Éoliennes à Ernage : un vent contraire
Ce n'est plus le bel enthousiasme des débuts. L'éolien suscite de plus en plus de commentaires négatifs. Exemple à Ernage.
Publié le 25-11-2009 à 06h00
Ernage, son plateau hesbignon, ses cultures à perte de vue et... son projet éolien. Alternative Green veut poser entre Ernage et Walhain sept éoliennes et une cabine de tête. Une demande de permis unique a été introduite. L'enquête a déjà suscité 69 observations, une pétition circule. Hier, le dossier venait sur la table du conseil par le petit bout de la lorgnette : Alternative Green demandait l'élargissement des voiries pour faciliter le chantier. C'est non pour une transformation définitive, le conseil suggère à Alternative Green de solliciter des aménagements temporaires.
La demande a pourtant suscité un débat plus général sur l'éolien. Omer Witlox (Beffroi) met le feu aux poudres en rappelant qu'à proximité du site choisi, se trouve un site protohistorique. Des fouilles menées dans les années septante ont permis de découvrir de la poterie remontant à quatre siècles avant J.-C.
La ministre Laruelle prend la pale au bond : « quand la Région wallonne se décidera-t-elle à réaliser une cartographie ? » Gauthier de Sauvage (Bailli) s'interroge, lui aussi : l'efficacité relative de l'énergie éolienne et son impact sur l'écosystème local méritent-ils que l'on sacrifie le paysage des Ernageois ?
Défenseur de l'éolien et, plus généralement, des énergies alternatives, l'échevin Écolo Éric Van Poelvoorde tempère : sur le plan écologique, l'argument n'est guère pertinent. Sur ces terres de culture intensive, la biodiversité n'est guère présente. Par contre, le vent est lui bien présent.
Aux mains d'industriels
Pourtant, l'échevin de l'environnement ne peut cacher un certain agacement.
Ce qui le chipote, c'est la dimension économique de plus en plus présente dans les dossiers éoliens. L'éolien est devenu un produit juteux, manipulé par des investisseurs et des industriels. Quelles retombées pour la population et les communes concernées ? Parfois rien, comme c'est le cas pour le champ éolien de Gembloux-Sombreffe. Gembloux cherche toujours la signature d'une convention avec Air Energy. En vain...
« Je serais assez favorable à un moratoire, explique Éric Van Poelvoorde. On ne peut pas sacrifier nos plus beaux sites sur l'autel des profits industriels » . Son idée : favoriser l'émergence de projets citoyens.
Jeudi, le collège échevinal de Gembloux sera amené à rendre un avis. « Mais c'est la Région wallonne qui aura le dernier mot », insiste le bourgmestre Benoît Dispa. Dans l'avis à motiver, il ne sera pas question d'argent, ajoute l'échevin Jean Sine. Mais quand l'on sait que le promoteur pourrait offrir de 10 à 17 000 € par an et par mât, chiffre avancé par Éric Van Poelvoorde, comment croire que l'argument ne pèsera pas dans la balance ?