L’intelligence artificielle au service des malades en perte d’autonomie
Une jeune société namuroise a développé une interface gérée par l’intelligence artificielle qui permet aux malades en perte d’autonomie de gérer leur environnement immédiat. Une solution qui pourrait aussi soulager le personnel soignant.
Publié le 05-11-2020 à 10h04
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«Soline, relève le lit.» Dans cette chambre d’hôpital reconstituée pour les besoins de la démonstration, une voix un peu métallique répond à l’humain qui vient de l’interpeller: «D’accord, je relève le lit», dit-elle tandis que le dossier du lit médical se met en mouvement.
Soline, c’est le petit nom (mais chaque utilisateur peut en changer) donné par les concepteurs de cette interface gérée par l’intelligence artificielle.
Sébastien Annys et François Vander Linden, les co-fondateurs de la société namuroise Home Based ont développé cette plateforme de contrôle d’environnement qui permet à une personne en perte d’autonomie de gérer tout une série d’équipements en utilisant le mode d’interaction (ou plusieurs d’entre eux) qui est le plus adapté à sa situation.
Que ce soit pour piloter un fauteui roulant, un lit médicalisé, ouvrir une porte ou un volet, passer un appel téléphonique, surfer sur internet, demander la lecture d’un livre audio, gérer la télévision ou les éclairages de la pièce, Soline réagit tout aussi bien à la voix, au mouvement des yeux ou au toucher sur une tablette ou un bouton poussoir.
Le principe du concept Soline est de pouvoir s’adapter à tout le matériel, médical, de confort et de loisirs, qui se trouvent dans l’environnement du patient, résume Sébastien Annys.
La force de cette technologie d’aide médicale 2.0 est certainement son utilisation intuitive et l’interaction quasi «naturelle»: le système répond à son prénom, mais la demande peut être formulée dans un langage tout à fait courant. Qu’on lui dise «lève le lit» puis qu’on ajoute «encore une fois», Soline s’exécutera de manière adéquate. Comme on peut le voir dans cette vidéo.
Autre atout: le système est entièrement personnalisable aux besoins de l’utilisateur. Par un simple mouvement des yeux sur un écran de tablette, le patient peut ainsi exprimer des choses aussi complexes que, par exemple, «j’ai faim, je voudrais manger quelque chose de salé». Dans des situations extrèmes, comme certains cas de locked-in syndrome (syndrome d’enfermement), Soline est ainsi capable de redonner au patient un prise de contrôle sur certains éléments de son environnement immédiat.
La société Home Based, créée en 2016, a déjà installé son système au domicile des personnes handicapées (tétraplégiques notamment). La plateforme Soline entre d’ailleurs dans les conditions d’intervention financière de l’AViQ (Agence pour une vie de qualité), indique Sébastien Annys. La base du système est facturée à 4200€ hors TVA et le système complet avec les différents modes d’intéraction coûte 10000€.
En France, des institutions pour personnes handicapées ou en perte d’autonomie (des personnes amputées par exemple) se sont équipées du système. En Belgique, des maisons de repos de Wavre et Orval en sont équipées, tout comme le Centre d’Accueil de Bouge. Des négociations sont en cours avec des centres de revalidation et des hôpitaux.