Namur pas gâtée par les fonds structurels européens
Si l'on met Sambreville de côté, la province de Namur n'a pas été gâtée par les fonds structurels européens.
- Publié le 20-05-2009 à 10h00
Qu elques affiches, une carte des 27 pays membres, une étagère garnie de publications : nous sommes dans les bureaux de l'intercommunale namuroise BEP, au département des Programmes européens. C'est là qu'est hébergé le Relais Europe direct, l'un des seuls points de contact du citoyen namurois vers l'Europe.
La vitrine reste modeste, à l'image d'une Europe dont les contours restent flous dans l'esprit des Namurois.
« Pourtant, l'Europe offre des opportunités d'ouverture et d'échanges vers d'autres États membres. Sans parler des initiatives directement soutenues par la Commission, argumente Laurence Gourgue, la directrice du département Programmes européens. À Namur, le BEP partage son expérience avec d'autres régions au travers de réseaux européens » . Ainsi, une réflexion a été amorcée sur le développement durable dans les parcs économiques. Au travers du projet Regain, financé par le Fonds Interreg IV, le BEP noue des contacts avec des partenaires européens, au Pays de Galles, en France, en Italie... Cet échange doit débouche sur la construction d'un bâtiment industriel passif, au parc Créalys (Gembloux), dont le financement sera assuré à 75 % par l'Europe. L'échange permet aussi d'affiner le concept de parc à thème Écolis, qui sera mis en pratique sur l'extension de Rhisnes.
À Namur son dû ?
L'Europe, c'est aussi une histoire de gros sous. Chaque sous-région essaie d'attirer à elle la manne des fonds structurels européens. Et sur ce plan, les grandes idées européennes se trouvent vite réduites à des enjeux locaux, la Région wallonne ayant finalement le dernier mot dans l'attribution des fonds.
Or, l'exécutif de la Région wallonne ne compte plus aucun ministre namurois depuis l'éphémère passage de Jean-Marie Severin comme ministre des Affaires intérieures. La province de Namur a-t-elle pu faire valablement ses droits ?
Jean-Charles Luperto (PS) le pense, au regard des fonds dont sa commune Sambreville a pu bénéficier dans le cadre du projet Urban. Et il n'y voit pas le fruit d'un lobbying socialiste. « La Basse-Sambre a été concernée par les subsides, moins du fait de l'appartenance politique d'un bourgmestre que d'une situation socio-économique particulière qui justifie l'attention de l'Europe. » L'argument fait sourire Willy Borsus (MR) : « Il ne faut vraiment pas connaître la Région wallonne pour affirmer qu'il n'y a pas ce type de lobby. Il y a une stratégie du PS de placer des pions. Rien que sur l'axe du développement territorial, les Namurois avaient déposé pour 74 millions d'euros de projets. La Région wallonne en a retenu 4,24 millions, soit 2,5 % de l'enveloppe demandée. La seule commune d'Herstal a décroché 19 millions, soit plus que Namur, le Luxembourg et le Brabant wallon réunis. C'est le coeur du mal wallon. » Maxime Prévôt (cdH) enfonce le clou : « les fonds européens sont un échec collectif interpellant. Un acteur reconnu comme opérateur de qualité, le BEP, a été une cheville ouvrière dans la constitution de ces dossiers. J'ai peine à croire que cet organe cité en exemple soit tout à coup devenu mauvais dans son travail. Il n'y a pas eu nécessairement 100 % de transparence et de justice dans la manière dont les subsides ont été saupoudrés ».
Ciney a bénéficié de fonds pour la rénovation de son noyau urbain. Pourtant, Patrick Dupriez (Écolo) est, lui aussi, circonspect : « nous n'avons récolté que des miettes, un peu par rattrapage et parce que la province avait été tellement oubliée, que c'était tellement énorme, qu'il fallait rectifier le tir. Il était aisé de soutenir des petits projets comme le nôtre - 3 millions euros. La prédominance de régions comme le Hainaut et Liège et de zones à forte présence socialiste me paraît évidente ».