfèvrerie et l’ébénisterie. C’est vers 1976-77 que la section arts plastiques a été créée à l’IATA" , situe Gaby Comps, enseignante fraîchement pensionnée après 42 ans en arts plastiques à l’IATA, Des itinéraires comme ceux de Bernard François, il y en a 79 autres qui se racontent aux anciens Abattoirs de Bomel. Du 19 au 30 avril, une expo met en lumière les œuvres de 80 anciens élèves de l’Institut d’enseignement des arts, techniques, sciences et artisanats (IATA) dont l’art et la création sont devenus pour la plupart leur métier.
Plusieurs gardent un souvenir impérissable de leur passage, à l’image de Joseph Cassart, sorti il y a 5 ans. Il présente une œuvre à l’acrylique et à la gouache. "J’ai passé 4 ans en option arts plastiques. J’ai appris le dessin, le croquis, la 3D, la maquette et le design industriel, se souvient-il. Ça représente pour moi des années hyper enrichissantes. On a été directement au contact du milieu professionnel. On avait même remporté le premier prix d’un concours à Bilbao, une expérience de fou! Ça m’a permis de développer mon entreprise et mon imagination." S’il a fait de l’art culinaire son métier en ouvrant un restaurant, il développe toujours en parallèle sa passion pour la peinture. "C’est un exutoire. Je conçois mes dessins comme des sortes de flashs. Ça ressemble au style BD mais sur une toile", détaille-t-il. Romy Di Donato, elle, fabrique des panneaux à la fibre de chanvre qui jouent sur l’acoustique à l’intérieur d’une habitation. "J’étais entre 2000 et 2003 en arts plastiques. J’ai ensuite étudié le design industriel. Participer à cette expo confirme que je ne me suis pas dispersée dans mes choix et que je suis toujours active dans la création" , sourit-elle.
Options porteuses d’avenir
À l’origine de cette exposition, on retrouve trois enseignants qui ont constitué un groupe de promotion des arts à l’IATA. Celui-ci a plusieurs objectifs dont la promotion de l’art au sein même de l’école et l’organisation d’événements ouverts vers l’extérieur pour montrer la qualité du cursus artistique des élèves. "Si on avait organisé les 250 ou les 500 ans de l’école, on aurait trouvé 250 ou 500 artistes professionnels qui sont passés par l’IATA" , assure Rodolphe Brohée, professeur de langues passionné d’art, qui fait partie de ce groupe.
Pour refléter le panel d’options que l’IATApropose (plus de vingt), les artistes de l’exposition s’expriment au travers de divers supports et techniques. Bijouterie, photographie, audiovisuel, arts plastiques sous toutes leurs formes et arts de la parole sont représentés. "Beaucoup d’étudiants sortis de cette dernière option sont devenus comédiens ou réalisateurs, relève Rodolphe Brohée. On veut montrer que même s’il existe des études supérieures en arts, la formation artistique préalable en secondaire est capitale, il faut la préserver (voir ci-contre). C’est le message que l’on veut faire passer via le troisième volet, plus politique, de notre groupe de promotion des arts."
Des parcours atypiques
En nous faisant visiter l’expo, Gaby Comps ne tarit pas d’éloges sur ces anciens étudiants au parcours exceptionnel et parfois atypique. "Adrien Callewaert, par exemple, était un grand dyslexique. Le français, le néerlandais, c’était impossible pour lui! Il a doublé plusieurs fois puis il est allé en professionnel, confie-t-elle. Il a ensuite étudié à Saint-Luc à Tournai et maintenant, il crée des expositions immersives incroyables comme celles sur Van Gogh."
Autre ancien étudiant en arts plastiques, David Rutten expose une montre mécanique sculptée dans un bloc de météorite. Olivier Waterkeyn, lui, a étudié les arts à l’IATApuis à Saint-Luc à Bruxelles et est concepteur de décors de théâtre. "Il récupère des vieux bois peints et crée des installations éphémères dans la nature ou d’autres endroits. C’est très beau", commente Gaby. Elle continue avec les œuvres de Flora Hubot, qui présente un monotype, Pierre Jacob, qui a créé le premier fablab il y a 25 ans, ou encore Philippe Tasiaux, qui expose une camera obscura. Gaby termine en levant la tête vers un luminaire de Julien Colson. "Il est sorti du professionnel en “assistant métiers de la publicité”, a fait le graphisme à Saint-Luc à Liège et il crée maintenant des décors de Noël pour les centres commerciaux!" se réjouit-elle. Impossible de citer les artistes de manière exhaustive mais tous sont fiers d’être "made in" IATA. "Certains nous disent même qu’ils ne seraient pas ce qu’ils sont s’ils n’étaient pas passés par l’IATA" , sourit Christel Niedergang, professeur en qualification arts plastiques. D’autres événements marqueront les 80 ans de l’IATA comme la journée portes ouvertes le 26 mai, qui proposera de découvrir les différentes options, des festivités et un concert des enseignants.
Ouvert. du mardi au samedi de 10h à 18h, jeudi jusqu’à 21h, dimanche de 14h à 18h.Gratuit. Lieu: Traverse des muses, 18.