« On est dans le mur »
Vous êtes chef d’équipe.... Votre sentiment sur le coup de théâtre syndicat de ce matin ?
- Publié le 13-02-2014 à 06h00
:fill(000000)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/5IILLNGC3JDBVBSK4DS62PFSKA.jpg)
C’est bien, ça les a mis dans l’embarras. De toute façon, c’est la fin, la direction suit son planning, avec des échéances et des rapatriements de lignes ailleurs, où la main-d’œuvre ne coûte quasi rien. C’est un pied de nez, un baroud d’honneur mais ça ne changera rien. C’est sûr que l’usine va fermer.
Comment vivez-vous ce chômage économique ?
Nous sommes en chômage depuis l’arrêt du four, il y a plus d’un an, une semaine sur deux. Arrêter le four fut un travail titanesque, la mort dans l’âme. On s’occupe, on nous fait travailler dans des domaines où l’on n’est pas spécialisé. Ça ne nous plaît pas mais on le fait.
Vous êtes pessimiste ?
Non réaliste, on ne reprendra jamais. Je travaille ici depuis 37 ans, je vois l’évolution et elle semble inéluctable : c’est fini. Quand je suis entré, nous étions 5000. Nous sommes 300 et l’on produisait toujours autant.
Vous avez donné beaucoup à cette entreprise ?
Oui, beaucoup. C’est un travail très dur, très physique, jour et nuit, à pauses, week-ends et jours fériés. Notre savoir-faire, nous sommes allés le donner à des Colombiens, leur apprendre comment, nous, on faisait avant du verre.
Vous aviez peur ce matin ?
J’ai 53 ans, ça fait longtemps que je n’ai plus peur. Révolté, oui, mais pas par rapport à la direction, davantage vis-à-vis du système global, des multinationales, dont on ne sait même plus qui est à leur tête, qui pratiquent l’esclavagisme dans des pays dépourvus de droits sociaux et de contraintes environnementales.
Qu’est-ce qui va se passer à votre avis ?
Je pense que la direction va presser les syndicats de retourner en négociation, nous presser aussi, par des propos catastrophés. Mais c’est déjà la catastrophe. Depuis que je suis allé en Colombie et que j’y ai vu des ouvriers payés 200 €/mois, je savais qu’on allait dans le mur. Depuis qu’on a arrêté le four G, en 2007, je pressentais qu’on allait se casser la gueule. Ce jour est arrivé . ¦ P.W.