L'abbé André Férard quitte Corroy-le-Château
Il a voulu vivre sa foi «au ras des pâquerettes », selon son expression. L’abbé André Férard quittera dimanche ses chers paroissiens.
- Publié le 24-08-2012 à 11h37
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Dans toutes les pièces du presbytère, ce ne sont que caisses en cartons, tas de livres empilés. Sur le mur de la salle à manger, on voit la trace du crucifix qui faisait face à la porte, juste au-dessus de la cheminée.
André Férard vit ses derniers jours dans la cure de Corroy-le-Château. Fin du mois d’août, il aura déménagé à Eghezée.
À bientôt 70 ans, il quitte sa charge paroissiale, après 34 années comme prêtre au service des paroisses de Corroy-le-Château, Tongrinne, Boignée puis Ligny. Il exercera aussi la fonction de doyen de Gembloux, de 2003 à 2008, tout en conservant la charge de ses paroisses.
Ordonné prêtre le 17juillet 1966, c’est pourtant à Floreffe que MgrCharue envoie exercer son ministère comme surveillant et professeur de religion, en remplacement de l’abbé René Belge, un colosse.
Le contraste physique est saisissant et, à l’époque où Dutronc chante sur toutes les ondes «mini, mini, mini», son surnom est tout trouvé: ce sera… mini.
Et à la rentrée, un élève lui glisse qu’il ne faudra pas deux ans pour qu’il parte. Il restera 12 ans au petit séminaire.
Pourtant, sa vocation n'est pas l'enseignement. «Je suis devenu prêtre parce que je cherchais la rencontre, le contact humain. Et c'est en paroisse que ces contacts sont les plus riches. Ces dernières années, j'ai baptisé les enfants de parents que j'avais déjà baptisés, puis mariés.»
Le mariage, c'est d'ailleurs le sacrement qu'il préfère. «J'avais reçu la mission de rencontrer tous les futurs mariés du doyenné de Gembloux pour préparer le dossier. C'est vraiment une mission que j'ai appréciée.»
Pour lui, être prêtre, c'est un peu être comme être assistant social. «Au Séminaire, on nous disait qu'il fallait toujours être disponible. C'est vrai qu'on partage les joies et les peines de nos paroissiens, mais il faut aussi savoir garder un minimum de distance. Maintenant, je connais aussi des prêtres qui branchent systématiquement leur répondeur alors qu'ils se trouvent dans leur fauteuil.»
«Mon départ me coûte cher, sur le plan humain», dit le prêtre. C'est le cœur serré qu'il dira au revoir à ses paroissiens. Son départ, André Férard le présente comme l'acte d'un homme libre, qui s'interroge sur l'évolution de l'Église. «Cela m'énerve quand les médias ne pointent que l'Église des casques à pointe, l'Église des mitrés. La véritable Église se vit au ras des pâquerettes.»
Le métier, pour autant qu'on puisse parler de métier a beaucoup évolué en 34 ans. Aujourd'hui, le prêtre court de paroisse en paroisse, de célébration en célébration. «On est beaucoup plus sollicité par des actes religieux du culte. On a beaucoup moins le temps de participer à la vie des gens. J'ai toujours la santé, mais ce constat a contribué à ma décision.»
Curé de Pommard…
André Férard quitte Gembloux pour Eghezée. «Il fallait cette coupure, sinon je sais que rien ne changerait, qu'on ferait appel à moi comme avant.»
Amateur de voyages et de bon bourgogne, André Férard avait été contacté par le maire de Pommard qui lui proposait d’occuper le presbytère de cette prestigieuse bourgade vinicole. La proposition était alléchante, mais André Férard s’est rendu compte qu’il devrait alors reprendre les charges qui y sont afférentes, à savoir la gestion de douze paroisses. Pas vraiment le genre de scénario qui convienne à un jeune retraité.
Dimanche, à l’issue de la célébration de la messe à 10h30, la communauté paroissiale de Corroy fêtera une dernière fois son pasteur. Avec ou sans pommard.