Hepta: une nouvelle brasserie dans le Namurois
Hepta, cela veut dire «7» en grec ancien. C’est aussi le nom porte-bonheur qu’a donné un habitant de Strud (Gesves) à sa brasserie. Et le lieu bouillonne déjà d’idées.
Publié le 03-07-2017 à 18h55
Sans être esclave de son destin, Romuald Arnould attache une grande importance aux signes mais aussi aux chiffres de la vie. Et le sien, à coup sûr, c'est le 7. «Ce chiffre revient toujours dans ma vie», débute cet habitant de Strud, joli patelin aux paysages vallonnés, entre Gesves et Haltinne. «Je suis né un 17 janvier en 1979, dernière année des seventies. Ma bière ambrée fait 7,7% d'alcool et l'IPA, 4,9% (49, c'est quand même le carré de 7…). Et en aménageant la nouvelle pièce pour la salle de brassage, je me suis fait une fracture ouverte du petit doigt. J'étais déçu de voir que le médecin m'avait mis seulement six fils. Il m'a précisé qu'il y en avait un septième sous la peau.» Ouf… Voilà pour le côté gentiment monomaniaque de celui qui a donc fort logiquement baptisé sa nouvelle brasserie «Hepta». Ce qui veut dire «sept» en grec ancien.
Les liens qui le ramènent à la bière sont eux aussi bien solides. «Mon grand-père avait un café dans la région de Tubize. Et je pense que j'ai goûté ma première bière peu de temps après avoir appris à marcher. Certaines bières m'ont marqué par leur goût, comme la Ginder Ale ou la Palm.»

Pas étonnant de retrouver dans une de ses deux récentes créations, une ambrée aux saveurs légèrement caramélisées et aux notes d'épices chaudes comme celles du poivre noir ou de la noix de muscade. «Ça, c'est dû au choix des malts et des houblons», continue le Gesvois. On imagine sans peine l'effet du malt caramel. «Pour les touches épicées, c'est la combinaison entre les houblons perle et sterling. Ce dernier est particulièrement difficile à trouver. Je viens d'acheter l'un des derniers sacs de cinq kilos disponibles. Là, j'en ai pour six mois.»
Dans sa maison de la rue des Raspailles, Romuald Arnould est en train de terminer les gros travaux d'aménagement de la future brasserie. «J'ai déjà quatre cuves de fermentation de 625 litres chacune mais j'attends encore les cuves de brasserie. Le but est de sortir les premières bières de mes nouvelles installations à la mi-septembre. D'ici-là, je brasse avec mes propres recettes à Erquelinnes. L'investissement de départ est déjà important: on en est à une vingtaine de milliers d'euros pour les cuves. On a fait appel au crowdfunding avec l'espoir de récolter… 7 777€.»
Et comme l’objectif a été joliment atteint, «7» fois pour Hepta, c’est la bonne. Y’a des signes qui ne trompent pas.
Arnould, un nom qui évoque aussi le patron des brasseurs
Quand on vous parlait de prédestination... «Oui, en effet, Arnould, mon nom de famille, c'est aussi le saint patron des brasseurs», s'amuse Romuald. «Je vais essayer de trouver une statue du saint pour la placer à un bel endroit bien visible dans ma brasserie.»
Le futur, le néobrasseur gesvois l'imagine écologique et durable. «Dans nos matières premières comme pour les livraisons aux clients, j'aimerais que tout puisse rester dans un rayon de cent kilomètres», explique le Strudois. «À terme, je serais heureux de pouvoir travailler avec une houblonnière de la région.» Pour la levure, l'artisan compte à terme la cultiver lui-même, aussi pour des raisons économiques. L'eau, c'est celle du robinet. «Elle a une certaine dureté, on est dans une région très calcaire. Mais je corrige le pH avec des acides lactiques. Et je les trouve chez les éleveurs du coin qui récupèrent ces liquides en faisant leur lait et leur fromage.»
Isolation avec de la laine de mouton, panneaux de bois compressés écologiques, réservoirs à eau de pluie pour intégrer dans les systèmes de refroidissement, panneaux solaires pour chauffer les cuves... Romuald Arnould a son plan de bataille bien en tête. Sa brasserie, elle doit être faite pour durer et lui permettre d'aller au bout de nombreuses idées. «On prépare déjà du kéfir, une préparation à base de lait fermenté. En fait, j'ai envie de travailler tout ce qui fermente, tout ce qui vit...» Avant même l'arrivée des cuves de brassage, ça bouillonne déjà dans la rue des Raspailles.
Vite dit
Sur les hauteurs
La toute jeune brasserie Hepta prend forme au numéro 11 de la rue des Raspailles, à Strud (Gesves). Plus d'infos sur www.hepta.be ou au 0472/937.735 ou info@hepta.be.
En tandem
Hepta, c'est une belle aventure d'un couple. Chloé, la compagne de Romuald, est aussi graphiste et web designer. C'est donc elle qui a conçu le logo stylé et accrocheur ainsi que le pétillant site web. Histoire de brasser large.
Jolie rousse, belle blonde
Deux bières sont au point: la Hepta Amber Ale et la Hepta Session IPA. La première (7,7%) a des saveurs légèrement caramélisées et des notes d'épices chaudes. La seconde (4,9%) sera plutôt une bière de soif, bigrement rafraîchissante avec des arômes d'agrumes. On les trouvera bientôt sur place, dans plusieurs festivals et salons et les magasins de la région.
Un rendez-vous «capitale»
Pour déguster la Hepta, un premier rendez-vous important est déjà fixé. Le brasseur de Strud sera en effet présent au festival «Namur, capitale de la bière», de vendredi à dimanche, sur l'esplanade de la citadelle de Namur. Une petite quarantaine de brasseries seront représentées, pour une carte globale de quelque 150 bières. Concerts, animations, dégustations... Prix d'entrée à 1€. Faut pas se priver. Plus d'infos sur www.namurcapitaledelabiere.be