Charleville-Mézières fait gagner Macron dans les Ardennes
Dans les Ardennes, Macron l’emporte devant Le Pen avec 50,77% des voix. Une petite avance de 1826 voix due aux votes de Charleville-Mézières (63%).
Publié le 09-05-2017 à 06h00
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Avec 50,77% des voix, Emmanuel Macron passe tout juste devant Marine Le Pen au second tour dans le département des Ardennes, 4e département à avoir placé la candidate FN en tête au premier tour. À 20 h 50, alors que les résultats des villes Charleville-Mézières et Sedan n’étaient pas encore tombés, la candidate d’extrême droite était même devant avec 50,86% des suffrages.
C'est finalement les votes de Charleville-Mézières (63%) qui ont permis à Emmanuel Macron de prendre la tête du scrutin avec 1826 voix supplémentaires. Cette courte avance n'entamait pas la joie du référent départemental du mouvement En Marche!, désormais rebaptisé «La république en marche», Jean-Pierre Morali, qui s'attachait plus à la victoire nationale qu'à la problématique locale dimanche soir: «Ce soir nous savourons et demain nous rassemblons. Les 65%, c'est magnifique. C'est l'Europe en marche, remise dans le débat public en positif, c'est le renouvellement de la vie politique française, le dépassement des clivages gauche/droite.»
«Tout reste à faire»
Contacté par téléphone, Jean-Pierre Morali était en compagnie de plusieurs membres du mouvement pour fêter la victoire dans un lieu privé. En préfecture, de même que de très nombreux autres élus, le maire de Bogny-sur-Meuse Erik Pilardeau, soutien d'Emmanuel Macron depuis plusieurs mois, était moins triomphaliste. Il faut dire que sa commune a voté Le Pen à 57,9%. Difficile de ne voir qu'une «majorité confortable» dans les 65,9% recueillis au niveau national. «Tout reste à faire, souligne-t-il, l'esprit déjà tourné vers les législatives. Il faut répondre enfin aux problématiques portées par tous ces Français qui ont ce sentiment d'abandon et portent leurs voix sur les extrêmes gauche et droite… Il faut trouver une force de gouvernement qui apporte des réponses concrètes.»
Tous les élus et responsables politiques présents avaient d'ailleurs cette problématique en tête. Guillaume Luczka, élu municipal et régional FN, qui se présentera sur la 2e circonscription Charleville-Givet, n'a pas caché sa satisfaction à ce sujet. «On est loin des résultats nationaux, ce qui dénonce le déséquilibre entre la ville et les zones rurales… Il y aura sans doute des députés FN qui viennent des Ardennes, c'est mathématique», évalue-t-il.
Une nécessaire révolution
D'autant plus facilement si les candidats se multiplient sur les circonscriptions, révélant que le dépassement des clivages gauche-droite peut aussi signifier le risque de n'avoir «que le FN comme voix d'opposition», s'inquiète le président du département et sénateur Les Républicains, Benoit Huré. Pour éviter ce danger, il insiste sur la nécessité pour les partis politiques de gouvernement de «mener une révolution intellectuelle et de réintéresser les citoyens à la chose publique. Nous ne pouvons plus être dans une opposition systématique et devons penser à des votes de coalition. Mais Marine Le Pen ne peut pas non plus être la seule force d'opposition. C'est un vrai problème. Une situation inédite». Si désormais même les conservateurs prônent la révolution, la France est décidément bien sur la voie du changement.