Le déni de grossesse au cœur d’un procès d’assises en 2010
L’autopsie réalisée sur le corps du bébé retrouvé gelé vendredi à Arbre (Profondeville) n’a pas encore livré ses résultats mais le déni de grossesse est l’hypothèse privilégiée par les enquêteurs pour expliquer le décès.
Publié le 11-02-2012 à 15h58
Reconnu comme trouble psychologique, le déni de grossesse avait été, pour la première fois, au cœur d’un procès d’assises en mars 2010 en Belgique. Jessica Billy avait donné naissance à un enfant en janvier 2009 et après l’avoir étouffé, elle l’avait dissimulé dans un seau et rangé dans son garage. La jeune femme affirmait ignorer être enceinte.
Dans le cas d’un déni de grossesse, la femme est dans l’impossibilité physique et psychique de se reconnaître enceinte, avait affirmé l’expert psychiatre devant la cour d’assises du Hainaut, au procès de Jessica Billy, accusée d’infanticide.
Selon l’expert psychologue, L. Regini, le bébé, qui était, par le déni, ni fantasmé ni créé psychiquement, pouvait être assimilé à un déchet. « Aucune aménorrhée, pas de prise de poids ou très peu. Le bébé se fait discret et s’installe le long de la colonne vertébrale. La grossesse passe alors totalement inaperçue », avait expliqué le psychologue. « Une mère déniante, accompagnée lors de la naissance, peut néanmoins investir son enfant quand il est là et se révéler une excellente mère par la suite ».
C’était effectivement le cas de Jessica Billy, qui, pendant son incarcération à la prison de Mons, avait mis au monde un second bébé. Une fois encore, elle ignorait sa grossesse. Ni les parents, amis, experts, docteurs, agents pénitentiaires ou compagne de cellule ne s’étaient aperçus qu’elle était enceinte.
La jeune mère avait été acquittée à l’issue du procès. Le jury avait reconnu le déni de grossesse et estimé qu’elle avait agi sous la contrainte irrésistible. Le président de la cour d’assises lui avait présenté ses excuses: « A travers vous, j’adresse mes excuses à une autre femme, qui a comparu il y a 20 ans et qui, dans les mêmes conditions que vous, avait donné la vie à un enfant. Nous n’y connaissions rien et nous n’avions rien compris. Elle a été condamnée. Vous, vous sortez libre. J’ai confiance en vous ».