On ne s'improvise pas aquarelliste
Les aquarelles reviennent en force en leur capitale européenne, à l'arsenal de Namur. Près de 500 oeuvres. La crème des crèmes, à admirer jusqu'au 17 mai.
Publié le 24-04-2009 à 10h00
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No us rejoignons le nouveau président de ce Salon à l'arsenal, dans cette massive architecture signée Vauban, du temps de Louis XIV. Là où un demi-millier d'aquarelles élit chaque année domicile.
Le vernissage aura lieu ce vendredi 24 avril. Une équipe du service Tourisme de la Ville a mis la dernière main aux cimaises.
Ce nouveau président, c'est José Mespouille, une figure namuroise connue, ancien critique d'art à Vers l'Avenir qui, à peine retraité du journalisme, fit connaître loin l'abbaye de Brogne de Saint-Gérard par le biais d'expositions thématiques de haute tenue.
L'ancien président, Fernand Paul, séduit par son investissement « abbatial », l'avait déjà appelé à lui succéder, après l'édition 2009. Le destin en a décidé autrement puisque le chaleureux monsieur Paul, qui parlait de l'aquarelle d'un verbe si attachant, s'est éteint en janvier.
Le catalogue lui rend d'ailleurs un bel hommage, où on voit le fondateur du salon « aquarellisé ».
Un président propulsé
« À 75 ans, commente José Mespouille, je me suis donc trouvé propulsé à la tête de ce salon sans en avoir l'expérience ». Fernand Paul a pourtant eu du flair : comme on se régalait d'écouter José guider les expos brognoises, on déguste ses propos sur l'aquarelle, cet art populaire trop longtemps assimilé à un art mineur.
La biennale du salon de l'aquarelle de Namur (unique en Belgique dans sa façon de le présenter), en est à sa 11e édition. Une longévité aiguisée par la sélection rigoureuse des oeuvres exposées. Ainsi, le jury consacre cinq jours à ne retenir que 112 artistes parmi les 350 se pressant à ses portes. Ils viennent de Belgique bien sûr mais de plus en plus de l'étranger, de toute l'Europe, de France bien sûr et, pour les plus lointains, de Chine et d'Inde. « Il doit s'agir d'oeuvres originales, inédites, créées spécialement pour ce salon international de Namur, qui n'ont donc jamais été vues ailleurs » précise M. Mespouille.
Au terme d'un tel concours d'entrée, il ne reste donc que la crème. De biennale en biennale, les artistes vont et viennent. Il en est un de phénoménal, Stéphane Heurion, qui n'a jamais été refusé. Depuis le début de l'aventure, il éclaire Namur de ses couleurs. Par contre, un tout tout grand de l'aquarelle, Roland Palmaerts, s'est vu refusé pour cette édition.
Comment définir une aquarelle parfaite ? « Plusieurs éléments entrent en compte explique le président, l'originalité bien sûr, la mise en page, le choix des couleurs, de la ligne (soit abstraite soit figurative). Il faut que l'aquarelle soit construite et inédite, pas la pâle copie d'un autre. La technique doit être là, on ne s'improvise pas aquarelliste » fait encore remarquer José Mespouille.
Un art populaire
Ce dernier affirme que l'aquarelle est vieille comme le monde. « Les premiers hommes, qui ont mélangé leur salive à du noir de fumée ou à de la poudre d'ocre, et qui ont étalé ce mélange sur une paroi rocheuse, faisaient de l'aquarelle » raconte-t-il. Ajoutant que même Rubens et Van Gogh ont trempé leurs pinceaux dans ces pigments minéraux mélangés à de l'eau. Avec l'aquarelle, ils esquissaient leur tableau à l'huile. « L'aquarelle est un art spontané qui ne permet aucun remords. Quand la couleur est posée, elle se fixe, cela crée des efflorescences. L'aquarelle dégage une fraîcheur dont les tableaux à l'huile sont dépourvus » .
Et malgré cela, regrette-t-il, « il n'y a que la Ville qui nous soutient et nous l'en remercions. La commission picturale de la Communauté française nous ignore, elle ne vient même pas voir, préférant investir pour des artistes inconnus, ne jurant que pour des barbouillages abstraits au succès confidentiel » conclut-il, cinglant.
Oui, l'aquarelle se vend bien. Les trois quarts des oeuvres trouveront acquéreurs, les plus belles dès samedi matin.
P.W.
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Jusqu’au 17 mai
Le salon de l'aquarelle de Belgique sera accessible du 25 avril au 17 mai 2009, à l'arsenal de Namur, rue Bruno, 11.
Il sera ouvert tous les jours, de 10 à 18 h. Entrée adultes : 6 e. Groupes : 5 e. Enfants en dessous de 12 ans : gratuit.
Un fin catalogue, vendu 0,50 centimes, permettra de suivre facilement l'implantation des centaines d'œuvres exposées. Reproduisant également la liste alphabétique des noms des artistes, l'identification de leurs œuvres, leur pays de résidence et le prix de leurs œuvres. Toutes les aquarelles exposées seront en vente.
Comme chaque année, le salon de l'aquarelle a son invité d'honneur, un artiste renommé. C'est l'artiste namurois Georges Cosse qui a été choisi, né à Hingeon en 1923 et décédé en 1999. Il a rendu, avec vigueur, les paysages namurois, les Ardennes mais aussi la Provence et autres coins de France.
Un magnifique livre d'art, 7e édition, vendu au prix de 39 e, reprend la meilleure œuvre de chaque artiste sélectionné. Il s'agit d'aquarelle pure.
On peut y lire, en préface, le dernier article de Fernand Paul à propos de son cher salon. Contact : 081 / 22.77.02.
Des dédicaces de livres sont prévues : le vendredi 1er mai, le livre de Roland Palmaerts, de 13 à 18 h. Le samedi 9 mai, le livre de Geneviève Boelle, de 14 à 18 h.
Le prix du public. Le public est invité à voter pour ses trois œuvres préférées, sur un petit bulletin remis à l'entrée. l'œuvre qui aura recueilli le plus de suffrages recevra le « Prix du public » lors de la proclamation des prix, le dimanche 17 mai.
Des démonstrations, ouvertes à tous, adultes et enfants, sont organisées par les artistes suivant un calendrier précis. Informations à l'adresse suivante : www.salon-aquarelle.be
Le salon de l'aquarelle, du 25 avril au 17 mai. rens. 081/22 77 02 ou au 081/74 39 38.