Ligny : un succès qui annonce la défaite
À Ligny, deux jours avant la terrible confrontation de Mont-Saint-Jean, Napoléon a remporté ce qu’il est convenu d’appeler sa dernière victoire. Mais l’empereur a commis des erreurs.
Publié le 04-06-2015 à 06h00
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Quand on se promène dans Ligny, on imagine difficilement que le 16 juin 1815, le village a été le théâtre d’une fameuse boucherie. Tout a changé en deux siècles, le village a été pratiquement totalement reconstruit. Le champ de bataille n’est pas d’emblée lisible. Nous conseillons de commencer sa plongée dans cette bataille en poussant la porte du Musée 1815. Cartes et maquettes donnent une vision plus précise de la confrontation qui s’est jouée sur les berges de la Ligne.
Ce fameux 16 juin 1815, alerté par la présence de Napoléon à Charleroi, le Feld-Maréchal Blücher, en provenance de Namur, positionne ses troupes entre Sombreffe et Brye, au sud de la route pavée qui relie Nivelles à Namur.
L’endroit a été soigneusement choisi. Les maisons, les églises et leurs cimetières, les haies et les vergers sont autant d’endroits où les Prussiens peuvent se retrancher et encaisser le choc. Et le ruisseau de la Ligne constitue un obstacle naturel supplémentaire sur le chemin des assaillants français. La décision d’établir la ligne de front à cet endroit ne doit rien au hasard: elle a été prise par les alliés dès le 5 mai et les positions ont été soigneusement repérées. Wellington et l’armée anglo-néerlandaise sont en retrait, protégeant la route menant à Bruxelles.
20 000 soldats hors de combat
Les Prussiens sont plus nombreux, les Français plus aguerris. L’issue de la bataille s’annonce indécise. Elle sera terrible, avec des corps-à-corps épouvantables, les canons qui déciment les vagues d’assaut de part et d’autre. En un jour, 20 000 soldats sont mis hors de combat, morts ou blessés.
Tour à tour, Ligny est pris, puis perdu, puis repris avant que la garde impériale ne finisse par enfoncer le centre du front, en s’emparant définitivement du village de Ligny.
Ce 16 juin, Napoléon va pourtant contrevenir à deux de ses principes de guerre. D’abord, il décide de livrer bataille sur un site qu’il n’a pas choisi. Ensuite, à l’issue d’un combat âpre et meurtrier, il va séparer sa force de frappe, envoyant Grouchy sur les traces des Prussiens. Trop tard cependant: Blücher pourra rejoindre sa 4e armée et reconstituer ses forces. Et l’absence de Grouchy à Waterloo aura de lourdes conséquences, deux jours plus tard. En cela, la dernière victoire de Napoléon n’en est pas vraiment une.