Boucle du Hainaut : Les bourgmestres de la Région du Centre réagissent à la décision du ministre Borsus
Les avis sont assez unanimes.
Publié le 03-02-2023 à 18h35
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La décision du ministre Borsus fait jaser depuis ce jeudi soir. Il vient en effet d’annoncer qu’il acceptait de passer à la deuxième étape de la demande d’ELIA de modifier le plan de secteur pour créer une nouvelle ligne à très haute tension de 380 000 Volts à travers le territoire de 12 communes du Hainaut. Dans la région du Centre, fortement impactée par le projet, les réactions font rage.
Quatre villes et communes sont principalement concernées dans le dossier de Boucle du Hainaut dans la région du Centre. Il s’agit de Braine-le-Comte, Soignies, Seneffe et Ecaussinnes. Les bourgmestres impactés nous ont confié leur réaction en lendemain de décision.
“Je ne peux pas dire que je suis surpris de la décision du ministre Borsus”, confie Xavier Dupont, bourgmestre d’Ecaussinnes. “Son homologue flamande, la ministre Demir, avait pris une décision similaire il y a quelques jours concernant le dossier Ventilus, nous pouvions donc anticiper celle du ministre Borsus. ”
Après ces premières constatations, le bourgmestre s’est montré assez déçu de cette décision. “Je suis déçu de cette décision qui ne prend en aucun cas en compte l’avis des 22 000 citoyens opposés au projet et du comité Revolht. Des alternatives avaient pourtant été proposées par ce dernier. Force est de constater qu’il suit finalement les plans d’Elia sans prendre en compte les différents éléments pointés du doigt par Revolht”, poursuit Xavier Dupont.
Le maïeur craint également que cette décision ne monte les communes contre les autres. “Dans le communiqué du gouvernement wallon, le ministre parle d’alternance entre lignes à haute tension aériennes et enfuies. J’espère qu’il ne tente pas d’opposer les différentes communes, toutes désireuses de voir cette ligne continue être enfuie dans le sol. J’espère également que la Boucle du Hainaut servira pour fournir la Wallonie en énergie renouvelable et non pas les pays voisins. Nous devrons bien évidemment encore discuter entre nous pour connaître la suite des événements. Notre vision des choses n’a en tout cas pas changé. ”
Du côté de Seneffe, la bourgmestre aurait préféré que la décision ne tombe pas. “Je ne m’attendais pas à voir la décision tomber maintenant”, indique-t-elle. “De notre côté, nous allons continuer de faire en sorte que le tracé soit modifié à Seneffe car il n’y est pas opportun. Avant l’étude d’incidence, de nombreuses questions devront également recevoir une réponse. Par exemple, le ministre doit encore s’expliquer sur l’étude globale qui ne semble pas encore avoir été faite. Il faut également voir pourquoi cette région a été choisie et pas une autre ? Nous avions déjà réalisé un travail de fond à l’époque pour poser les questions les plus intelligentes possible au ministre. Il faut continuer dans cette optique-là et ne pas lâcher tant que nous n’obtiendrons pas toutes nos réponses. ”
À Soignies, la décision du Gouvernement wallon a du mal à passer. Le collège communal reste opposé au projet tel que déposé par Elia. “Le Collège communal et moi-même déplorons que les avis rendus par les communes – dont la Ville de Soignies – ainsi que par les citoyens, n’aient aucunement été pris en compte”, déclare Fabienne Winckel, bourgmestre de Soignies. “De plus, nous déplorons le fait que le Gouvernement reste trop flou sur le (les) tracé(s) analysé(s).”
Le collège communal crie à nouveau haut et fort qu’il souhaite qu’aucun risque ne soit pris pour l’environnement et pour la santé des Sonégiens. En ce sens, il maintient sa position et demande que les études sur les incidences environnementales à venir étudient prioritairement la possibilité de l’enfouissement sur la totalité du tracé (en Flandre et en Wallonie).
“Au-delà de nos craintes pour la santé et l’environnement, nous constatons d’ores et déjà que les biens situés à proximité du périmètre de réservation provisoire connaissent une dévaluation immobilière”, explique la bourgmestre. “Vu la longue période nécessaire à la réalisation des études d’incidences, nous demandons au Gouvernement wallon de se pencher immédiatement sur cette problématique. ”
Dans les communes touchées par le projet mais nettement moins impactées, les avis divergent davantage. Alors que du côté de Chapelle-lez-Herlaimont le dossier n’est que très peu suivi car pratiquement pas impactant pour la commune. Les communes du Roeulx, d’Estinnes et de Manage se montrent, quant à elles, avant tout solidaires de leurs voisines. “Notre commune ne lâche jamais celles dans le besoin. Il est important d’être solidaire”, commente Aurore Tourneur, bourgmestre d’Estinnes.
“Nous allons analyser les différents impacts que le projet de Boucle du Hainaut pourrait avoir sur notre commune. Pour l’instant, l’inquiétude est évidemment de mise. Nous soutiendrons évidemment les actions des bourgmestres concernés”, ajoute Bruno Pozzoni, bourgmestre de Manage.
Du côté du Roeulx, le bourgmestre, Benoît Friart révèle “qu’il faut assumer les décisions qui ont été prises par le passé. Si la population veut avoir accès à de l’énergie renouvelable, il est impératif de mettre en place un réseau qui pourra l’amener jusqu’aux différents ménages. Il faut toutefois le faire par une ligne enfuie afin d’éviter toute une série de désagréments, notamment visuels pour les citoyens du Roeulx. ”
Un peu plus loin, à La Louvière, les avis divergent davantage. “La Louvière n’est pas directement impactée par le projet de Boucle du Hainaut. En tant que président de l’intercommunale IDEA, je regarde cependant le besoin des entreprises des différents zonings en énergie renouvelable. Ces besoins sont bel et bien là. Il est donc difficile pour le ministre de prendre une décision dans ce dossier”, conclut Jacques Gobert.