Une chasse au braqueur sur Facebook: légitime mais illégal
Le gérant du Night and Day de l’avenue Jean Materne à Jambes, et dont un employé a été victime d’un braquage, organise une opération de recherche via Facebook. Problème: c'est illégal.
Publié le 10-03-2012 à 07h00
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Un commerçant jambois, gérant du Night and Day de l’avenue Jean Materne à Jambes, et dont un employé a été victime d’un braquage, mardi, a décidé d’organiser lui-même une opération de recherche de son agresseur sur le net, via son compte Facebook.
L’homme est légitimement révolté: son employé n’a pas été blessé mais le braqueur est quand même impunément parti avec la caisse, sans crier gare. Cependant, son passage ayant été enregistré par une caméra de surveillance, le commerçant a pris l’initiative de balancer la photo de l’individu sur les réseaux sociaux, à tous ses amis. Avec la demande de la partager en masse avec les amis des amis, afin d’identifier le plus rapidement possible cette indélicate personne, que l’on voit distinctement, à visage découvert, juste encapuchonnée.
Le commerçant invite toute personne reconnaissant l’individu ou ayant des informations à communiquer à son propos le contactent directement.
Si cette méthode moderne se révélait efficace, elle n’en demeure pas moins illégale et sujette à dérive.
Du côté de parquet de Namur, on indique que l’exploitation et la diffusion à grande échelle d’une image captée par une caméra de sécurité doit absolument avoir reçu le feu vert de la Justice. Outrepasser cette autorisation, à dessein peut-être d’accélérer l’identification du voleur ou du braqueur, constitue une infraction punissable d’une amende comprise dans une fourchette de 250 à 1000 €.
Le commerçant, ayant agi de bonne fois, sans doute sous l’effet de la colère de s’être ainsi fait déposséder, ne devrait pas être inquiété. Contacté hier, il n’a souhaité faire aucun commentaire.
Cependant, il est ici rappelé que mener une enquête, lancer des recherches ou un appel à témoins, relèvent strictement des seules prérogatives de la police. C’est son job et personne ne peut se substituer à elle.
Du côté de la police de Namur, on ajoute que, au-delà de son caractère illégal, cette démarche personnelle comporte des risques d’erreurs d’appréciation.
Toute diffusion d’image d’un suspect doit donc impérativement être encadrée et validée, au risque de voir tout le monde reconnaître tantôt un voisin tantôt une connaissance et se livrer par la suite à des règlements de compte.
Cette diffusion d’image peut en effet susciter chez certains une envie personnelle de se rendre justice à soi-même, avec tous les excès que cela suppose. Ce qui n’est absolument pas tolérable dans un état de droit. Sans même compter que ces initiatives personnelles peuvent nuire aux professionnels de l’enquête lancés à la recherche d’éventuels complices, avec toute la discrétion qui s’impose.¦